Cérémonie commémorative à la mémoire du village martyre de Ležáky

Photo: CTK

Le président de la République Václav Klaus, des invités étrangers et des centaines de personnes ont participé ce dimanche à une cérémonie en mémoire des 51 habitants du village de Ležáky, victimes du massacre commis par les nazis il y a 68 ans de cela, en représailles de l’attentat contre Reichsprotektor, Reinhardt Heydrich.

Václav Klaus,  photo: CTK
Après avoir déposé une gerbe en l’honneur des victimes, Václav Klaus a souligné que la tragédie de Ležáky avait sa place dans la mémoire nationale et qu’il était inadmissible qu’elle soit ignorée par les générations suivantes.

Moins connue que la commune martyre de Lidice considérée dès la fin de la guerre comme le symbole de la barbarie nazie, le petit village de Bohême orientale, Ležáky, est incendié et entièrement rasé, quinze jours plus tard, le 24 juin 1942. Tous les habitants adultes sont exécutés sans autre forme de procès. Treize enfants sont déportés dans le camp d’extermination de Chelmno. Seules deux enfants, les sœurs Jarmila et Marie Štulíková, âgées alors de deux ans, échappent à la mort. Retrouvées dans une famille allemande et rapatriées après la guerre, elles sont les seuls habitantes de Ležáky qui ont survécu à la tragédie. Marie Jeřábková est l’une des deux sœurs :

Marie Jeřábková et Václav Klaus,  photo: CTK
« Je me rends à Ležáky mais pas seulement à l’occasion des anniversaires. Soixante-huit ans se sont écoulés depuis, et même soixante-huit ans plus tard, le souvenir reste douloureux. »

En 1941, trois groupes de résistants sont parachutés d’Angleterre sur le territoire du Protectorat de Bohême-Moravie, avec pour mission d’éliminer le Reichsprotektor. L’un d’entre eux, Jiří Potůček, du groupe Silver A, trouve refuge à Ležáky. Avec son émetteur caché d’abord dans une carrière puis dans le moulin du village, il envoie chaque jour des dépêches en Angleterre. Plusieurs habitants de Ležáky sont directement impliqués dans les activités de résistance. Après la mort de Heydrich, la piste de l’attentat mène dans ce village. La Gestapo y découvre l’émetteur clandestin servant à maintenir le contact entre la résistance locale et le gouvernement tchécoslovaque en exil à Londres. C’est ainsi que l’ordre est donné de rayer Ležáky de la carte.

Photo: CTK
Aujourd’hui, neuf pierres tombales en granit, ornées de croix, marquent l’emplacement des neuf maisons brûlées et rasées que comptaient l’ancien village de tailleurs de pierre de Ležáky. Le site est classé monument culturel. La cérémonie du souvenir s’est clôturée par la projection d’un documentaire, « Ležáky 42 » par lequel son producteur Miloš Pilař a voulu rendre hommage à l’héroïsme des gens ordinaires. La première aura lieu ce jeudi, le jour du 68e anniversaire du massacre.