Moriarty ou la redécouverte de l’Amérique

Moriarty

Moriarty est un groupe franco-américain qui monte. Après une dizaine d’années de galère, il est découvert par Jérôme Deschamps et Macha Makaïeff du label Naïve. Un album et des centaines de concerts plus tard, en France et à l’étranger, Moriarty peut se targuer d’un joli succès public. Musique aux accents d’une Amérique d’antan, rêvée, qui n’a peut-être jamais existé, elle prend des allures de cabaret mâtiné de folk et de blues selon les chansons et les humeurs. Ils étaient à Prague pour un concert unique, jeudi soir. Le guitariste Arthur B. Gillette, alias Arthur Moriarty, évoque leur formation.

« Il se trouve qu’on était tous plus ou moins liés aux Etats-Unis. Il y en a dont les parents sont américains, comme moi. Ou Rosemary dont le père est américain. Stéphane, le contrebassiste, c’était des réfugiés vietnamiens dont la moitié est allée aux Etats-Unis, l’autre moitié en France. C’est des histoires d’exil. »

Le nom Moriarty, ça ne vient pas du Professeur Moriarty dans Sherlock Holmes, ça vient d’ailleurs...

« On essaye de toujours réactiver une nouvelle signification car on s’est rendu compte que c’était un mot éponge. Mais à l’origine on l’avait pris d’un personnage du livre de Jack Kerouac, On the road. »

Moriarty, c’est d’abord une voix, celle de Rosemary Stanley, ou Rosemary Moriarty puisque pour les besoins de la scène vous avez tous renoncé à vos noms de famille... Moriarty, c’est aussi un son, avec des instruments classiques comme guitare sèche et contrebasse. Mais vous avez également recours à des instruments un peu particuliers, vous mêlez à la musique différents sons...

« On a fait le disque avec une immense réserve d’accessoires de théâtre. On avait des casseroles, des valises, des machines à écrire, des sonnettes d’hôtel. Et tout ça on l’entend sur le disque. »

Je ne vais pas ressortir ce qu’on dit sur votre musique : folk américain etc... J’aimerais que ce soit toi qui me dises comment vous concevez et vous définissez votre musique...

« C’est la séquence suivante. C’est un peu comme cela : on va boire beaucoup, on va jeter les verres, il y aura plein de verre partout. Il y aura peut-être trente verres, de différentes tailles, de différentes matière, peut-être du cristal de Bohême... Et on va essayer de tout recoller. Pour moi nos chansons, c’est ça... »

C’est divers emprunts à divers styles et ambiances ?

« C’est juste toutes les choses qu’il y a en chacun de nous qui sont très différentes et qui essayent de former un tout. Chacun a son histoire musicale, ses expériences, ses façons de jouer. Tout ça fait un Graal, qui est d’ailleurs très long à fabriquer. On met beaucoup de temps à faire les chansons. »

Qui compose ?

« On compose la musique tous ensemble. Et les paroles, ça part d’individus. Ca va être Rosemary ou Stéphane, le contrebassiste, ou moi. Ensuite on va essauer de s’entraider pour faire des chansons à partir de bribes de pensées. »

A propos de votre lien à l’Amérique, ça me donne quand même l’impression à l’écoute que c’est une espèce d’Amérique ancienne qui renaît, une Amérique d’antan. C’est cette Amérique-là que vous voulez faire renaître ?

« Ce qui est drôle c’est que ça dépend du point de vue. La personne qui a enregistré le disque est un Américain est né et a grandi aux Etats-Unis contrairement à nous. Pour lui notre musique est très ‘continentale’, européenne ! »

C’est ça qui est intéressant ...

« Oui ! Chacun dans ses oreilles va entendre des choses différentes... »