Prothèses mammaires PIP : les autorités sanitaires tchèques appellent à savoir raison garder

Le scandale des implants mammaires PIP, dévoilé en France début décembre et devenu planétaire depuis, fait couler beaucoup d’encre aussi en République tchèque. Mais si les autorités sanitaires ont recommandé aux femmes qui ont reçu des prothèses défectueuses de consulter leur médecin et de se soumettre à un examen, elles appellent aussi et surtout à ne pas céder à une panique qui, selon elles, n’a pas lieu d’être, du moins en République tchèque.

L'Agence nationale de sécurité sanitaire des médicaments (SÚKL) a recommandé aux femmes qui ont reçu des prothèses mammaires fabriquées par la société française Poly Implant Prothèse (PIP) de consulter leur médecin, après le retrait de ces implants en France. La SÚKL, qui est en contact avec l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), souligne toutefois que, jusqu’à présent, aucun effet indésirable lié à ces implants n'a été signalé dans le pays. La SÚKL ne dispose pas de statistiques concernant le nombre de femmes en République tchèque ayant reçu ces prothèses avant leur interdiction en avril 2010. Mais comme l’explique Miroslava Skovajsová, présidente de l’Association pour le diagnostic du cancer du sein, il convient de ne pas s’affoler :

Miroslava Skovajsová
« Ces implants PIP sont actuellement omniprésents sur Internet et à la télévision. Mais je pense surtout qu’il faut rester raisonnable. Les femmes qui font une mammographie tous les ans doivent continuer. Quant aux autres, nous leur conseillons de se renseigner auprès de leur chirurgien esthétique pour qu’elles aillent, elles aussi, passer un examen, car le degré d’érudition du radiologue est très important. Je n’ai aucune crainte sur le fait que nous aurons rapidement la situation sous contrôle en République tchèque. »

L’avis de la présidente de l’Association pour le diagnostic du cancer du sein est également partagé par Roman Kufa, chirurgien esthétique dans une clinique privée pragoise. Celui-ci estime cependant que les choses pourraient rapidement évoluer :

« Il y a encore de cela peu de temps, l’Agence nationale de sécurité sanitaire des médicaments recommandait seulement aux patientes de consulter leur médecin et de se soumettre à un examen par ultrason afin de contrôler si les implants sont défectueux ou non. Mais depuis que le gouvernement français a recommandé à toutes les femmes qui portent en France des prothèses de se les faire retirer, je pense que l’attitude qui sera adoptée en République tchèque sera la même. »

Roman Kufa
Roman Kufa approuve la décision prise par les autorités françaises, contraintes de réagir dans l’urgence depuis l’éclatement du scandale :

« Je pense en effet que c’est une décision rationnelle car nous ne savons vraiment pas quelles femmes dans le pays portent cette prothèse. Or, il y a un risque réel de fuite de ce gel de silicone industriel et de rupture des prothèses. La société PIP distribuait ses implants en République tchèque depuis 2006, mais aujourd’hui, personne ne connaît le nombre exact qui a été vendu. »

Pour autant, encore une fois, Miroslava Skovajsová estime que le plus important dans l’immédiat est de ne pas se précipiter et de prendre une décision adaptée au contexte tchèque :

« J’ai le sentiment que tout cela est un peu tiré par les cheveux et qu’on fait beaucoup de bruit pour rien autour de cette affaire. Bien sûr, nous sommes bien informés, mais qu’il s’agisse des implants PIP ou d’une autre société, toute femme qui décide de porter une prothèse doit savoir qu’elle risque des complications médicales plus ou moins graves. Chaque corps réagit différemment à la présence de la prothèse. Je dois dire que les chirurgiens esthétiques tchèques ont jusqu’à présent plutôt bien réagi en appelant leurs patientes à passer un examen préventif. »

Ce vendredi, le ministère de la Santé devrait faire connaître sa position sur l’attitude à adopter dans cette affaire qui, pour l’heure, n’inquiète donc pas encore plus que ça les autorités sanitaires tchèques.