Le Grand jeudi littéraire met en valeur les toutes dernières parutions

Lenka Horňáková-Civade, photo: Magdalena Hrozínková

Il y a un an de cela, nous avions accueilli dans nos studios l’écrivaine Lenka Horňáková-Civade, à l’occasion de la sortie de son second roman Une verrière sous le ciel. D’origine tchèque, mais installée en France depuis les années 1990, Lenka Horňáková-Civade écrit en français. Le 14 mars, à l’occasion du Grand jeudi littéraire, sort en République tchèque ce roman, qu’elle a elle-même traduit dans sa langue maternelle. Radio Prague est revenue avec elle sur le titre tchèque Grófka, du nom de l’une des héroïnes du roman :

Lenka Horňáková-Civade,  photo: Magdalena Hrozínková
« Je crois que j’aurais aimé que le titre soit aussi Grófka en français. Sauf que ce nom était tellement mystérieux et ne se suffisait donc pas à lui-même. Par contre, en tchèque, ça rappelle la Tchécoslovaquie, j’aime beaucoup cette sonorité d'un peu d’ailleurs et que pourtant, tout le monde connaît ici. »

Rappelez-nous ce que veut dire Grófka …

« Grófka, ce n’est pas un nom, c’est un statut. Cela veut dire comtesse en slovaque, ce qui donne un charme particulier, qui disparaît en français. En français, ce n’est qu’un prénom qui n’évoque rien. Par contre Une verrière sous le ciel fait appel à d’autres aspects de ce roman. Ce titre est totalement justifié et j’en suis ravie. Mais c’est vrai que le titre tchèque est peut-être plus percutant et il ouvre des espaces imaginaires et peut éveiller la curiosité des lecteurs. »

Vous avez traduit votre roman vous-même, comme vous l’aviez fait pour votre premier roman, déjà écrit en français à l’origine. C’est toujours une question compliquée : comment se traduit-on soi-même ?

Photo: Argo
« C’est compliqué parce qu’on se rencontre au moment de la traduction. On découvre quel auteur on est dans telle langue et quel possible auteur on va être dans l’autre langue. J’ai réalisé, de manière peut-être plus claire que lors de la première traduction, que le plus difficile est de faire le deuil de son texte d’origine. On a une envie de dire de la même manière la même chose, la même beauté. On a très envie de transmettre tout cela dans l’autre langue. Mais il faut faire le deuil de cette forme-là et aller vers l’autre langue. Le lecteur tchèque s’en fiche complètement si c’est bien écrit en français. Il veut lire une belle histoire bien écrite en tchèque. Ce passage est très ténu, relativement douloureux et difficile, et il faut bien le négocier. »

Ce livre est présenté le 14 mars dans le cadre du Grand jeudi littéraire. Quel est cet événement et quelle est son histoire ?

« Le Grand jeudi littéraire en est à sa 15e édition. Mais il renoue avec la tradition des jeudis du livre qui existait sous le communisme. Si pendant la semaine ou même le week-end, on faisait la queue pour la viande, les bananes ou d’autres produits alimentaires, le jeudi, c’était pour les livres car c’était le jour où paraissaient les nouveaux ouvrages. Les gens commandaient les livres par catalogue en les pré-réservant. Les autres faisaient la queue et pouvaient acheter les exemplaires restants. Je pense que c’est bien de renouer avec cette sorte de tradition. Il ne reste aujourd’hui que deux jeudis : un au mois de mars, un au moins d’octobre où les distributeurs et les éditeurs mettent en avant une vingtaine d’ouvrages dont ils estiment qu’ils méritent plus d’attention. Ce sont des livres qui sortent ce jeudi-là et je suis heureuse et fière que Grófka en fasse partie. »

Quel est le programme pour vous ?

« Il y a plusieurs rendez-vous. Le premier, qui ouvre cet événement, le jeudi 14 à partir de 17 heures au Musée des arts appliqués (UMPRUM) à Prague. Ensuite, il y a une rencontre à Brno, dans la librairie Jiřího Mahena, le jeudi 21 mars et le 28 mars, à Hradec Králové. Entretemps, il y aura des lectures de Grófka à Prostějov, Olomouc... »