Les raisons pour lesquelles Litomyšl vaut le coup d’être visité
Direction aujourd’hui la ville de Litomyšl, en Bohême orientale. Il existe en effet plus d’une bonne raison de vous y inviter : il y a de cela 750 ans, Litomyšl a été élevé au rang de ville, et depuis dix ans, le château Renaissance de Litomyšl figure sur la Liste du patrimoine de l’UNESCO. La ville se présente aussi comme un centre de musique, avec une nouvelle exposition permanente de pianos historiques venant des collections du Musée de la musique tchèque, sans oublier le fait bien connu que Litomyšl est le lieu de naissance du compositeur Bedřich Smetana. Un festival d’opéra portant son nom y est organisé tous les ans à sa mémoire.
« Dans ce théâtre, des comédies et des vaudevilles étaient donnés en allemand mais aussi en français, »
raconte Helena Slepičková, guide au château de Litomyšl où la musique retentissant de ses intérieurs invite à la visite :
« Le château de Litomyšl a été édifié au milieu du XVIe siècle pour servir de résidence familiale privée à Vratislav Pernštejn, chancelier suprême du royaume de Bohême. Il s’organise sur un plan carré autour d’une cour à arcades. Les chambres sont spacieuses et claires, pleines de lumière, et très confortables, en accord avec les exigences de la Renaissance italienne. »Litomyšl est une ville d’un peu plus de 10 000 habitants, située à 150 km à l’est de Prague. Par son architecture et ses traditions, elle est un véritable musée en plein air. Les maisons Renaissance à arcades bordant la grande place ovale, ainsi que le noyau historique de la ville, sont classés site protégé depuis le milieu des années 1960. Une trace française s’est conservée dans les armoiries de la ville : le lis d’argent qui y avait été introduit par les Prémontrés français, co- fondateurs, au XIIIe siècle, d’un couvent à Litomyšl.
La construction du château a été confiée à l’architecte italien Giovanni Batista Aostali. La résidence est réputée notamment pour sa riche décoration de sgraffites sur les murs extérieurs : environ 8 000 sgraffites aux motifs différents. Certains d’entre eux représentent justement Vratislav Pernštej ; dit le Splendide, décoré pour ses mérites par le roi Philippe II d’Espagne de l’ordre de la Toison d’or. Le château était un témoignage de l’amour de Vratislav à son épouse, la princesse espagnole Maria Manrique de Lara. C’est elle qui a ramené d’Espagne en Bohême la statuette du petit Jésus que sa fille Polyxène allait offrir, plus tard, aux Carmélites praguoises. Le château propose trois circuits de visites : le premier nous conduit dans les salles représentatives et le théâtre baroque conservant les anciennes décorations scéniques, œuvre de Josef Platzer, peintre à la cour de Vienne, scénographe du théâtre Nostic à Prague et décorateur des opéras de Mozart. Le deuxième circuit est plus intime, il nous conduit dans les cabinets privés, des appartements réservés aux hôtes et des boudoirs. Le troisième, et le dernier pour le moment, propose une nouvelle exposition d’instruments historiques à clavier issus des collections du Musée tchèque de la musique. Chacun des instruments exposés est un objet unique et rare. On peut s’y familiariser avec les ancêtres du piano moderne : le clavecin et le clavicorde qui a vu le jour au XVe siècle. L’évolution parallèle du clavicorde et du clavecin a continué jusqu’au début du XIXe siècle, explique Petr Šefl du Musée tchèque de la musique et auteur de l’exposition :« Dans ces instruments, en général, le son est produit par l’enfoncement des touches. Dans le cas du clavecin, c’est un principe mécanique, peu importe s’il est simple ou sophistiqué, quand le son est produit par la vibration des cordes frappées par des marteaux en bois, le seul matériel utilisé dans les instruments primitifs. »
« Le clavicorde ne possède pratiquement pas de mécanique : à la fin de la touche, il y a une barre métallique qu’on appelle la tangente et qui, en frappant la corde, la fait vibrer. Une particularité qui distingue le clavicorde des autres instruments à clavier : la possibilité de prolonger et d’accentuer le son à l’aide du vibrato. »La plus grande place dans cette nouvelle exposition est réservée aux pianos forte et aux pianos à queue historiques :
« Quant on dit piano à clavier de la famille des cordes frappées, on entend par là un instrument historique dont l’évolution débute pratiquement dès sa création par l’Italien Bartolomeo Cristofori, après 1700. Le plus ancien piano-forte conservé date de 1711. L’âge d’or, ou l’époque classique du piano forte, se situe entre les années 1790 et 1850. »
L’exposition de pianos historiques au château de Litomyšl permet au visiteur de toucher les instruments ayant appartenu à des compositeurs célèbres comme Rudolf Friml, ou Zdeněk Fibich dont le piano à queue de marque Schreiber fabriqué à Vienne compte parmi les plus précieux.
Le château de Litomyšl se visite tous les jours sauf le lundi, et cela jusqu’au 31 octobre, date à laquelle il fera ses adieux à la saison estivale par une excursion nocturne. Pendant les mois d’hiver et jusqu’au début de la nouvelle saison qui commence le 1er avril dans les châteaux tchèques, les visites au château de Litomyšl sont possibles sur réservation.