Anne-Marie Idrac à Prague : « Nous espérons que ČEZ choisira Areva »
C’est au moins le contrat de la décennie en République tchèque : un contrat évalué à une vingtaine de milliards d’euros portant sur « l’achèvement de la centrale nucléaire de Temelín », entre le groupe ČEZ et un des trois participants qualifiés pour l’appel d’offres. La signature est prévue pour la première moitié de l’année 2012. Le groupe français Areva est un des trois candidats. Vendredi dernier, la Secrétaire d’Etat française au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, était en visite à Prague. L’occasion pour Radio Prague de parler avec elle de cette candidature et d’autres sujets concernant les relations économiques franco-tchèques.
Avec Areva sont également qualifiés l’Américano-japonais Westinghouse et le Russe Atomstroyexport. Espérez-vous une sorte de « préférence européenne » ? Le fait qu’Areva soit un groupe européen peut-il l’avantager dans cet appel d’offres ?
« Je ne vais pas interférer dans une procédure d’appel d’offres, qui est parfaitement encadrée et pour laquelle je fais toute confiance au maître d’ouvrage pour choisir le meilleur. Et nous espérons bien qu’il choisira Areva. »
Pensez-vous qu’Areva pourrait être désavantagé par l’euro ? On a dit que ça a été le cas pour le marché récemment perdu aux Emirats arabes unis. La République tchèque n’ayant pas encore adopté l’euro, cela peut-il être un désavantage pour Areva ?
« Encore une fois je ne vais pas interférer dans le processus d’un appel d’offres qui va d’ailleurs se dérouler encore pendant un bon moment. Les atouts compétitifs d’Areva et de la France tiennent en particulier à notre expérience, au fait que nous continuons en France à investir dans le nucléaire, et aussi à notre capacité à maîtriser l’ensemble de la chaîne. Tous ces atouts, je n’en doute pas, seront pesés comme ils devront l’être par les autorités compétentes. C’est à elles d’en juger, pas à moi. »Est-ce que d’autres représentants français envisagent de venir ici pour aborder ce sujet et d’autres dans les relations franco-tchèques ?
« Nous avons des dialogues permanents. Avec aussi une conférence internationale importante cette semaine à Paris sur l’accès au nucléaire civil, en présence des représentants du ministère tchèque de l’Industrie. Nous avons ce groupe de travail, un dialogue stratégique global. Autre exemple, puisqu’il n’y a pas que l’énergie : nous travaillons de manière continue sur le sujet des fonds structurels, sur la façon des les valoriser sur les projets de transports et d’énergie. Dans le même ordre d’idée, nous avons une coopération entre les administrations sur la question des Partenariats Public-Privé. Mais vous savez, il y a de très nombreuses entreprises françaises implantées ici, donc il y a en permanence des échanges d’ingénieurs, des échanges d’experts, du business qui se fait, c’est une relation très vivace. »Il y a quelques mois, des déclarations du président Sarkozy sur de potentielles relocalisations d’entreprises avaient choqué voire agacé les Tchèques. Avez-vous senti ici un certain agacement ? Est-ce qu’il vous faut « corriger le tir » ?
Comme tous les pays, nous souhaitons évidemment que lorsqu’il y a de l’argent du contribuable, dans le respect des règles européennes, il y ait le maximum d’emplois sur notre territoire. J’ai entendu parler des ‘incentive’ qui sont apportés pour avoir des investissements en République tchèque – chacun a la même politique. La crise renforce la sensibilité aux questions de localisations, avec les avantages et les inconvénients des différentes formules. »
« Je n’ai entendu parler de rien de tel. Je n’ai entendu que des approbations et des félicitations sur la manière dont nos entreprises sont implantées, se développent. Par exemple Peugeot, mais aussi d’autres entreprises. Je n’ai pas entendu de critiques, je n’ai entendu que du positif. Je signale d’ailleurs que quand on entend parler de délocalisation-relocalisation, il n’est pas question de réduire les investissements existants par exemple ici, il est question de répartir de la manière la plus efficace possible les investissements. Il n’y a pas de réductions qui soient envisagées, en tout cas je n’en ai pas entendu parler. Vous savez, les entreprises françaises emploient 100 000 personnes en République tchèque et nous nous en réjouissons. Nous avons comme tous les pays d’Europe en ce moment le souci de l’emploi, chez nous aussi. Dans ce contexte, le débat se pose dans tous les pays mais les partenariats existants ici sont formidables.