A Chomutov, les personnes endettées privées d’allocations sociales
La mairie de Chomutov, en Bohême du Nord, a décidé de saisir une partie des allocations sociales versées par la municipalité à une partie des habitants de la ville. Des mesures à l’encontre de débiteurs qui touchent principalement la population rom.
« La forme et la manière choisies pour régler ce problème ne nous semblent pas appopriées d’un point de vue éthique et humain. Les lois tchèques nous donnent raison comme celle sur les saisies, celle sur les allocations sociales et également le Code civil en vigueur. »
Jusqu’à ce week-end, les protestations contre cette mesure de la mairie avaient été nombreuses, soutenues notamment par le ministre chargé des droits de l’homme et des minorités qui la considère comme illégale. Mais au sein du gouvernement, une voix dissonante s’est faite entendre : le ministre de l’Intérieur, Ivan Langer, a pris la défense d’Ivana Řápková, qui a monté cette opération baptisée ‘Cercle de secours’ pour, dit-elle, « protéger les honnêtes citoyens » :« Je représente les honnêtes citoyens et je vais défendre leurs droits à une vie correcte. Je conseillerais à ceux qui protestent contre ces mesures d’échanger leur appartement contre celui d’un de nos habitants où jusqu’à l’aube il y a du bruit, alors qu’on doit aller au travail, où au petit matin vous n’avez plus de rétroviseurs à votre voiture... »
Une position intransigeante que certains qualifient de populisme et de racisme, quand on sait que 80% des habitants concernés sont des Roms. Mais une accusation de racisme que réfute la maire de Chomutov.Ces saisies concernent plus d’un millier et demi de personnes, et d’après la municipalité, l’opération est une réussite puisque des dizaines de personnes viendraient régler leurs dettes pour éviter l’intervention des huissiers. La municipalité d’une autre ville du nord de la Bohême, Litvínov, a également fait savoir qu’elle envisageait des mesures similaires. Cette région est particulièrement touchée par le chômage et la précarité des populations roms. Il y a trois mois, d’ailleurs, cette ville avait été le théâtre de violents affrontements entre des partisans de l’extrême-droite et la police, rappelant que les problèmes de cohabitation entre Roms et non-Roms et la montée du nationalisme restent un problème majeur en République tchèque.