Mise en garde contre la falsification du prestigieux grenat de Bohême
Le grenat de Bohême englobe plusieurs variétés dont la gemme la plus précieuse est le pyrope couleur rouge sang, pierre souvent confondue avec le rubis dans les temps anciens et dont les gisements se trouvent principalement dans la région du Paradis tchèque, dans le nord-est de la Bohême. Parmi ses illustres propriétaires, on peut citer de nombreuses personnalités historiques comme l’empereur Napoléon Bonaparte ou l’empereur Rodolphe II ainsi que des hommes d’Etat contemporains. Ce sont aussi les touristes qui viennent par milliers chaque année pour faire l’acquisition du prestigieux grenat de Bohême. Or, une mise en garde vient d’être lancée par l'Office tchèque de contrôle des ventes contre la falsification de certaines pierres.
Cependant, tous les visiteurs qui sont tentés d’acheter des bijoux en grenat dans un des magasins qui se trouvent un peu partout dans le pays ne pourront pas se féliciter d’avoir autant de chance. Au contraire, ceux qui ne sont pas prudents peuvent acquérir une version moins précieuse du grenat comme l’almandin, une variété de couleur brun orangé, une pierre de synthèse ou, dans le pire des cas, du verre sans valeur. Les résultats d’une récente inspection de quinze bijouteries proposant du grenat ont révélé que treize d’entre elles ne vendaient pas des pierres authentiques. Tomáš Vozáb est le porte-parole de l’Office tchèque de contrôle :
« L’inspection a été réalisée en collaboration avec l’office des douanes et le contrôle a eu lieu dans les villes de Karlovy Vary, Mariánské Lázně, Plzeň, Prague, České Budějovice et Český Krumlov. Une partie de tous ces contrôles consistait notamment a contrôlé l’achat des bijoux qui étaient vendus sous l’appellation de grenat de Bohême. Ces derniers ont été saisis et apportés à un laboratoire de contrôle technique. Le résultat a montré que dans treize des quinze contrôles effectués sur la provenance, les bijouteries vendaient des bijoux constitués de pierres complètement différentes comme par exemple des imitations en verre coloré. Parmi eux, toutes n’étaient pas des pierres sans valeur, dans certains cas, on a même trouvé du grenat pyrope, mais ce n’était pas pour autant du grenat de Bohême certifié. Compte tenu de ce résultat alarmant, nous sommes déterminés à nous concentrer davantage sur les magasins vendant du grenat et à intensifier les contrôles. »Le vrai grenat de Bohême, qui ne peut être trouvé nulle part ailleurs dans le monde, est clair, la pierre est rouge feu et permet une plus forte réfraction de la lumière. Les bijoutiers de Bohême mettent l’accent sur la disposition des pierres de grenat qui surplombent la monture en métal dans les créations individuelles recouvrant ainsi l’ensemble du bijou. Le résultat est la mise en valeur de l’éclat de la couleur rouge feu, que ce soit pour des pièces modernes ou des montures de style ancien.
Cependant, quelqu’un qui n’est pas un expert peut être facilement dupé par les imitations. Les grenats tchèques authentiques sont poinçonnés avec la lettre G ou G1 mais, à moins d’être un expert, le conseil de Tomáš Vozáb est de toujours demander un certificat et de faire attention à votre reçu :
« Mon conseil, si vous achetez des bijoux, en particulier pour des bijoux onéreux, est de bien conserver votre ticket de caisse et les documents délivrés avec l’achat grâce auxquels vous pourrez, d’une manière ou d’une autre, faire une réclamation, une demande de remboursement, ou encore échanger le produit acheté contre ce que vous souhaitiez vraiment acheter. »
L’authentique grenat de Bohême est exploité par une seule société tchèque. L’atelier de fabrication artistique de Turnov est l’unique propriétaire des mines de grenat et l’unique possesseur d’une licence d’extraction en République tchèque. La société de Český Turnov ne vend ses produits qu’à un nombre restreint d’entreprises et jamais de pierres sous leur forme brute. Aussi, pour se défendre, les propriétaires des magasins de grenat dans lesquels ont été trouvés les pierres inauthentiques clament soit avoir acheté les pierres de bonne foi, soit ne jamais avoir prétendu qu’ils vendaient une variété venant de Bohême.Les inspecteurs et les avocats qui s’occupent de ces cas suspectent que cette affaire aille plus loin qu’une simple histoire de fausses pierres et affirment qu’il s’agit très probablement d’une entreprise florissante liée à une activité de crime organisé. Mais même si cette hypothèse ne se confirmait pas, les résultats de ces inspections sont déjà suffisants pour endommager irrémédiablement la réputation du célèbre grenat tchèque et les compétences des artisans qui transmettent leur savoir de génération en génération.