Les cours d’éducation sexuelle à l’école au cœur d’une polémique
Comment parler de sexe aux enfants ? A quel âge le faire ? De quelle façon ? Ces questions, tous les parents se la posent à un moment donné, et depuis la révolution sexuelle, c’est un sujet qu’abordent les écoles françaises. En République tchèque, une première tentative avait été lancée dans les années 1990 qui s’était heurtée à une levée de boucliers. Mais à la rentrée l’éducation sexuelle deviendra un thème à part entière, et pour cela un manuel à destination des instituteurs a été préparé.
Pour Hana Fifková, sexologue et co-auteur du manuel, celui-ci a une vocation préventive face à des situations de crise que les jeunes peuvent rencontrer :
« Une grossesse non-désirée. Les maladies sexuellement transmissibles. Tels sont notamment les sujets abordés, de même que savoir se défendre contre les abus sexuels. Si l’éducation sexuelle est faite correctement, les jeunes gens reçoivent des informations claires et en général finissent par repousser à plus tard leur entrée dans la vie sexuelle. »Relations au sein de la famille, différence des sexes, choix de son partenaire, situations à risques font aussi partie des sujets que les professeurs peuvent traiter. Mais avec la rentrée qui approche, des parents s’insurgent contre le manuel, et contre les cours d’éducation sexuelle à l’école. Une pétition demandant leur suppression a circulé ces derniers temps, atteignant quelque 6 000 signatures jeudi soir. Pour eux, l’éducation sexuelle n’a pas sa place en cours et doit être laissée au soin des parents.
Karolína Kolářová représentante du Conseil pour la défense des droits des parents estime que la façon de parler de sexualité aux enfants devrait être d’abord discutée avec les parents. D’après elle, l’école devrait avant tout apporter différents points de vue, notamment ceux de spécialistes :« Si l’école refuse de le faire, nous le prenons comme un non-respect des droits des parents. Le manuel ne nous plaît pas du tout en tant que tel. Nous aimerions que le ministre renonce au manuel complètement. Et de manière générale, nous préférerions qu’il n’y ait pas du tout d’éducation sexuelle à l’école. »
Ce vendredi, le ministre de l’Education Josef Dobeš devait rencontrer les représentants des parents en colère. Mais pour lui, pas question d’abandonner totalement l’éducation sexuelle à l’école :« Je suis tout à fait prêt à discuter de certains points concrets et à trouver un terrain d’entente commun. Mais cela n’implique évidemment pas la suppression de l’éducation sexuelle à l’école. »
Les défenseurs du maintien des cours d’éducation sexuelle à l’école arguent pour leur part que la Cour européenne a statué sur cette question, suite à un cas similaire au Danemark : le droit d’un enfant à l’éducation sexuelle prévaut sur le droit des familles à l’éducation de leurs enfants.