Le rêve olympique de Petr Koukal
Ce n’est ni le décathlonien Roman Šebrle, ni la lanceuse de javelot Barbora Špotáková, champions olympiques et vedettes du sport tchèque, mais le joueur de badminton Petr Koukal, 26 ans, qui sera le porte-drapeau de la délégation tchèque lors de la cérémonie d’ouverture des XXXes Jeux olympiques d’été à Londres le 27 juillet prochain. Bien que le badminton ne compte pas, loin s’en faut, parmi les sports les plus populaires au pays du football et du hockey sur glace, et que ses seules médailles soient celles de multiple champion national, Petr Koukal a été choisi par le Comité olympique tchèque (ČOV) pour cette fonction prestigieuse après avoir gagné le match le plus important de sa vie, un combat contre la maladie.
« Nous voulions envoyer un message au public, lui faire comprendre que le sport possède des valeurs qui, dans certaines situations, peuvent contribuer à surmonter certaines difficultés comme l’a été la maladie insidieuse de Petr Koukal. »
A l’été 2010, lorsqu’est diagnostiqué son cancer du testicule, le meilleur joueur tchèque de badminton depuis 2007 décide de ne pas capituler et de se battre. La maladie n’est alors pas encore à un stade avancé et Londres devient sa grande motivation. Ne serait-ce que dans sa lutte contre la maladie, le septuple vainqueur du Tour de France Lance Armstrong lui sert d’exemple, le célèbre ancien coureur américain ayant vaincu le même type de cancer quinze ans plus tôt, avant d’être rattrapé depuis par les affaires de prétendu dopage. Petr Koukal parvient à suivre cet exemple et retrouve finalement avec un nouvel élan l’élite mondiale du badminton. Cette année, le joueur tchèque a accompli son rêve en se qualifiant pour les Jeux de Londres ; son rôle de porte-drapeau constitue un véritable happy end à son histoire, et ce avant même le début d’un tournoi olympique dont il souhaite atteindre au moins les quarts de finale… « Car après, tout est possible », affirme-t-il, petit sourire en coin et fort d’une nouvelle foi en lui. Petr Koukal avoue aujourd’hui que si quelqu’un lui avait prédit, il y deux ans de cela, qu’il serait à Londres, il ne l’aurait jamais cru.
« C’est avant tout un grand honneur d’être le porte-drapeau et également une récompense après tous les sacrifices faits pour le sport. Dans mon cas, il y a peut-être aussi la valeur ajoutée du destin difficile auquel j’ai été confronté »,
…dit Petr Koukal, qui a désormais l’agréable obligation d’apprendre à bien brandir le drapeau. N’ayant pas franchi les portes du premier tour à Pékin, il pourrait cette fois être appelé, selon le tirage au sort, à jouer son match du premier tour dès le lendemain de la cérémonie d’ouverture ; une éventualité qui ne l’effraie cependant pas plus que ça :
« Je peux espérer que cela ne tombera pas le premier jour et que je ne commencerai que le deuxième ou le troisième jour… C’est tout à fait possible, mais, même si ce devait être le premier jour, c’est quelque chose que j’ai déjà vécu à Pékin en tant que ‘sportif ordinaire’ entre guillemets ; d’un côté chacun ressent de la fatigue après la longue cérémonie, d’un autre côté l’euphorie est palpable. Cela vous recharge, je vois donc ça plutôt comme du dopage autorisé. »
Quel que soit son classement final, on peut déjà dire que son esprit de combattant et ses résultats sportifs après avoir vaincu la maladie, semblables à ses performances antérieures, lui ont permis de décrocher la plus belle et précieuse victoire de sa carrière. En se qualifiant pour les JO, Petr Koukal a accompli son rêve.
