Panenský Týnec

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Le dernier guide touristique de l’année 2011 nous conduira à Panenský Týnec, l’un des lieux les plus mystiques de République tchèque. Beaucoup croient que la cathédrale gothique inachevée de Panenský Týnec émane de l’énergie positive. D’autres affirment que ses murs pourraient cacher le tombeau de sainte Agnès, du fait que les soeurs Clarisses fuyant les hussites étaient réfugiées pendant 220 ans dans le couvent adjacent. Cette année 2011 était dédiée à sainte Agnès de Bohême pour célébrer les 800 ans de sa naissance, et les touristes ont été, en effet, encore plus nombreux à faire un déplacement à Panenský Týnec, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Prague, pour faire la connaissance du site. Radio Prague a invité au micro l’ancien maire de la commune, Václav Švajcr:

Parlant de l’énergie positive émise par les vielles pierres de Panenský Týnec, Václav Švajcr se réfère aux résultats des examens effectués par des experts en énergie et en psychotronique, examens qui ont établi qu’une zone énergétique du plus haut degré s’y trouvait:

« L’église est édifiée sur deux zones géologiques et c’est ainsi que l’énergie s’y croise et s’amplifie. »

Puisque les zones s’y croisent, on croit que l’effet est double: il y a un point qui absorbe la mauvaise énergie, l’autre qui nous charge de celle positive. Fiction ou réalité? Avis aux visiteurs de Panenský Týnec… Le fait est que chaque année, plus d’une centaine de couples décident de célébrer leur mariage entre les murs de la cathédrale inachevée, ce qui est relativement beaucoup pour une commune de 400 habitants.

Les vestiges des colonnes gothiques sortant du sol, avec des fenêtres préservées, frappent par leur monumentalité. Le premier parmi les mystères qui planent sur le lieu: qui a conçu une cathédrale à trois nefs de style gothique flamboyant à Panenský Týnec ? Václav Švajcr:

Jan Plichta de Žerotín
« La famille Žerotín a beaucoup fait pour le développement de Panenský Týnec. En 1250, un château fort a été construit dans le village voisin qui s’appelle aujourd’hui encore, Žerotín. Son bâtisseur, Jan Plichta de Žerotín, fut récompensé pour sa participation à une campagne en Palestine. En ce qui concerne la cathédrale et le couvent de Panenský Týnec, c’est son fils, Habart de Žerotín, l’auteur des deux constructions. Selon une légende, l’épouse de ce dernier, Scholastika de Šternberk, ne pouvait pas avoir d’enfants et elle est allée chercher de l’aide auprès de sainte Agnès à Prague. Après une guérison miraculeuse, elle a accouché de trois filles et de trois garçons. En guise de remerciements, Habart de Žerotín a fait édifier un couvent et l’a dédié à sainte Agnès de Bohême. Sa première partie a été terminée avant 1280. Il est possible qu’Agnès, morte deux ans plus tard, en 1282, l’ait visité, de son vivant. »

Le fils aîné de Habart, Plichta de Žerotín, était l’un des meilleurs chevaliers de l’époque au service de Jean de Luxembourg. Il a aussi servi dans les armées du roi Henri VII, et après la mort de ce dernier, encore aux couleurs du roi Edouard II d’Angleterre. De retour en Bohême, Plichta a commandé à l’architecte Petr Parléř la construction d’une cathédrale. Suite à un incendie, la construction est restée achevée.

La mention écrite la plus ancienne confirmant l’existence de la commune de Panenský Týnec remonte à l’an 1115. Les origines de la commune sont toutefois plus anciennes, comme le confirme son nom – Týnec, dérivé du mot celte Taun qui veut dire un lieu fortifié. L’adjectif Panenský est quand à lui dérivé des vierges Clarisses, l’ordre féminin qui suit l’enseignement de saint François.

La cathédrale gothique inachevée n’est pas le seul endroit mystérieux de Panenský Týnec. Le couvent adjacent, construit en partie avant 1280 et élargi en 1540, et qui est aujourd’hui le siège de la municipalité, pourrait lui aussi cacher des mystères. Pour Václav Švajcr, il est fort probable que les soeurs Clarisses qui s’occupaient de la dépouille de sainte Agnès, l’avaient ramené avec elles à Panenský Týnec, lors de leur fuite de Prague, en 1420.

