Double championne olympique, Špotáková sur les traces de Železný
Emil Zátopek et Jan Želežný : les amateurs de sport et d’athlétisme du monde entier connaissent ces noms légendaires. Depuis jeudi, ils peuvent y ajouter celui de Barbora Špotáková. La Tchèque a fait honneur à son statut de favorite, jeudi soir à Londres, en conservant son titre de championne olympique de lancer du javelot. Après Emil Zátopek et son propre entraîneur Jan Železný, Barbora Špotáková devient ainsi la troisième athlète tchèque de l’histoire au moins double médaillée d’or.
Désormais double championne olympique, la Tchèque, dont le dernier grand titre international remontait aux Jeux de Pékin, avait pourtant presque du mal à croire à ce qu’elle venait de réaliser, comme elle le confiait à la sortie de la piste :
« C’est dingue ! Je dois avouer que l’idée m’avait déjà traversé l’esprit pendant la journée, mais je m’étais efforcée de la chasser de ma tête. Je ne voulais pas y penser pour que ça ne me porte pas malheur. Vous savez bien que les sportifs sont superstitieux. Mais je ne croyais pas que cela serait aussi simple. Je pensais que les autres filles lanceraient plus loin. C’est donc un peu une surprise pour moi. »Quelle que soit la discipline, conserver un titre, qui plus est au plus haut niveau, est souvent bien plus ardu que de le conquérir. Pourtant, le déroulement du concours londonien, comparé à celui de Pékin, pourrait faire penser le contraire, tant Barbora Špotáková, jamais inquiétée par ses adversaires, a été maître de son sujet. C’est d’ailleurs ce que concédait elle-même la nouvelle héroïne du sport tchèque :
« Le concours en lui-même a certainement été plus simple qu’il y a quatre ans. Lorsque vous arrivez au stade, que vous lancez loin dès votre premier essai et que les autres n’y arrivent pas, tout est forcément plus simple. Mais défendre un titre, qui plus est olympique, est plus difficile dans le sens où les médias et le public attendent de vous une nouvelle victoire. C’est une pression terrible qui dure toute l’année et complique la préparation. Vous ne pouvez pas vous préparer dans le calme comme avant une première grande victoire. C’est vraiment compliqué à gérer et même à vivre. Parfois je me suis demandé quel était le sens de tout ça, si j’allais être capable d’y faire face et de répondre aux attentes. Finalement, le concours, c’est vraiment la dernière des choses. C’est presque un soulagement. Car, pour le reste, ce sont des années de travail, sans oublier toutes les obligations qu’il y a autour. »Ce deuxième titre olympique rapproche encore un peu plus Barbora Špotáková, également détentrice depuis 2008 du record du monde (72,28 m), de son entraîneur, le légendaire Jan Železný, triple champion olympique, lui, entre Barcelone en 1992 et Sydney en 2000. La médaille d’or de sa protégée est sa première en tant qu’entraîneur, ce dont n’est d’ailleurs pas peu fier Jan Železný :
« Super ! 69 mètres et demi, elle était vraiment un ton au dessus des autres. Barbora a démontré qu’elle était bien la meilleure, qu’elle savait répondre présent dans les grands rendez-vous, et c’est ce qui fait d’elle une grande championne. Elle a gagné avec plus de quatre mètres d’avance sur la deuxième. C’est vraiment une sacrée différence ! »Jan Železný, et avec lui tous les amateurs tchèques de sport, espèrent désormais que Barbora Špotáková sera imitée dans sa conquête d’or olympique par Vítězslav Veselý, un autre athlète qu’il entraîne et qui figure également parmi les favoris du concours du lancer du javelot masculin, samedi soir.