Tomáš Pitr arrêté en Suisse : Prague demande l’extradition de « l’ennemi public »
L’homme d’affaires tchèque Tomáš Pitr a été arrêté lundi soir par la police suisse dans un hôtel de Saint-Moritz, dans le canton des Grisons. Une nouvelle qui était en première page de tous les quotidiens ce jeudi. Condamné à plusieurs années de prison par la justice tchèque, notamment pour évasion fiscale et abus de confiance, Tomáš Pitr était devenu « un ennemi public » et un des hommes les plus activement recherchés par la police.
« Nous enquêtons depuis lontemps sur plusieurs affaires, et dans ce cadre nous avons obtenu des informations précises sur les déplacements de Tomáš Pitr. Nous avons transmis ces informations à nos collègues suisses, et il a fini par être arrêté lundi soir à 23h à Saint-Moritz, dans l’hôtel Kempinski. »
La question est désormais de savoir si Prague va obtenir l’extradition de Tomáš Pitr, qui faisait l’objet de mandats d’arrêt tchèque, européen et international. La procédure s’annonce compliquée. Jiří Pospíšil, ministre tchèque de la Justice :« Nous analysons pour l’instant toutes les procédures judiciaires concernant Tomáš Pitr et nous voulons faire traduire tous les jugements prononcés. Nous avons 18 jours pour le faire et devons tout rassembler dans un dossier complet que nous enverrons en Suisse. Dans le même temps, nous demandons une prolongation de ce délai, parce que la mise en forme de ce dossier complexe va nous prendre un certain temps. »
A 39 ans, Tomáš Pitr est aujourd’hui un des symboles du côté obscur de la transition économique post-communiste en République tchèque. Un côté obscur que connaît bien le journaliste Jaroslav Kmenta :
« Il est tout simplement l’un des témoins encore vivants de toutes les affaires politico-mafieuses de ces vingt dernières années. Son plus proche associé a été abattu par un tueur à gages en 2006, et déjà à l’époque on disait que ces gens connaissaient des informations cruciales sur les relations entre le crime organisé, l’administration et les politiciens. »D’après les informations fournies par le ministère suisse de la Justice, la procédure d’extradition pourrait durer jusqu’à un an et il n’est pas certain que la justice hèlvète donne son feu vert. Les chances sont à « 50-50 » estime à Prague le ministre Jiří Pospíšil.