Un tableau de Toyen acheté aux enchères pour une somme de départ record
20 millions de couronnes : tel était le montant de la mise à prix du tableau surréaliste « L’Endormie » de Toyen, célèbre peintre tchèque exilée en France, lors de sa vente aux enchères, dimanche, à Prague. Bien que ce prix de départ ait été le plus élevé dans l’histoire des ventes aux enchères en République tchèque, le tableau n’a finalement pas battu le record de prix de vente.
« Une certaine satisfaction règne, évidemment, du fait qu’un tableau de cette valeur ait été vendu pour sa valeur minimale. On pourrait bien sûr encore bagarrer. »
L’acquéreur – une dame - reste dans l’anonymat. Une chose semble toutefois certaine : le tableau, réalisé en 1937 à Prague et acheté un an plus tard par une famille anglaise, retourne, plus de 70 ans après, en Tchéquie.
Maintes fois dans le passé, le personnage du tableau est apparu sur des affiches et des cartes : une fille mystérieuse vêtue d’une robe blanche, toute seule au milieu d’un paysage, tenant un filet à papillons qui ne viendront jamais dans ce pays désert. Le public a pu admirer le tableau en 2000 lors d’une rétrospective praguoise de l’artiste surréaliste tout à fait singulière, née en 1902 à Prague et décédée en 1980 à Paris. De son vrai nom Marie Čermínová, Toyen a choisi le pseudonyme dérivé du mot français citoyen en signe de son admiration pour les idéaux avant-gardistes de la France, où elle a d’abord séjourné après 1925 avant de s’y établir en 1947 fuyant le communisme en Tchécoslovaquie. Les 20 millions de couronnes pour lesquelles « L’Endormie » de Toyen a été vendue est le deuxième prix le plus élevé après celui offert pour le tableau de František Kupka et devant celui du tableau d’Oscar Kokoschka « London ». Un nouveau record pourrait toutefois être établi dès ce mercredi où la société Art Consulting offrira un autre tableau de Kupka « En dégradés /Verticales/ ». Le prix de départ de ce tableau a été fixé à 20,5 millions de couronnes. Vladimír Lekeš, de la galerie qui organise la vente, ne doute pas que les intéressés seront nombreux :« Le marché des objets d’art ne ressent aucune crise financière. Les œuvres de qualité des auteurs réputés qui ont été présentées aux expositions sont vendus pour des sommes astronomiques. »
Les connaisseurs d’art ainsi que les économistes sont unanimes pour dire que la récession économique aide paradoxalement le marché des objets d’art en République tchèque. Pour Michal Šeba, celui qui a acheté ce dimanche Toyen y a déjà gagné. L’année écoulée, le chiffre d’affaires des objets d’art vendus aux enchères a atteint un milliard de couronnes.