Le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise : encadrer et aider les jeunes entrepreneurs
Jean-Michel Condamin est président du Centre des jeunes dirigeants d’entreprise en République tchèque : une association d’origine française qui rassemble dans plusieurs pays du monde des jeunes entrepreneurs français ou francophones.
Vous parlez des valeurs du fondateur de cette association. De quel type de valeurs s’agit-il ?
« Les valeurs importantes tournent autour d’un concept très simple. On représente des entreprises qui sont des entreprises des hommes. L’homme est au centre de l’entreprise. Ce n’est pas une ressource simplement utilisée pour faire des bénéfices, mais on doit au contraire prendre en compte de façon très importante le rôle de la personne dans l’entreprise. Ce sont des valeurs plutôt humanistes. On est tous plus ou moins capitalistes, avec des idées qui nous sont propres, mais c’est une association qui est apolitique, donc ni de gauche ni de droite ni de centre. Chacun a ses propres idées mais quand on est entre nous, on ne parle pas politique. On fait en sorte de promouvoir des solutions ou des réflexions un peu avant-gardistes concernant le comportement dans l’entreprise, concernant l’entreprise et son comportement dans la société. Donc ce sont des valeurs sociétales, économiques et humaines. »L’association s’appelle donc le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise. Y-a-t-il une limite d’âge pour faire partie de cette association ?
« Il y a une limite d’âge dans les statuts pour prendre un mandat électif, qui est de 45 ans. Mais la jeunesse n’est pas le nombre d’années que l’on a à son compteur, mais la jeunesse qu’on a dans la tête et ce que l’on fait. Il n’y a pas d’âge en soi. Les gens partent et viennent du CJD en fonction de leurs aspirations, de leurs problèmes, de ce qu’ils ont envie de trouver. On a ainsi naturellement des gens qui ont des parcours de quelques années, cinq ou six ans par exemple. Et d’autres sont dans le CJD pendant vingt ans, mais ils ont été très actifs pendant dix ou douze ans, et le reste des années, ils ont plutôt participé en tant que support – ce qu’on appelle le personnel qualifié – qui apportent leur expérience et leurs connaissances aux gens plus récents dans le mouvement. »
Pour revenir en République tchèque, vous avez parlé de la solitude d’un poste à responsabilité à l’étranger. Y-a-t-il une différence entre être un jeune dirigeant en France ou à l’étranger ?
« Je pense que les problématiques de base sont les mêmes. Le fait qu’on a besoin de prendre des décisions, que le monde de l’entreprise est un monde complexe, l’économie est un environnement complexe, et on apprend à gérer cette complexité. En général, un entrepreneur n’est pas forcément quelqu’un qui a eu tous les outils qui permettaient d’affronter ces situations. La solitude en elle-même vient de la conséquence de ne pas avoir tous ces outils. D’avoir son entreprise ou être un dirigeant salarié d’une entreprise plus importante, les problématiques sont les mêmes. On n’a pas tendance à parler de ses problèmes à sa famille ou à ses collaborateurs, parce que c’est mal perçu ou mal vécu, et encore moins lorsque l’on est un dirigeant exécutif dans un grand groupe d’en référer à son propre patron. Le CJD sert à faire cette courroie de transmission, cette soupape où on est entre nous, on parle de choses plus ou moins sensibles ou difficiles, mais on ne va pas être jugés, on ne va pas avoir de conséquences sur sa vie professionnelle ou personnelle. Et on peut même être aidé au-delà de ça, parce qu’il s’agit ici du côté partage, du côté ne pas se sentir seul, mais on peut également monter des commissions miroirs, qui nous permettent dans un cadre structuré de pouvoir avoir des idées, un regard neuf, neutre et bienveillant sur son problème. Et très souvent, on arrive à le résoudre. »Vous vous réunissez en République tchèque une fois par mois. Quels sont les thèmes qui sont abordés, à quels types de problèmes ces jeunes dirigeants sont-ils confrontés ?
« Vous parliez tout à l’heure des notions de différences entre diriger une entreprise en France et en République tchèque. La notion de différence culturelle est en effet une différence importante à prendre en compte pour arriver à bien gérer le staff que l’on a dans l’entreprise, quelque soit son niveau, et encore plus quand il y a un staff qui est multiculturel. Ce n’est pas parce qu’on est en République tchèque qu’il n’y a que des Tchèques dans l’entreprise. La gestion multiculturelle dans l’entreprise a été un des sujets que nous avons abordés cette année.
On peut aussi aborder des thèmes qui sont plus vrais dans les petites entreprises, où le dirigeant a ou peut avoir son conjoint ou sa conjointe qui fait également partie de l’entreprise. Comment gérer donc le fait d’être à la fois patron mais aussi papa ou maman, de quoi parle-t-on à la maison et de quoi parle-t-on au travail ? Quelles sont les conséquences sur les enfants et l’autre conjoint ? C’est donc la question des impacts familiaux qui peut être un sujet abordé, par exemple. Aucun sujet n’est tabou en soi, on essaie de toujours apporter un regard neuf et sincère sur nos expériences et les problématiques que l’on a pu rencontrer pendant nos expériences professionnelles. »
Y-a-t-il des thèmes ou des questions qui vous sembleraient propres à la République tchèque ?
Sur l’économie, sur ce que l’on pense de certaines situations, le CJD est consulté, non pas pour influencer, mais pour donner notre point de vue. On a une vision des choses et on la donne. Et ce sera peut-être à terme la même chose en République tchèque. Les gouvernements en feront ce qu’ils en veulent, c’est leur choix, leur travail, mais on sera là, s’ils veulent parler avec nous de ce que l’on pense pour le futur, on peut être là et présents pour leur donner des idées différentes dans tous les cas. »
www.cjd-cz.org