Polémique autour de la publication d'une liste d'espions dont certains étaient encore en activité
L’Institut d’étude des régimes totalitaires, déjà objet de plusieurs polémiques depuis sa récente création, fait à nouveau parler de lui. Cette fois-ci à cause d’une certaine négligence dans la publication d’archives mais dont il ne serait peut-être pas directement responsable. « L’Etat publie les noms de ses propres espions » titrait en une le quotidien Mladá fronta Dnes, qui a révélé l’affaire lundi matin.
En avril, l’Institut a publié une liste avec les noms complets de 380 agents transmise par les services de renseignements militaires. Le problème est que dans cette liste ne se trouvaient pas seulement des espions au service du régime communiste d’avant 1989 ; il y avait aussi des noms d’agents toujours en activité. La liste a été retirée du site internet de l’Institut en juin, mais le mal était déjà fait.
Le nom de František Masopust figurait notamment sur cette liste. Il fut jusqu’en 2002 le chargé d’affaires de l’ambassade tchèque à Moscou et est toujours directeur exécutif de la Chambre pour les relations commerciales entre la République tchèque et les Etats de la CEI. « Je sais qu’ils m’ont démasqué. Dire que ça me vexe ou que ça m’agace serait un euphémisme. Cela ne pourrait pas arriver dans un pays normal », a déclaré M. Masopust à la presse.Autre nom révélé sur cette liste : celui d’Andor Šandor, qui fut directeur des services de renseignements militaires en 2001. Il n’a jamais caché qu’il était déjà membre des services avant la révolution de velours mais ne cache pas son agacement non plus :
« Malheureusement, dans la liste transmise à l’Institut par les archives militaires conformément à la loi, même les noms de ceux qui ont travaillé pour les services de renseignements après 1992 ont été transmis. Après cette date, tous les individus qui sont restés agents ont été auditionnés, contrôlés et jugés aptes à continuer. Je considère comme particulièrement indélicat qu’ont également été les noms de ceux qui travaillaient à l’étranger avec une couverture civile, notamment dans les ambassades tchèques ou autres institutions. »
Le directeur provisoire de l’Institut des régimes totalitaires, Zdeněk Hazdra, concède que la publication de cette liste pose des problèmes de sécurité pour les individus concernés. Le chef des archives des services de sécurité, Ladislav Bukowský, a été renvoyé à cause de cette affaire. Les services de renseignements militaires, qui ont transmis la liste, ont tenté avec peu de succès de rejeter la faute sur l’Institut.Cela fait néanmoins une controverse de plus à l’actif de cet Institut d’étude des régimes totalitaires. Son nouveau directeur (ou sa nouvelle directrice), qui devrait être nommé dans moins de deux semaines, va devoir s’employer à redorer le blason de cette institution vieille de trois ans seulement.