Coupe Davis : Berdych qualifie les Tchèques pour une nouvelle finale
Trois ans après sa défaite à Barcelone (0-5), l’équipe de République tchèque de tennis disputera une nouvelle finale de Coupe Davis. En battant l’Argentine (3-2) en demi-finale ce week-end, à Buenos Aires, essentiellement grâce à un Tomáš Berdych vainqueur de ses trois matchs, les Tchèques se sont en effet offert une nouvelle chance de soulever le Saladier d’argent. Et comme en 2009, la finale les opposera de nouveau à l’Espagne. Mais cette fois avec l’avantage de recevoir, très probablement à Prague, du 16 au 18 novembre prochain.
Cette qualification pour la finale, la deuxième dans l’histoire de la République tchèque (et la quatrième en tenant compte de la Tchécoslovaquie), l’équipe du capitaine Jaroslav Navrátil la doit avant tout à un homme : Tomáš Berdych. Vainqueur, comme presque toujours en Coupe Davis (onze victoires pour une seule défaite), du double avec Radek Štěpánek samedi, le n° 6 mondial a aussi remporté ses deux matchs de simple. Et avant d’offrir le troisième point décisif à son camp dimanche en battant Carlos Berlocq en trois sets (6-3, 6-3, 6-4), Berdych avait d’abord relancé son pays, lors de la première journée vendredi, en venant à bout de Juan Monaco vendredi en cinq sets (6-1, 4-6, 1-6, 6-4, 6-4).
Au terme d’un affrontement au scénario épique, le Tchèque, pourtant mené deux sets à un et quatre jeux à deux dans le quatrième, est parvenu à s’imposer, permettant ainsi aux siens de revenir à égalité un point partout. Faisant suite à la défaite en trois sets (4-6, 4-6, 2-6) dans le premier simple de Radek Štěpánek contre Juan Martin del Potro, ce succès de Berdych a constitué le premier tournant de cette demi-finale alors que l’Argentine aurait pu mener deux points à zéro. Qui sait ce qu'il serait alors advenu des Tchèques, le moral dans les chaussettes? A la sortie du court, après de multiples renversements de situation, le Tchèque, qui se trouvait littéralement dos au mur, était donc particulièrement soulagé d’avoir répondu aux attentes placées en lui :
« Ah, ça, c’est certain, on peut dire que c’était un match renversant. Mais le plus important pour moi est d’avoir gagné le dernier point. Dans le troisième set, j’ai senti que je commençais à manquer de carburant. Monaco jouait très bien, me mettait sous pression et ne faisait pratiquement aucune faute. Ce n’était vraiment pas évident. Mais je n’ai pas lâché. Peu à peu, sans bien savoir comment, j’ai retrouvé de l’énergie. Ce match a été pour moi un nouveau test de mes limites. Je suis vraiment heureux d’avoir trouvé les ressources nécessaires pour revenir dans le match. Et dans ces conditions, la victoire est d’autant plus belle. »Sous les yeux de Diego Maradona et dans une ambiance parfois plus proche de celle d’un Superclásico Boca Juniors - River Plate en football que d’un match de tennis, même de Coupe Davis, Tomáš Berdych n’a donc pas craqué sous la pression, tordant le cou à l’idée selon laquelle il ne répondrait pas présent dans les grands rendez-vous.
