Ouverture de la première exposition tchèque de Modigliani
La toute première exposition en République tchèque du célèbre peintre et sculpteur italien Amedeo Modigliani s’ouvre ce mercredi 8 décembre à la Maison municipale (Obecní dům) de Prague. Elle présente une soixantaine d’œuvres : des peintures, esquisses et dessins de Modigliani, dont le Carnet arménien de 1916, exposé pour la première fois à l’étranger. L’exposition met également en parallèle les oeuvres d’Amedeo Modigliani et de ses contemporains, notamment du Tchèque František Kupka.
«Ils ont en commun la vie. La vie solitaire, la recherche solitaire, la non-volonté de rejoindre les mouvements artistiques. Ils n’arrivaient pas à vendre leurs œuvres, mais malgré cela, ils ont poursuivi leur chemin. »
La galerie pragoise Vernon est le principal organisateur de l’exposition d’Amedeo Modigliani à Prague. On écoute sa directrice Monika Burian Jourdan :« Ce qui est assez exceptionnel c’est ce fait de présenter simultanément Modigliani et Kupka, presque cent ans après leur première ‘rencontre’ à Paris. Autre aspect intéressant : nous avons réussi à exposer les œuvres de Jeanne Hébuterne, la compagne de Modigliani, qui est très peu connue, qui reste dans l’ombre de Modigliani. Pourtant, c’est une excellente artiste ! »
D’où proviennent les œuvres exposées ?
« Principalement de deux musées prestigieux : de l’Estorick Collection de Londres et Le Musée d’Israël de Jérusalem. Nous exposons une trentaine de dessins de Modigliani qui proviennent d’une galerie parisienne. »Et le fameux Carnet arménien ?
« C’est aussi quelque chose d’exceptionnel. Le collectionneur qui possède ce Carnet ne l’a jamais exposé à l’étranger. Quand il a entendu parler de cette exposition à Prague, il nous l’a prêté. Le Carnet contient des dessins très fins, qui ont tous à voir avec la Cabale et les symboles du judaïsme. Modigliani connaissait très bien la Cabale, ses origines juives étaient importantes pour lui. »
L’exposition évoque aussi la fille d’Amedeo Modigliani…
« C’est grâce à elle que tous les documents que nous exposons, tous les dessins de Modigliani se sont conservés. Jeanne a sacrifié toute sa vie à l’œuvre de son père et elle en parle dans un documentaire que nous projetons dans le cadre de l’exposition : elle allait dans des restaurants, dans des bars que son père fréquentait pour racheter ses dessins. Elle a aussi contribué à ce que ses tableaux soient abrités dans des musées et galeries. »Christian Parisot est le directeur de l’Institut Modigliani Archives légales Paris-Rome qui expose à Prague une série de photographies de Modigliani, de ses amis et de sa famille, ainsi que les lettres et carnets du peintre.
« C’est une exposition qui a été difficile à mettre en place et qui a des éléments forts intéressants. Evidemment, il faut avoir aujourd’hui des capitaux énormes pour avoir une exposition de Modigliani. L’exposition que nous avons organisée à Rome a coûté 3 millions d’euros. Mais je ne sais pas si avec un grand investissement on est vraiment plus intéressant qu’une exposition comme celle-ci qui est plus intellectuelle, plus culturelle : il y a des archives, des carnets, il faut prendre du temps pour regarder tout. Nous avons eu une seule grande exposition, c’était en 1991 à Paris, avec 224 œuvres. Impossible à refaire ! Ici, il y a un certain nombre de dessins et de peintures et c’est déjà exceptionnel ! Il sera de plus en plus difficile de mettre en place de telles expositions pour des raisons d’assurance, de transport… Mais je pense que cette exposition sera le démarrage d’un dialogue important pour reconnaître le véritable Modigliani en dehors de la légende. »L’exposition d’Amedeo Modigliani, c’est à la Maison municipale de Prague, jusqu’au 28 février prochain. Christian Parisot sera l’invité de l’une de nos prochaines rubriques culturelles.