Foot : le Slavia Prague évoluera bien dans l’élite la saison prochaine
C’est le début de la fin du calvaire pour le légendaire club de football du Slavia Prague, dernièrement champion de République tchèque en 2008 et 2009 et qui, suite à de graves problèmes financiers, risquait d’être relégué en troisième division. La Fédération tchèque de football (ČMFS), présidée par Ivan Hašek, avait décidé, début mai, de ne pas renouveler au club la licence lui permettant d’avoir un statut professionnel et d’évoluer au plus haut niveau. Le Slavia avait fait appel de cette décision, et grâce à l’investissement apporté par la société Natland, qui a épongé certaines de ses dettes, le club s’est vu finalement attribuer ladite licence.
Pour le Slavia Prague, qui fêtera l’année prochaine son 120e anniversaire, 2010-2011 a été une saison pour le moins chaotique. Incapable de payer les salaires de ses joueurs et de son personnel depuis janvier dernier, le club avait accumulé une dette de plus de 10 millions de couronnes, environ 400 000 euros. Dans le même temps, la société britannique ENIC, ancien actionnaire principal du Slavia, continue de lui réclamer plus de 100 millions de couronnes (plus de 4 millions d’euros), une somme que le club devra verser avant la fin du mois d’octobre. Autant de soucis financiers qui n’ont pas manqué d’affecter les performances sportives du Slavia, seulement 10e de la Gambrinus Liga, le championnat national, à une journée de son terme, et qui, surtout, compromettaient fortement l’avenir du club. Une relégation administrative en 3e division, le premier niveau amateur, aurait constitué une première depuis 1964/65, saison durant laquelle le club, mal-aimé du Parti communiste, avait évolué en deuxième division.
Après une première décision négative, la commission de la ČMFS chargée de l’attribution des licences a finalement accordé la fameuse licence au Slavia Prague pour des raisons que développe Ivan Hašek, qui présidait cette commission:
« Il y avait quatre points que le Slavia ne satisfaisait pas lorsqu’il a présenté sa requête aux délégués chargés de l’attribution des licences, quatre points qu’il satisfait désormais. Concrètement, les dirigeants du club ont précisé la structure de ses propriétaires en présentant la liste de ses actionnaires. Deuxièmement, ils ont fournis les quittances de dette pour l’année 2010, signées par les joueurs, les employés et l’encadrement de l’équipe. Troisièmement, ils ont apporté la preuve que le club s’était acquitté de ses dettes vis-à-vis de l’Etat, en transmettant un relevé de virement bancaire. Enfin, quatrième point, il était évident que le club devait disposer à l’avenir de ressources suffisantes pour pouvoir évoluer en première division professionnelle. »Les dirigeants du Slavia étaient sous le feu des critiques de leurs supporters, qui avaient notamment provoqué l’arrêt du match aller de demi-finale de la coupe de République tchèque en envahissant le terrain. Suite de quoi le club s’était vu infliger une amende de 750 000 couronnes et avait hypothéqué toutes ses chances de remporter une épreuve qualificative pour la Ligue Europa. Mais les gestionnaires du Slavia, grâce à l’apport financier de Natland, sont tout de même parvenus, en un peu moins d’un mois, à remplir les conditions imposées par la ČMFS. Pour Miroslav Platil, le directeur général du club, l’heure est donc au soulagement.
« Bien évidemment, je suis très content. Désormais, nous avons une base à partir de laquelle nous pouvons travailler. On va continuer à stabiliser la situation de notre société et par la suite l’améliorer. C’est seulement la première étape. »Une première étape qui, pour l’historien du football Vladimír Zápotocký, n’est qu’une simple formalité. Selon lui, l’attribution de cette licence ne résout en rien les problèmes du Slavia. La question des 100 millions de couronnes dues à la société ENIC n’a en effet pas encore été réellement évoquée par la commission en charge de l’attribution des licences. La société Natland devrait apporter 40 millions de couronnes (environ 1,6 million d’euros). Quant à Miroslav Platil, il a déclaré que le club ferait son possible pour limiter ses dépenses. Ainsi, aucun joueur ne devrait être recruté à l’intersaison.
Floue quant à ses ambitions, la société Natland a cependant annoncé qu’elle détenait désormais 51% des parts du club et qu’elle travaillerait en collaboration avec son deuxième actionnaire principal, le ministre des Transports, Aleš Řebíček. Comme certains supporters du Slavia, l’historien Vladimír Zápotocký craint que ces négociations entre hommes d’affaires, qui n’ont que peu à voir avec le monde du football, finissent par dénaturer l’esprit du club. Un des clubs les plus titrés de République tchèque devra donc fournir encore bien des efforts pour que les commentateurs se concentrent uniquement sur ses résultats sportifs.