Et les nerfs solides, le récent demi-finaliste de l’US Open les a eus également au moment de qualifier son camp pour la finale, dimanche. Ainsi, pour la première fois depuis quatorze ans en Coupe Davis, l’Argentine, finaliste de l’épreuve en 2008 et 2011, s’est inclinée sur terre battue devant son bouillant public de Buenos Aires. Et avoir fait mentir cette statistique concourait forcément un peu, et même beaucoup, au bonheur des Tchèques et de Berdych :
« Ce qui prévaut à l’instant présent, c’est vrai, c’est d’abord la joie d’avoir réalisé quelque chose d’extraordinaire. Nous n’étions absolument pas favoris et quand nous sommes arrivés, la mission nous semblait pratiquement impossible. Mais même si aucune autre équipe n’avait battu l’Argentine ici depuis quatorze ans, nous avons pris conscience que la qualification était dans nos cordes et que tout était possible. Et que nous y soyons parvenus est vraiment un sentiment fantastique ! »
Profitant du forfait de dernière minute de Juan Martin del Potro, blessé à un poignet, pour le simple de dimanche, Tomáš Berdych n’a pas tremblé au moment de conclure face à Carlos Berlocq, dominé sans trembler en trois sets. Malgré l’absence du meilleur joueur argentin, qui s'ajoutait à celle de David Nalbandian pour l'ensemble de la rencontre, le Tchèque affirmait ne pas avoir eu la tâche forcément moins facile :« Ce n’était pas évident du tout. Que ce soit contre del Potro ou Berlocq, les conditions restaient les mêmes. Il y avait bien entendu le public, qui était contre moi et dont le comportement était souvent à la limite. Le vent soufflait fort aussi, et vous savez bien que ce n’est pas ce que je préfère. Vous l’avez bien vu, je crois, à New York la semaine dernière. Alors, oui, j’ai gagné en trois sets et le match a pu sembler être à sens unique. Mais ce n’est vraiment qu’une impression. Franchement, je suis content de m’en être sorti de la sorte, et je dois dire que je me suis senti très bien pendant tout le week-end. »
Au-delà de ce week-end argentin, Tomáš Berdych aura été plus généralement le grand artisan du parcours tchèque réussi cette année. Depuis le premier tour contre l’Italie en passant par le quart de finale contre la Serbie jusqu’à cette demi-finale, le n° 6 mondial a remporté les sept matchs qu’il a disputés, tant en simple qu’en double. Aidé de son indispensable compère Radek Štěpánek, l’autre joueur sans lequel tout succès tchèque en Coupe Davis serait inimaginable depuis plusieurs saisons, Berdych disputera ainsi la première finale de sa carrière à domicile.
Ce sera contre l’Espagne, tenante du titre et déjà cinq fois vainqueur de l’épreuve depuis 2000, dont trois fois ces quatre dernières années. Pour cette finale, l’Espagne, qui a battu les Etats-Unis dans l’autre demi-finale, pourrait toutefois encore être privée de son meilleur élément. Absent des courts depuis son élimination surprise par le Tchèque Lukáš Rosol au 2e tour de Wimbledon, Rafael Nadal, blessé à un genou, reste en effet très incertain pour le grand rendez-vous de Prague. Et son éventuel forfait augmenterait, bien évidemment, notoirement les chances tchèques de victoire, comme le reconnaît Tomáš Berdych :« Quel que soit son état de forme, sa présence serait un grand plus pour son équipe. S’il est là et s’il a pu disputer quelques matchs auparavant, l’Espagne sera favorite, ça ne fait aucun doute. Mais sans Nadal, ce ne serait plus tout à fait la même chose. Je pense que la finale serait beaucoup plus ouverte et que ce serait du 50-50 entre les deux équipes. »
La République tchèque espère donc remporter son premier Saladier d’argent depuis l’unique victoire de la Tchécoslovaquie d’Ivan Lendl en 1980. Pour mettre fin à cette attente longue de trente-deux ans, Tomáš Berdych, Radek Štěpánek et leur capitaine Jaroslav Navrátil auront cette fois, outre le public derrière eux, l’avantage de pouvoir choisir la surface de jeu. Face aux spécialistes espagnols, nul doute qu’ils opteront pour une surface autrement plus rapide que la terre battue sur laquelle leurs chances de victoire avaient été pratiquement inexistantes lors de la finale de Barcelone en 2009. Et si, en plus de tout cela, Tomáš Berdych avait la bonne idée de continuer sur sa lancée de ces dernières semaines, la probabilité de voir la République tchèque s'imposer serait bien réelle et d’autant plus grande.