Le téléfilm tchèque "Ma fille chérie" primé à La Rochelle
Le 11ème festival de la fiction TV qui se tenait à la Rochelle vient de récompenser le film tchèque « Ma fille chérie » en lui attribuant le prix du meilleur film dans la catégorie des films européens. Réalisé par Petr Slavik, il fait partie d’une série de téléfilms intitulée « Les pièges privés » et diffusée par la chaîne de télévision Nova. Le sujet est particulièrement sensible : un beau-père qui abuse de sa belle-fille, une adolescente de 15 ans. Carole Villevet, du festival de La Rochelle, s’est occupée de la sélection des films européens. Elle explique pourquoi c’est le film tchèque qui a été choisi.
« C’est une sélection parallèle à la compétition officielle du festival de la Rochelle, et elle met en compétition des films sur deux critères principaux. Le premier, c’est la qualité artistique du film et le deuxième est sa capacité à rassembler le public puisque ce qui nous intéresse sont des fictions qui ont connu beaucoup de succès dans leur pays respectif. Cette compétition européenne existe depuis trois ans et cela fait deux ans que nous remettons un prix. »
Avez-vous déjà eu des films tchèques auparavant ?
« Non, c’est la première fois que nous avons un film tchèque dans la compétition. »
Le thème du film tchèque est un sujet grave et sensible. Quels sont les thèmes que l’on retrouve dans les films que vous avez sélectionnés ?
« Il y a absolument de tout, puisqu’on avait une fiction jeunesse polonaise qui était très légère, une série de cape et d’épée espagnole, une série policière portugais. Tous les genres étaient représentés. Et c’est aussi le but du jeu, de montrer la diversité de la production européenne. »Le film tchèque a reçu le prix du meilleur film. Le jury est composé de journalistes français. Qu’est-ce qui à votre avis les a touchés dans ce film ?
« Ils ont d’abord trouvé que le film était remarquablement bien réalisé et surtout extrêmement bien interprété. Et surtout on aborde un sujet qui est l’inceste, d’une manière tout à fait originale et bouleversante, ce qu’on ne pourrait pas voir a priori sur une chaîne française. Sur le thème de l’inceste, les scénaristes et les réalisateurs n’ont pas du tout choisi la facilité. Au contraire, ils ont choisi de secouer le public pour plaider une cause, qui est ce problème-là. C’est fait de manière extrêmement efficace. C’est un film qui bouleverse, c’est vraiment un film coup de poing, mais qui est en même temps d’une grande sobriété et je pense que c’est cela qui a beaucoup plu au jury. Parce qu’il est extrêmement poignant, on ne tombe pas du tout dans la facilité avec un happy end à la fin et il secoue vraiment le public en abordant un problème de société très grave. »
Vous dites que le film est construit pour plaider une cause. De quelle cause s’agit-il ?« Le film fait partie d’une collection de douze films qui ont tous un sujet commun : ce sont des sujets de société qui touchent les femmes. On a le divorce, la femme qui travaille et qui doit choisir entre sa vie privée et sa vie publique, et on a avec ce film avec le problème de l’inceste. C’est un problème de société qui est traité avec une telle force, et finalement sans beaucoup de morale à la fin, donc c’est un film qui en devient choquant. Le traitement même de ce sujet qui est un sujet de société très grave est très original. Donc il en devient choquant. C’est un film fait pour choquer et il atteint vraiment son but. »
Est-ce que ce film a des chances, notamment grâce au prix reçu au festival de La Rochelle, d’être diffusé dans d’autres pays européens et notamment en France ?« J’espère que oui. Il y a eu des contacts pris à La Rochelle par la productrice tchèque qui était présente et j’espère qu’une chaîne française va l’acheter, évidemment. »
Le film « Ma fille chérie » a été diffusé sur la chaîne privée Nova il y a quelques mois. Il est disponible en DVD avec d’autres films de la série « Les pièges privés ». Grâce au prix de La Rochelle et au succès public, les producteurs et réalisateurs du projet préparent déjà une nouvelle série de téléfilms, « Les pièges privés 2 ».