Le Grand Jeudi du Livre
Le 11 octobre dernier a été organisé en République tchèque pour la deuxième fois « le Grand Jeudi du Livre ». Dans le cadre de cette manifestation, plusieurs éditeurs tchèques ont lancé sur le marché douze nouveautés qui représentent le meilleur de la production littéraire qui paraîtra en République tchèque cet automne. Neuf des douze livres de cette série de titres majeurs de la rentrée littéraire ont également été publiés sous forme numérique.
Neuf des douze livres de la série ont paru simultanément sous forme numérique et les lecteurs peuvent les lire sur l’écran de leur liseuse. Cela reflète l’entrée massive du livre électronique sur le marché tchèque. Jiří Vlček constate :
« Par rapport à l’année dernière, le nombre de livres numériques a augmenté douze fois et, que je sache, dans certains domaines et en ce qui concerne certains titres, les ventes de livres électroniques sont comparables à celles de livres imprimés. Je dirais que ce marché se développe très bien. (…) Je ne pense pas que ce soit apprécié uniquement par les jeunes parce que c’est aussi très avantageux pour les gens âgés qui peuvent facilement agrandir les caractères pour lire plus facilement. Il s’avère donc que même les retraités, les gens dont la vue est affaiblie par l’âge, achètent les livres électroniques et en sont contents. »Selon Jiří Vlček donc, l’avant-garde des jeunes qui ont commencé il y a quelques temps à lire les livres électroniques, n’a plus le monopole de ce genre de lecture. L’éditeur de livres en ligne Josef Žák espère même que ce nouveau média et cette nouvelle façon de lire attirera de nouveaux lecteurs :
« Je crois que les livres numériques ne sont pas lus seulement par ceux qui ne lisaient jusqu’à présent que les livres imprimés. Je pense qu’il s’agit par exemple des gens qui ne lisent pas les livres classiques pour diverses raisons. Parfois ils n’ont pas le temps d’aller en librairie ou ils manquent de place pour stocker les livres classiques chez eux, etc. Je connais dans mon entourage plusieurs personnes, surtout des hommes, qui ont recommencé à lire grâce à la liseuse. »
Le livre numérique pourrait donc modifier, selon Josef Žák, même le rapport des gens vis-à-vis de la lecture en général. A son avis, ce nouveau média apporte la possibilité du développement de nouvelles formes et de nouveaux genres littéraires. Il rappelle dans ce contexte qu’à l’étranger ont déjà été créées spécialement pour le livre électronique des séries littéraires à succès et constate que ces séries de courts épisodes qui paraissent par intervalles, sont plus acceptables, plus digestes pour les jeunes qui en général n’aiment pas lire de longs textes.Toujours est-il que, malgré son succès commercial incontestable, le livre électronique n’est pas perçu et reçu favorablement par tous les lecteurs et tous les auteurs. Il y en a et il y en aura sans doute toujours qui préféreront pour diverses raisons le livre classique à la liseuse. Il y a et il y aura même des genres littéraires et graphiques dont la beauté ressortira mieux dans un livre imprimé. C’est aussi un des arguments de ceux qui refusent d’accepter cette nouvelle façon de lire. Jiří Vlček rappelle que le livre numérique ne fait pas l’unanimité même parmi les écrivains :
« Ces auteurs existent évidemment. Il me vient à l’idée par exemple le cas de Milan Kundera qui est un des grands adversaires de la publication de livres sous forme électronique. C’est le droit de ces auteurs. Chaque auteur crée une œuvre complexe qui a entre autres aussi une forme graphique, une forme physique. L’auteur a le droit de faire le choix. »