Recensement 2011 : 15 000 Tchèques chevaliers Jedi, une réponse révélatrice ?

Le dépouillement et le traitement des données du recensement effectué au printemps dernier sont en cours et devraient encore durer deux ans. Mais quelques premiers les résultats ont été présentés au public. Grande action qui avait mobilisé des centaines de recenseurs et surtout des millions de couronnes, les premières données révélées du recensement offrent des résultats parfois… surprenants.

Au pays de Jára Cimrman, personnage fictif élevé au rang de quasi héros national, le Jedi est roi… ou plutôt dieu… En effet, parmi les résultats les plus étonnants du recensement 2011, ce chiffre : plus de 15 000 Tchèques ont déclaré adhérer aux croyances des chevaliers du Jedi, personnage emblématique de la saga de la Guerre des étoiles de George Lucas. Un mouvement initié sur les réseaux sociaux au moment du recensement et qui en dit long sur une certaine résistance passive humoristique bien ancrée dans la population tchèque.

Cette donnée étonnante s’inscrit dans le cadre d’une question sur l’appartenance religieuse. Et là aussi les résultats vont exiger une analyse approfondie des phénomènes en jeu dans la société tchèque : en effet, près 5 millions de personnes ont ainsi refusé de faire part de leur foi contre 1 million lors du dernier recensement il y a dix ans. Stanislav Drápal, vice-président du Bureau des statistiques tchèques :

Stanislav Drápal
« Il peut il y avoir une part de mauvaise volonté de communiquer avec l’administration, mais si l’on regarde bien les données, l’analyse est bien plus complexe : 708 000 personnes par exemple ont dit être croyants mais ne se sentir appartenir à aucune organisation religieuse. A l’heure actuelle, nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses en ce qui concerne l’interprétation : il est sûr que comme je le disais, il y a ce manque de volonté de dire quoique ce soit de personnel à l’administration, mais ce n’est pas le seul facteur… Il y a un véritable refus de communiquer avec quelle que structure organisée que ce soit. Au contraire, le nombre d’adhérents à la religion Jedi montre que ce qui est nouveau et peu organisé peut être plus attirant. »

En tout cas, une chose est sûre : les chiffres publiés en ce qui concerne l’appartenance religieuse ne font que confirmer ce qui se dit depuis des années sur l’athéisme largement répandu dans la société tchèque : si le catholicisme est toujours la première religion devant le protestantisme, il ne rassemble qu’un peu plus d’un million de personnes. Un chiffre très peu éloigné du nombre de personnes se disant croyantes, mais sans appartenance à une Eglise. Ivan Štampach, historien des religions et théologien :

Ivan Štampach
« Il se peut que la moitié de la population ait peur d’avouer une appartenance religieuse ou au contraire une non-appartenance religieuse. Une chose est sûre : les Eglises ont connu une véritable baisse du nombre de fidèles, c’est une énorme chute. »

Evidemment, outre ces résultats marquants, bien d’autres tendances ont été observées dans les premiers résultats de ce recensement. Le nombre de la population totale a en effet augmenté : au printemps dernier, 10 562 214 personnes vivaient en République tchèque, une augmentation de plus de 300 000 personnes par rapport à il y a dix ans, due essentiellement à l’augmentation du nombre de ressortissants étrangers. A noter qu’à cet égard, les Ukrainiens arrivent en tête, suivis des voisins slovaques, puis des Vietnamiens, des Russes, des Allemands et enfin des Polonais.

Autre tendance observée ces dernières années et confirmée : le vieillissement de la population. Le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans a augmenté d’un cinquième tandis que le nombre d’enfants de moins de 14 ans ne cesse de dégringoler.

Photo: Štěpánka Budková
Enfin, si d’un côté le nombre de personnes diplômés de l’enseignement supérieur a augmenté (1 117 830 contre 762 459 en 2001), cette donnée est contrebalancée par l’augmentation du nombre de personnes qui ne sont pas allées à l’école (47 253 personnes soit 24,6% de plus qu’il y a dix ans).

Le mariage quant à lui est une institution qui n’attire plus autant de monde et les données font état d’une augmentation des divorces contre une baisse des unions matrimoniales.

Le traitement des données du recensement 2011 devrait encore se dérouler jusqu’en 2013.