En 2003, Václav Švajcr a émis l’hypothèse selon laquelle le tombeau présumé de la sainte patronne pourrait se trouver à Panenský Týnec :

« Avant les guerres hussites, Prague a été frappée par des crues catastrophiques qui ont inondé le tombeau de sainte Agnès, dans la chapelle du couvent qui porte aujourd’hui son nom. Les Clarisses ont réussi à sauver les reliques. Après les avoir lavées avec du vin de messe, elles les ont déposées de nouveau dans la crypte. Or, après les guerres hussites, le tombeau recherché en rapport avec les tentatives de canoniser Agnès n’a pas été retrouvé. Entre-temps, les soeurs Clarisses sont accueillies au couvent de Panenský Týnec et elles y restent pratiquement jusqu’à l’abolition des couvents par Joseph II. »

Un couloir souterrain reliait autrefois la cathédrale inachevée et le couvent. Il pourrait cacher un véritable trésor déposé ici avant la fermeture du couvent, y compris des données concernant le tombeau de sainte Agnès, estime Václav Švajc. Tout récemment, il a reçu à Panenský Týnec Leo Vrzal qui effectue des prospections privées de divers endroits dans l’espoir de retrouver les reliques de sainte Agnès et qui initie une campagne pour la prospection de la cathédrale inachevée :

« M. Vrzal a une idée bien précise du lieu où reposent ses reliques. Comme vous le savez, c’est lui qui a effectué en 2010 une prospection au géo-radar dans l’église Saint-Gall à Prague. Peu après, il est venu à Panenský Týnec et après une première prospection sur le terrain, il les a trouvées ici. Un reportage télévisé diffusé par la chaîne Prima a montré les images saisies par une sonde munie d’une caméra. Coupées en couches et en tranches détaillées, ces images ont révélé un espace de deux mètres sur deux, en forme de tombeau, protégé en haut par une sorte de toit et abritant, au milieu, quelque chose dont on ne doute pas qu’il s’agit de l’objet recherché, on en est sûr! »

Des historiens ne veulent toutefois pas, selon Václav Švajcr, procéder à la prospection de la cathédrale, pour ne pas endommager le site. Il faudra donc encore du temps pour avoir la confirmation de l’hypothèse avancée. Rappelons encore que la prospection au géo-radar dans l’église Saint-Gall a démenti la théorie selon laquelle cette église pourrait cacher le tombeau de sainte Agnès. Mais revenons encore à l’histoire de Panenský Týnec :

« Plichta de Žerotín trouve la mort dans la bataille de Mühldorf, en 1322, et le roi Jean de Luxembourg, en personne, vient l’enterrer ici: là où vous voyez un arbre se trouvait autrefois la chapelle de la sainte Trinité et c’est dans la crypte de cette chapelle que Jean de Luxembourg a enterré son meilleur combattant. »

Après la fermeture du couvent en 1782, le domaine est racheté par Jan Tuscany. La famille Tuscany séjourne dans son château édifié dans le jardin de l’ancien couvent et elle fonde un cimetière où ses membres sont enterrés. Plus tard, le château familial des Tuscany est aquis par le médecin personnel du président Masaryk, Adolf Maixner, qui en fait un établissement thermal, ainsi que le raconte Václav Švajcr :

« Une source dans les caves du château jaillit au travers de la zone d’énergie positive et on a voulu profiter des effets de cette eau à des fins curatives. »

Le couvent ainsi que la cathédrale gothique inachevée sont classés monument national. Parmi d’autres personnalités marquantes de Panenský Týnec enterrées au cimetière local : Benedikt Roezl, explorateur, inventeur et naturaliste qui a une statue sur la place Charles à Prague et qui s’est fait connaître comme chasseur d’orchidées. Il y a ensuite le père Josef Commersi qui a beaucoup fait pour le développement culturel de la commune, en fondant une bibliothèque et de nombreuses associations. En 2010 était enterré ici le champion du monde de tir skeet, Bronislav Bechyňský, originaire de Panenský Týnec, mort dans un accident de route à l’âge de 49 ans.

Open Air festival
Les amateurs de musique connaissent sans doute l’Open Air festival, un festival multi-genre avec participation de musiciens venant du monde entier, qui se déroule au mois d’août sur l’aérodrome de Panenský Týnec.