Une commission parlementaire va enquêter sur le scandale à la Faculté de droit de Plzeň
Le plus gros scandale que connaît l’enseignement supérieur tchèque depuis 1989 va faire l’objet d’une enquête de la commission parlementaire créée ad hoc, mardi, à la Chambre des députés. C’est déjà la énième commission, après les commissions universitaire, ministérielle, de la police anti-corruption et d’accréditation, toutes créées dans le même but : résoudre l’affaire de plagiat et de falsification de diplômes à la Faculté de droit de l’Université de Bohême de l’Ouest à Plzeň.
La nouvelle commission parlementaire a jusqu’au mois d’avril pour élucider un vaste système de plagiat, de falsification de la durée des études, et le soupçon de corruption pour l’obtention de diplômes. Le nombre des dits « diplômés turbo », comme on surnomme ces étudiants à cause de la rapidité de leurs études qui, dans certains cas, n’ont duré que deux mois, s’élève à plus de 400. La situation d’une trentaine d’entre eux est grave au point qu’une procédure administrative de retrait de titres est envisagée par le vice-recteur de la faculté, František Ježek.
La commission parlementaire a été constituée à la Chambre des députés à l’initiative du Parti social-démocrate (ČSSD) aux yeux duquel le nouveau doyen, Jiří Pospíšil, ancien ministre de la Justice et membre du Parti civique démocrate (ODS), ne représente pas une garantie suffisante pour que l’affaire ne soit pas jetée aux oubliettes. La mission de Jiří Pospíšil, qui entend restaurer la réputation de la faculté, ne sera pas facile, d’autant que parmi les étudiants suspects, les noms des membres de l’ODS, dont la maire de Chomutov Ivana Řápková ou le député Marek Benda, sont nombreux :« Je dois redoubler d’attention et veiller strictement à ce que toutes ces affaires soient élucidées. »
La commission n’aura pas la tâche aussi facile qu’avec le chef de la Police municipale de la ville de Plzeň, Luděk Hosman, qui a donné, mardi, sa démission à cause du plagiat de sa thèse à la faculté de Plzeň. Le député ODS et chef de la commission du droit constitutionnel Marek Benda refuse de renoncer à ses fonctions, après la diffusion d’un reportage de la télévision publique dont il ressort que sa thèse ne répondait pas aux critères requis.
L’affaire à la Faculté de droit de Plzeň n’est pas récente et fait penser à la série télévisée italienne La Pieuvre. C’est ce que confirme la présidente de la commission d’accréditation Vladimíra Dvořáková, professeur en sciences politiques à l’Ecole supérieure d’économie, et la première à avoir dit à voix haute de quoi il en retournait dans cette affaire : « d’un système bien organisé et d’une tentative de la mafia d’engager des fonctionnaires haut placés pour obtenir l’accès à des postes-clés dans l’administration, la justice, la sécurité, l’entreprise. »
L’affaire n’est ni nouvelle, ni isolée, comme l’écrit le quotidien Právo dans son édition de mercredi : cette même faculté de Plzeň a fait face, dans un passé récent, au problème de reconnaissance des diplômes de droit obtenus à l’Université d’Etat de l’Ukraine subcarpatique. Hormis la Faculté de droit de Plzeň, c’est aussi la Haute Ecole administrative et financière de Prague qui semble être placée devant le problème de qualité et de la durée de ses études.
Aux dernières nouvelles, le procureur général, Renáta Vesecká, a décidé de vérifier les diplômes de tous les représentants de l’Etat, et ce afin de calmer l’opinion publique dont la confiance dans le droit risque d’être compromise suite à ce scandale sans précédent.