Le roi du contre-ut à Prague

Juan Diego Flores, photo: CTK
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Les amateurs tchèques du bel canto jubilent. C’est en effet pour ce vendredi que le Festival Printemps de Prague a préparé pour eux un cadeau sublime sous la forme d’un récital dans la grande salle du Rudolfinum de Prague. Son programme est composé d'airs d’opéras de Rossini, de Bellini et de Donizetti interprétés par Juan Diego Flores, chanteur de rêve qui se produit pour la première fois en Tchéquie.

Juan Diego Flores,  photo: CTK
Le public tchèque connaît le ténor péruvien grâce aux disques et surtout grâce aux retransmissions en direct dans certains cinémas du pays des productions du Metropolitan Opera de New York. Pourtant rien ne peut égaler la présence physique de l’idole et il est donc inutile d’ajouter que son récital pragois est donné à guichets fermés. A 36 ans, Juan Diego Flores est sans doute le ténor le plus adulé de la planète. A l’issu d’une conférence de presse donnée dans la capitale tchèque, il a évoqué au micro de Radio Prague les débuts de sa carrière:

«Cela est arrivé quand j’ai commencé à étudier surtout pour chanter la musique pop. Et lors de mes études dans diverses académies, je me suis rapproché petit à petit de la musique classique. Et puis je suis entré au conservatoire, ce qui était alors surtout dû à mes relations avec le chœur national. C’est en chantant avec le chœur que j’ai découvert un autre répertoire et décidé de me consacrer à la musique classique.»

Selon l’un des organisateurs du festival, Antonín Matzner, il n’a pas été facile d’amener Juan Diego Flores à Prague :

«Nous avons cherché à obtenir son engagement pour le festival Printemps de Prague depuis 2002, c’est-à-dire depuis le moment où son étoile est montée vertigineusement après ses débuts au Metropolitan Opera de New York. Nous avons cherché depuis à faire coordonner le calendrier de ses engagements avec le programme du Printemps de Prague, et malgré cela il nous a fallu attendre son arrivée pendant sept ans.»

Le chanteur péruvien semble être né pour l’opéra. Il a pourtant mis un certain temps pour découvrir sa vocation :

«Cela ne vient que peu à peu, il n’y a pas un moment précis lors duquel on la découvre. C’est une évolution. Au Curtis Institut de Philadelphie j’ai chanté par exemple Le barbier de Séville et Le voyage à Reims, et j’y ai fait la connaissance d’Ernesto Palacio. J’ai alors commencé à étudier avec lui aussi en Italie, peu à peu ma voix s’est ouverte à ses possibilités virtuoses et j’ai compris qu’elle était apte à chanter surtout Rossini et le bel canto. Mais cela ne s’est pas fait d’un seul coup de baguette magique. Cela ne vient que peu à peu.»

Le virtuose de la voix qui allie les magnifique aigus au très beau timbre a préparé pour le récital pragois entre autres l’air « Ah mes amis » de l’opéra « La Fille du régiment » de Donizetti avec une époustouflante série de plusieurs contre-ut qui met toujours le public en ébullition. Cependant, même ceux parmi les spectateurs qui ne sont pas friands d’acrobaties vocales peuvent se délecter de la beauté de la voix et de la musicalité du roi du contre-ut.