Quelques souvenirs de Václav Havel
Une année après la disparition de Václav Havel, le souvenir de l’ancien président est toujours bien vivant et il est évident que le père de la Révolution de velours manque beaucoup aussi bien sur la scène politique que dans la vie de tous les jours des Tchèques. Les nombreuses manifestations organisées à l’occasion du premier anniversaire de ce départ, ne peuvent pas cacher que la République tchèque reste toujours bien loin de cette société civique et humaniste que l’ancien président voulait créer.
« Pendant 40 ans vous avez entendu de la bouche de mes prédécesseurs dans cette fonction la même chose présentée chaque fois d’une façon un peu modifiée. Je suppose que vous ne m’avez pas confié cette fonction pour que je vous mente, moi aussi. Notre pays ne s’épanouit pas. »
Parmi les témoignages sur Václav Havel cités ces derniers jours par les médias, il y a aussi celui de l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright qui a connu le président tchèque en 1990. Elle n’est pas prête d’oublier l’ancien dissident devenu son partenaire dans les négociations politiques et aussi son ami :« Je me rendais compte de tout ce qu’il avait fait, je connaissais ses écrits, je voyais l’influence qu’il exerçait quand les gens criaient sur la place Venceslas ‘Havel au Château ! Havel à la présidence de la République’. Et puis quand j’étais assise près de lui et nous travaillions ensemble, je me rendais compte que j’étais en présence d’un homme qui pour moi et pour beaucoup de gens était la figure la plus importante du XXe siècle. »
Beaucoup d’amis que Václav Havel avait dans les milieux artistiques se sont engagés en politique après la révolution de velours de 1989. Parmi ces artistes devenus hommes politiques, il y avait aussi le musicien Michael Kocáb. Ce musicien et chanteur populaire est devenu membre de l’Assemblée fédérale tchécoslovaque et a joué un rôle important lors des négociations sur le départ de l’armée soviétique de Tchécoslovaquie. C’est ainsi que Michael Kocáb a évoqué Václav Havel dans un entretien à la radio :« La nouvelle de la mort de Václav Havel m’a douloureusement touché parce que je le considérais comme un de mes meilleurs amis. C’était un homme extrêmement gentil mais aussi gai. Etre en sa présence était un plaisir comme si vous vous étiez exposé pendant quelques instants au soleil. »
Václav Havel était un grand Tchèque mais aussi un grand Européen. A la veille du premier anniversaire de son départ, le Parlement européen lui a rendu hommage en faisant installer sur la façade de son siège à Bruxelles un immense cœur rouge en néon. Le cœur a été le symbole préféré de l’ancien président. Il ajoutait un petit cœur souvent à sa signature et vers la fin de son mandat il a fait installer un grand cœur en néon rouge sur le toit du Château de Prague. Ce cœur symbolisait aussi la devise de Václav Havel dans laquelle il renouait avec la pensée du premier président tchécoslovaque Tomáš Garrigue Masaryk et la développait à sa façon : « La vérité et l’amour doivent triompher du mensonge et de la haine. »