Une statue française en l’honneur de Jan Palach a été dévoilée à Mělník

Václav Klaus et Bruno Le Maire, photo: CTK

Le nom de Jan Palach est largement décliné ces derniers jours, 40 ans après son immolation par le feu. Par ce sacrifice, Palach espérait réveiller la nation. Cette nation qui après un bref souffle de liberté et d’espoir qui n’a duré que le temps du fameux Printemps de Prague, s’est soumise tant bien que mal à l’obéissance, imposée par la botte soviétique. Parmi les nombreux actes commémoratifs qui accompagnent cet anniversaire, une cérémonie aux couleurs franco-tchèques qui s’est déroulée lundi après-midi, dans la ville de Mělník, près de Prague.

Václav Klaus et Bruno Le Maire,  photo: CTK
Des centaines de personnes, Tchèques et Français, ont assisté au dévoilement d’une statue de provenance française en hommage à Jan Palach. La cérémonie s’est déroulée devant le lycée que Jan Palach fréquentait et qui porte désormais son nom. Le président de la République Václav Klaus a souligné à cette occasion :

« Nous tous qui sommes réunis ici, ainsi que beaucoup de gens chez nous et dans d’autres pays du monde, apprécions à leur juste valeur le sens, l’objectif et l’importance du geste fait par Jan Palach. Nous le considérons comme un sacrifice suprême. Nous avons beaucoup d’estime pour ce sacrifice. Pour nous c’est un miroir dans lequel se reflètent nos actes et nos attitudes personnelles. Pour nous, c’est un défi ».

Photo: CTK
La cérémonie de Mělník a accueilli également Bruno Le Maire, secrétaire d’Etat français chargé des Affaires européennes qui voit dans Jan Palach « le visage de l’Europe humiliée » et dont le souvenir demeure toujours vivant.

« Il demeure très vivant, en tout cas en France. C’est pour nous vraiment l’exemple du courage, l’exemple de la liberté, l’exemple de la résistance face au totalitarisme. C’est la raison de ma présence ici aux côtés du président Václav Klaus, aux côtés du vice-premier ministre Saša Vondra. Je voulais témoigner du souvenir très fort qu’a laissé le geste de Jan Palach en France… Ce geste fait également très clairement partie de la mémoire européenne. Je crois qu’il ne faut jamais oublier que l’Europe, une partie de l’Europe, s’est construite dans la résistance au totalitarisme, dans la résistance au communisme et c’est quelque chose qui doit nous inspirer pour les années à venir. Résister à tous les totalitarismes, c’est un des piliers de la construction européenne, une des valeurs fondamentales de l’esprit européen ».

La statue en hommage à Jan Palach, de plus de trois mètres de hauteur représente une silhouette en flammes. Elle est l’œuvre du sculpteur français d’origine hongroise, András Beck, aujourd’hui décédé. Créée en 1969, ce n’est que maintenant, après de longues péripéties, que cette œuvre arrive en Tchéquie, comme son auteur l’aurait souhaité. On écoute un témoignage de Mme Madeleine Van Waeyenberghe, présidente de l’Association des amis d’András Beck.

« Pendant toute sa vie, il a rêvé que cette sculpture vienne à Prague, en République tchèque. Et aujourd’hui, c’est vraiment la réalisation d’un rêve qui nous touche beaucoup. On a fait beaucoup d’efforts, tout le monde a fait énormément d’efforts pour que ce projet soit mené à bien. Et il s’est finalement réalisé dans une espèce de grande communion commune affective et européenne. C’est un très beau projet, parce que c’était un projet enthousiasmant. Toute son équipe, tout l’atelier a été enthousiasmé. Ils avaient tous le sentiment de participer à quelque chose de très important, de symbolique et d’universel ».

Photo: Carlos Ferrer
Les origines hongroises ont-elles jouées un rôle important dans la décision d’András Beck de créer cette sculpture?

« Bien sûr, parce que lui-même avait souffert en 1956 après la révolution, il a souffert du régime soviétique et il s’est exilé en France. Donc, le geste de Jan Palach avait des résonances avec son propre destin…Maintenant, c’est une grande joie, mais il y a aussi beaucoup de gravité. »

L’édition de ce mardi du quotidien Mlada fronta Dnes rappelle que l’immolation par le feu de Jan Palach a provoqué dans le pays une vague de près d’une trentaine d’actes d’autodestruction semblables. Selon les historiens, deux d’entre eux seulement, perpétrés par Jan Zajíc et Evžen Plocek, avaient des motifs clairement identiques à celui de Jan Palach.