Lucie Laitlova : « Il y a assez de place pour le cidre sur le marché tchèque »

Du cidre français dans le pays de la bière : c’est le défi que lancent Lucie Laitlová et Jan Laitl, deux jeunes entrepreneurs qui ont décidé de faire entrer sur le marché tchèque cette célèbre boisson alcoolisée traditionnelle à la pomme.

Lucie Laitlová : « Nous importons, avec mon partenaire, un cidre breton. Nous le faisons depuis 2 mois, donc c’est vraiment le début. Mais cela fait quatre ans que nous réfléchissons comment le faire. J’avais pensé que des grandes entreprises allaient le faire mais je me suis rendue compte qu’il n’y avait toujours pas de cidre ici en République tchèque. De plus, entre temps, j’ai créé une association à but non lucratif qui s’appelle ‘francophile’. Nous avons une page web, www.francieinfo.cz, pour les Tchèques, qui est en tchèque. Je me suis dit que ce serait encore une activité en plus. Nous avons donc cherché un producteur. Nous avons d’abord trouvé un producteur en Normandie mais quand nous avons discuté avec les patrons de cafés et de bars en République tchèque, ils ont demandé du cidre dans de petites bouteilles, parce que le prix est assez élevé. Si on le compare au prix de la bière, c’est mieux de le vendre dans des petites bouteilles. Concernant le cidre à la pression, il est encore tôt pour le faire parce que les gens ne connaissent pas encore assez bien pour en boire tous les jours comme cela se fait en France.

Nous avons donc commencé à chercher quelqu’un qui vend en petites bouteilles. Nous avons trouvé deux ou trois producteurs et le meilleur est le cidre Val de Rance que nous avons trouvé en Bretagne. C’est un très bon cidre et c’est vraiment 100% pur jus. C’est fait en première pression parce que souvent les grandes entreprises font de la deuxième pression, ils le mélangent avec de l’eau et du sucre donc la qualité n’est pas assez bonne.

Il existe aussi des cidres très chers, qui coutent 20 euros la bouteille, mais il est encore trop tôt pour les distribuer en République tchèque. Je pense donc que nous avons trouvé un très bon producteur pour ce produit. »

Est-ce que cela coûte cher d’importer du cidre français en République tchèque ?

« Pour l’instant, ça nous coûte assez cher, nous ne dégageons pas encore assez de profit. C’est parce que nous n’importons pas encore en grande quantité. Mais après deux mois, nous avons déjà une chaine de 15, peut-être presque 20 cafés et bars à Prague. Et tous les trois ou quatre jours, nous en ajoutons d’autres. Nous allons donc faire une prochaine commande qui sera encore plus grande ce qui veut dire que ça nous reviendra moins cher pour le transport. Je pense que d’ici six mois, on pourra faire plus de profit avec une plus grande quantité. »

Comment avez-vous trouvé les restaurants qui achètent le cidre et vers quel type d’établissement vous vous tournez ?

« Nous avons beaucoup d’amis dans les cafétérias et dans les bars. Mon frère a le café ici à Kampa [Kavarna Mlyn] et depuis 18 ans, j’ai travaillé dans beaucoup de cafés. Donc nous avons d’abord contacté tous nos amis qui ont des cafés et des bars. J’habite à Letna où il y a deux crêperies donc nous y distribuons notre cidre. Maintenant, nous commençons aussi à contacter d’autres cafés où nous ne connaissons pas forcément les patrons mais ça commence à bien tourner parce que nous avons été présents au festival de musique United Island pendant le mois de juin dans le centre de Prague et beaucoup de gens sont venus qui avaient plaisir à boire le cidre, qu’ils soient Tchèques ou Français, et même anglais. Il y avait aussi plusieurs patrons qui nous donné leur contact pour pouvoir avoir du cidre chez eux. Donc je pense que l’intérêt des gens est croissant et je pense qu’il y a assez de place pour le cidre sur notre marché. »

La République tchèque est le pays de la bière et la bière paraît face au cidre un concurrent redoutable. Est-ce que les Tchèques aiment le cidre français ?

« Ce sont surtout des gens qui ont voyagé, qui connaissent le cidre de France, d’Angleterre ou d’Espagne. Donc ces gens attendent toujours du cidre en République tchèque mais ils n’avaient pas trouvé jusqu’à présent. Maintenant ils se réjouissent de trouver du cidre, ils en profitent et en achètent. On ne sait pas combien de temps ça va durer. Pour le début, le consommateur achète même si c’est plus cher que la bière mais on ne sait pas si cet intérêt va durer parce que le cidre est bon. Mais je pense qu’il y a de la place, et si cette consommation augmente, les cafés vont commencer à réfléchir au cidre à la pression parce que ça deviendrait beaucoup moins cher et cela pourrait faire concurrence à la bière. »

Et avez-vous la possibilité d’importer ce cidre en pression ?

« Oui, le producteur a aussi du cidre en pression. En plus, il l’a dans des tonneaux qui sont écologiques, et il n’est pas nécessaire de les rendre. On peut les détruire ici en République tchèque de façon écologique. Ils peuvent durer presque 21 jours, ce qui est vraiment très bien. Ainsi, le patron du café ne doit pas avoir peur de ne pas finir avant l’expiration. Dans les cafés plus chics, comme le café Louvre, dans les cafés de cette qualité, je pense que les petites bouteilles élégantes ont plus leur place que le cidre en pression. »

Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
On l’imagine facilement comme une boisson féminine. Est-ce que le cidre n’est pas une alternative à la bière pour les femmes ?

« Oui, il y a beaucoup de femmes qui adorent le cidre mais aussi des hommes et ça me parait très intéressant que les hommes préfèrent le cidre doux et les femmes le cidre brut. D’habitude c’est le contraire, les femmes boivent des alcools plus sucrés par rapport aux hommes. Parmi nos connaissances, il y a des hommes qui préfèrent le cidre doux. »

Quels sont vos projets ? Avez-vous également l’intention d’ouvrir un magasin par exemple ?

« Nous n’avons pas d’intérêt à ouvrir un magasin mais ce serait très sympa d’ouvrir un café qui pourrait s’appeler ‘cidrarna’ ou quelque chose de ce type où l’on pourrait avoir des cidres de différentes marques, de différents producteurs et de différentes qualités, en pression ou en bouteille, et l’associer peut-être avec des crêpes ou des aliments français. Mais c’est encore simplement une idée. »

www.francieinfo.cz/cz/uvod/cidre