Tomáš Pitr extradé
Le controversé homme d’affaires Tomáš Pitr, détenu en Suisse depuis juillet 2010, a bien été extradé en République tchèque. Accompagné de trois policiers tchèques sur le vol Zurich-Vienne, Tomáš Pitr a quitté la Suisse mercredi avant d’être incarcéré à Brno. Condamné à six ans de prison par la justice tchèque pour escroquerie, délits fiscaux et abus de confiance, Tomáš Pitr, l’un des symboles de l’obscure transition économique post-communiste en République tchèque avait été arrêté à Saint-Moritz, après plus de trois ans de fuite. Un nouveau procès attend désormais le multimillionnaire tchèque, un des témoins encore vivants de toutes les affaires politico-mafieuses de ces vingt dernières années.
D’abord, sa demande d’asile auprès des autorités helvétiques n’avait, semble-t-il, que très peu de chances d’aboutir. Mais surtout, nombreux sont ceux à penser, et Tomáš Pitr et ses avocats les premiers, que l’homme d’affaires pourrait plus ou moins rapidement retrouver la liberté. En effet, l’année dernière, la Cour supérieure de justice de Prague avait annulé une partie de la peine de six ans de prison qui avait été initialement infligée à Tomáš Pitr en 2006 pour délits fiscaux. Dans le même jugement, la Cour supérieure avait également exigé une révision du procès. Le procureur de la République ayant toutefois fait appel de cette décision, un nouveau verdict doit être rendu d’ici le 20 avril prochain. Mais si cet appel était rejeté, Tomáš Pitr pourrait retrouver provisoirement la liberté, en attendant la révision de son procès. Il appartiendra alors au tribunal d’établir s’il convient d’acquitter Tomáš Pitr ou de le renvoyer en prison pour une durée qui resterait alors encore à déterminer.
Arrêté en Suisse mi-2010, celui qui avait été qualifié « d’ennemi public » par d’anciens hauts responsables politiques pendant sa longue fuite, était placé depuis en détention extraditionnelle. Dès son arrestation, Prague avait demandé son extradition afin qu’il purge sa peine privative de liberté. Tomáš Pitr était toutefois parvenu à retarder l’échéance en déposant plusieurs recours. Ce n’est qu’en décembre dernier que l’Office fédéral de la justice (OFJ) suisse avait finalement conclu que toutes les conditions d'une extradition étaient réunies ; les délits économiques et fiscaux invoqués dans la demande de la République tchèque étant également punissables en Suisse.
Selon le communiqué publié mercredi par l’OFJ, le Tribunal pénal fédéral a rejeté le recours contre la décision d'extradition de l'OFJ rendue en septembre dernier. Il nie que la demande d'extradition des autorités tchèques a été échafaudée, comme le prétendait Tomáš Pitr, afin de le poursuivre en raison de son activité politique. Autrement dit, plus rien n’empêchait l’extradition de Tomáš Pitr…
Ainsi donc s’achève la première partie d’une histoire rocambolesque comme la République tchèque post-communiste en a tant connues dans les années 1990 et 2000. Néanmoins, la suite promet de ne pas être moins intéressante.