Handball : les Tchèques veulent de l’Euro
Avec Filip Jícha, meilleur joueur du monde 2010 dans ses rangs, et un groupe au complet dans lequel figurent trois joueurs évoluant dans des clubs du championnat de France, l’équipe de République tchèque de handball a entamé le championnat d’Europe, en Serbie, avec beaucoup d’ambitions. Et dès son premier match de poule, dimanche, la Reprezentace, en battant l’Allemagne (27-24), a démontré qu’il faudrait bien compter sur elle.
Lors du dernier Euro, la République tchèque avait notamment fait match nul avec l’Allemagne et ne s’était inclinée que d’un petit but contre la France, sacrée quelques jours plus tard. A l’époque, les performances de l’équipe nationale n’étaient pas passées inaperçues au pays, comme s’en souvient le meilleur joueur tchèque actuel, Filip Jícha :
« Nous espérons que nos performances soulèveront une nouvelle vague d’intérêt et d’enthousiasme pour le handball en République tchèque, comme cela avait déjà été le cas il y a deux ans lors de l’Euro en Autriche. Comme toujours, nous, joueurs, serons très solidaires sur le terrain et en dehors, et nous voulons que nos supporters présents dans la salle et les autres spectateurs tchèques qui suivent nos matchs devant leur poste de télévision ressentent cette force collective. Maintenant, savoir si cet éventuel enthousiasme du public naîtra dès nos matchs de poule ou plus loin dans la compétition, par exemple à partir des demi-finales, je n’en sais rien, ce sera la surprise. »Surprise. Avant leur premier match contre l’Allemagne, nombre de joueurs tchèques n’avaient que ce mot à la bouche : créer la surprise ou être l’équipe surprise du championnat, comme le reconnaît l’ailier Daniel Kubeš, un des neuf sélectionnés tchèques qui évoluent dans le championnat allemand :
« Notre objectif est de jouer au maximum de nos possibilités. Si tel est le cas, dans une compétition aussi relevée que le championnat d’Europe, je pense que nous sommes capables de battre n’importe quelle équipe. Si nous y parvenons, nous pouvons vraiment espérer créer la surprise ici cette année. »L’entraîneur Martin Lipták est toutefois bien conscient que les choses seront probablement plus compliquées que lors du dernier Euro, où personne n’attendait vraiment les Tchèques. A l’époque, à l’exception d’un match raté contre l’Espagne, les joueurs de Martin Lipták avaient fait jeu égal avec toutes les équipes qu’ils avaient affrontées, y compris celles considérées comme leur étant supérieures. Même s’il sait mieux que quiconque de quoi ses protégés sont capables, surtout lorsqu’ils sont euphoriques, Martin Lipták estime que leurs adversaires seront aussi mieux préparés à affronter la République tchèque. Il explique pourquoi :
« Je sais une chose : en Autriche, tout le monde nous considérait comme un simple participant au championnat d’Europe. Aujourd’hui, le regard des autres a changé : ils savent de quoi est capable la République tchèque, ils savent que nous sommes une équipe costaude. Nous avons bien joué lors du dernier Euro, alors aucun adversaire ne nous traitera par-dessus la jambe, tous vont se méfier, ils sont avertis. C’est pourquoi je pense que notre tâche sera d’autant plus difficile. »Malgré sa mise en garde, l’entraîneur slovaque entend bien améliorer la huitième place finale du dernier championnat d’Europe. Pour cela, Martin Lipták peut compter sur un groupe de joueurs au complet dans lequel les trentenaires expérimentés sont légion, et surtout sur son leader, l’irremplaçable Fiip Jícha. Elu meilleur joueur du monde de l’année 2010 à l’issue d’une enquête organisée par la Fédération internationale de handball, l’arrière gauche de 29 ans, 2,00 mètres et 130 kilos, (auquel nous avions consacré une rubrique l’année dernière) connaît la recette pour réussir au plus haut niveau :
« Nous devons de nouveau être au top de nos possibilités. L’essentiel est que nous soyons satisfaits de notre niveau de performance, que nous n’ayons pas de regrets après un match ou à la fin du tournoi. Je ne sais pas si cela suffira pour faire mieux en termes de résultats que la dernière fois, mais j’en suis convaincu. Il ne faut pas avoir peur de perdre, de mal faire, ou nous dire que nous pourrions rentrer à la maison plus tôt que prévu. Ce que nous voulons, c’est jouer, bien jouer, gagner et profiter au maximum de ce championnat d’Europe. »
Et au-delà des qualités individuelles de chacun des joueurs, Fiip Jícha estime que les chances de succès de la République tchèque reposent d’abord sur le collectif et l’état d’esprit du groupe :« La solidarité est notre arme principale. Ce n’est un secret pour personne que les joueurs de cette équipe sont heureux d’être ensemble. Ils apprécient énormément venir en équipe nationale pour retrouver leurs copains et une ambiance formidable. Cette solidarité est essentielle pour nous. Grâce à elle, c’est ensuite plus simple de se battre sur le terrain et de faire des efforts pour ses partenaires. C’est souvent cette solidarité qui, dans les moments décisifs d’un match, permet de gagner un ballon ou un duel important. »
Outre le championnat d’Europe, grand rendez-vous handball de ce début d’année, les Tchèques peuvent également viser un autre objectif en Serbie : une place qualificative pour les Jeux olympiques de Londres sera en effet attribuée au vainqueur de l’Euro ou au finaliste, si c’est la France qui remporte le tournoi. Mais il ne s’agit là, pour l’heure, encore que d’un rêve secret, du moins si l’on en croit l’entraîneur Martin Lipták :
« Notre objectif pour l’instant, c’est d’abord le championnat d’Europe. Nous ne parlons pas des Jeux olympiques entre nous. Bien sûr que les Jeux sont dans un coin de nos têtes à tous, mais y penser, en discuter ou nous les fixer comme objectif ne serait pas une bonne chose. Je pense que, avec cet Euro, nous avons déjà suffisamment de pression sur les épaules comme ça. »De pression sur les épaules, il sera de nouveau question dès mardi avec le deuxième match de poule contre la Suède. Un match qui constituera un nouveau test sérieux des réelles possibilités et ambitions tchèques contre une nation quatrième du dernier championnat du monde. Ensuite, la République tchèque affrontera encore l’imprévisible Macédoine pour son troisième et dernier match de groupe. Et en cas de nouvelle victoire, les Tchèques pourront alors peut-être effectivement commencer à voir et viser un peu plus haut…