Toutes les facultés des écoles supérieures en République tchèque subiront un audit. La ministre de l’Education entend procéder à cette inspection suite au scandale de plagiat, de falsification de diplômes et de chaos dans la direction de la faculté de droit de Plzeň.
L’affaire qui ébranle la faculté de droit de Plzeň de l’Université de Bohême de l’Ouest est la plus grave et la pire du système de l’enseignement tchèque depuis 1989. Au début, il y eut la mise au jour du plagiat commis par le vice-doyen de la faculté. Depuis, le scandale revêt des dimensions dont il est difficile d’évaluer la portée : des thèses qui ne sont pas cataloguées et font défaut dans la bibliothèque de la faculté, la thèse d’un assistant actuel enseignant le droit civique disparue au début de l’affaire, et réapparue ces derniers jours, dans une reliure toute fraîche, comme une expertise le confirme. Des soupçons sur la durée et la qualité des études de droit planent sur environ 400 personnes, dont des politiciens, des avocats, des policiers, des huissiers de justice… Les études qui durent normalement cinq ans ont été terminées dans certains cas en moins de deux mois. Selon le serveur Aktualne.cz, le maire de Prague 5, les maires de Litvínov et de Teplice, ainsi qu’un eurodéputé de l’ODS, ou encore l’ancien premier ministre Stanislav Gross sont parmi les personnes ayant obtenu leur « petit » doctorat ou le titre de docteur en droit à la faculté de droit de Plzeň…
Jiří Pospíšil (à gauche), photo: CTK
D'après Jiří Pospíšil, ancien ministre de la Justice, lui-aussi un ancien diplômé de la faculté de Plzeň chargé d’exercer par intérim le poste de doyen, les procédures d’obtention du grade de docteur seront mises en suspens, en attendant le résultat de l’enquête. De même, on prépare la saisie de diplômes en procédure administrative aux personnes qui ne les avaient pas obtenus en bonne et due forme.
Miroslava Kopicová, photo: CTK
Ce dimanche, la ministre de l’Education Miroslava Kopicová a annoncé dans un débat télévisé en quoi consistera l’audit réalisé par son ministère dans les facultés :
« Nous commençons avec les contrôles de toutes les facultés de droit, et nous continuons à vérifier l’ensemble des facultés du pays. En premier lieu, ce seront les facultés des écoles supérieures publiques, suivies de celles qui sont privées. Je m’apprête à me rendre en Slovaquie qui avait déjà réalisé un audit de toutes ses écoles supérieures et je voudrais me servir de leur équipe, hormis une commission d’accréditation mise en place par notre ministère. »
Nous rappellerons les propos de la présidente de cette commission Vladimíra Dvořáková, professeur en sciences politiques à l’Ecole supérieure d’économie à Prague : la remise des titres aux personnalités connues sans qu’elles n’aient fait et terminé leurs études régulières a été une tentative de la mafia d’engager des fonctionnaires haut placés pour obtenir l’accès à des postes clé. Pour elle, cette affaire est d’autant plus grave que la sécurité du pays était en jeu.