Le coup des athlètes tchèques à Moscou
Lors de la quatorzième édition des championnats du monde organisés la semaine dernière à Moscou, les athlètes tchèques ont brillé en ramenant trois médailles au total, dont deux en or. En compagnie de l’Ukraine, la République tchèque finit à la huitième place au classement des médailles. Zuzana Hejnová et Vítězslav Veselý ont marqué les esprits et confirmé les pronostics en devenant respectivement les sixième et septième athlètes tchèques de l’histoire sacrés champions du monde.
« Tero était merveilleusement préparé. On dit souvent : « la gloire au vainqueur, l’honneur au perdant » mais je dois lui tirer mon chapeau. Il a cherché la victoire, il n’a pas réussi et je peux m’en réjouir, mais il a réalisé une grande compétition. »
Une drôle de compétition pour l’entraîneur de Veselý, le mythique Jan Železný triple champion du monde et triple champion olympique, et toujours détenteur du record du monde du javelot. Il s’est ainsi rappelé avoir perdu le titre olympique à Séoul en 1988 pour seize petits centimètres, face à un Finlandais justement, Tapio Korjus. Satisfait de ce scénario différent, Železný se tourne déjà vers l’avenir :
« Je suis extrêment fier de lui et j’espère qu’il pourra répéter sa performance, tout particulièrement aux Jeux Olympiques. »Avant de terminer sa saison et de soigner sa blessure au genou, Veselý compte encore lancer loin, haut et fort lors des meetings de la Ligue de Diamant.
Sur les vingt-huit athlètes tchèques engagés dans la compétition mondiale, neuf ont participé aux finales, un record dû à de nombreuses révélations ou bien à la confirmation du potentiel d’athlètes prometteurs, comme l’illustre la cinquième place du jeune Pavel Maslák sur le 400 mètres. Mais la grande surprise est venue d’un autre lanceur, de marteau cette fois-ci.
Lukáš Melich est ainsi devenu le premier lanceur de marteau tchèque à remporter une médaille lors de championnats du monde en s’adjugeant la trosième place du concours. Après deux premiers essais très moyens, il s’est réveillé lors du troisième avec un lancer à 79,36 mètres. En dix-neuf ans de carrière, il s’agit de sa première médaille dans une compétition majeure. L’autre grande star tchèque lors de ces championnats du monde a été sans conteste la coureuse de 400 mètres haies Zuzana Hejnová. Forte de sa progression fulgurante, victorieuse lors des onze courses auxquelles elle a participé cette saison, elle a montré une nouvelle fois sa suprématie sur le tour de piste parsemé de haies. Avec un temps de 52,83 secondes, l’athlète originaire de Liberec a amélioré son propre record, qui est aussi le record national, de 24 centièmes. Elle a surtout devancé d’une seconde et 26 centièmes sa dauphine, l’Américaine Dalilah Muhammad, lors de la douzième course la plus rapide de l’histoire. Un écart impressionant sur la ligne d’arrivée, que même Hejnová trouve étonnant :« Je ne peux pas y croire. J’ai eu l’impression que les filles ne couraient pas vraiment. J’ai pris la tête dès la huitième haie, ce à quoi je ne m’attendais pas du tout. Je pensais que je me brûlais et que j’allais être rattrapée dans le dernier cent mètres. Mais ce n’est pas arrivé et je suis très surprise. »
Médaillée de bronze aux JO de Londres l’an passé, Zuzana Hejnová n’avait jusqu’alors connu pour meilleur classement lors d’un championnat du monde qu’une septième place à Daegu en 2011. Après avoir franchi la mythique barre des 53 secondes, certains spécialistes s’accordent à dire qu’elle peut viser le record du monde de la discipline, actuelle propriété de la russe Yuliya Pechenkina en 52,34. Consciente des progrés réalisés ces derniers mois, la coureuse tchèque garde toutefois les pieds sur terre :« La différence principale tient au fait que je suis maintenant en très bonne forme physique et mentale. Avec un nouvel entraîneur et un nouveau groupe, j’ai aussi acquis une nouvelle motivation. Maintenant, tout va pour le mieux, je leur suis très reconnaissante. »
Après avoir dominé la course de bout en bout, Hejnová est d’ailleurs surprise de sa popularité grandissante auprès du public. Les Tchèques en ont fait leur nouvelle coqueluche, mais le monde de l’athlétisme dans son ensemble porte un intérêt de plus en plus certain à la jeune athlète de 26 ans :
« C’était génial. Je ne pensais pas voir autant de Tchèques. C’était vraiment beau de voir de si nombreux drapeaux de mon pays. J’ai eu l’impression que la moitié du stade était là pour m’applaudir, et que même les Russes me supportaient et m’appréciaient. »Gageons que les drapeaux tchèques se feront de plus en plus nombreux pour accompagner les performances de cette nouvelle génération dorée de l’athlétisme tchèque.