Presse : quelle importance les Tchèques accordent-ils à la politique et à la culture ?

Cette nouvelle revue de presse se penche d’abord sur l’intérêt que les Tchèques portent à l’actualité politique et aux activités culturelles. Un mot ensuite sur l’augmentation du nombre d’adolescents qui souffrent de problèmes psychiques. Autres sujets traités : le 55e anniversaire de la mort de l’étudiant Jan Palach, qui s’est immolé par le feu à Prague et une récolte de fruits plus mauvaise que jamais en Tchéquie.

« Les Tchèques détournent le regard de la politique », peut-on lire sur le site Seznam Zprávy, qui se demande si c’est là la faute du gouvernement de Petr Fiala ou du leader de l’opposition et chef du mouvement populiste ANO Andrej Babiš, ou encore s’il s’agit d’un problème plus complexe :

« Pas besoin d’être sociologue ou politologue pour constater que le ras-le-bol des Tchèques pour la politique ne cesse d’augmenter. Un constat confirmé par une récente enquête de l’agence CVVM selon laquelle la part de ceux qui affirment ne pas s’intéresser à l’actualité politique dans les médias a augmenté de 11 points au cours des trois dernières années. Au total, il s’agit d’un cinquième de la population, soit le taux le plus élevé dans l’histoire du suivi. L’enquête confirme également que le nombre de Tchèques qui ne discutent absolument pas de politique avec leurs amis a augmenté d’un quart. »

Les raisons de cette évolution sont multiples, à commencer par  le rejet croissant des mauvaises nouvelles, qu’il s’agisse de la pandémie de Covid-19, de l’invasion russe de l’Ukraine ou du conflit israélo-palestinien. Pour autant, toujours selon le chroniqueur de Seznam Zprávy, et contrairement à ce que tous ces chiffres pourraient laisser croire, les Tchèques ne sont pas apolitiques :

« L’enquête révèle également que 27 % de la population adulte suit plus ou moins régulièrement les médias, et un nombre quasi identique occasionnellement. Soit donc plus de la moitié de la population. Cette donnée n’est cependant pas suffisamment rassurante, car ce désintérêt marquant pour ce qui se déroule sur la scène politique locale et internationale est dangereux. »

La culture victime des coupes budgétaires

Deník N s’est intéressé, pour sa part, à l’importance que les Tchèques accordent à la culture. Et ce à un moment où le gouvernement a fait savoir que l’objectif d’augmenter les dépenses destinées à la culture et d’y consacrer au moins 1 % du budget de l’État ne serait pas respecté. Le quotidien libéral écrit :

Photo illustrative: Radio Prague Int.

« En comparaison avec d’autres restrictions budgétaires, celle-ci n’a pas particulièrement ému les Tchèques. Pourtant, si l’on en croit les chiffres de l’Index de la culture établi par le bureau Europe Créative à l’automne dernier, 84 % d’entre eux considèrent la culture comme un élément important pour leur santé mentale et la qualité de leur vie. De même,  plus de la moitié des Tchèques considèrent qu’il est important de soutenir la culture, même en période de crise économique. Cela montre clairement que la culture joue un rôle irremplaçable dans la société. En 2023, le montant moyen des dépenses des Tchèques consacrées à la culture s’est élevé à 442 de couronnes (environ 18 euros) par mois, soit la même somme que l’année précédente. »

Pour les institutions culturelles, comme l’indique encore Deník N, les coupes qui touchent leur domaine pourraient avoir des conséquences dévastatrices. L’explication est claire : comme pour les ménages, elles ont vu leurs dépenses augmenter en raison de la forte inflation et de la crise de l’énergie.

Travail : la création du statut d’artiste envisagée en Tchéquie

Le statut professionnel d’artiste est une autre nouvelle mesure que le ministère de la Culture envisage de mettre en place. Selon le quotidien économique Hospodářské noviny, ce nouveau statut serait particulièrement apprécié :

Photo illusttrative: cottonbro,  Pexels

« L’objectif de cette initiative répond aux tendances qui se sont imposées à l’échelle européenne pour améliorer le statut et les conditions de travail, tant sociales qu’économiques, des artistes. En effet, le statut d’artiste, dont l’essence est de consistuer un soutien dans l’adversité, est commun à de nombreux pays européens, et ce bien que les législations varient, de même que les conditions d’obtention des aides. En Tchéquie, ce nouveau statut d’artiste permettrait d’aider toute personne ayant rempli les conditions nécessaires, quel que soit son âge, en vertu du plan national de relance. »

Ce qu’il reste à faire, toujours selon le journal, c’est de sensibiliser l’opinion publique tchèque au fait que les artistes, et avec eux la culture dans son ensemble, méritent davantage d’attention et un traitement spécifique adapté à leurs besoins et à leur mode de vie.

Les problèmes psychiques des adolescents tchèques

Dans quelle mesure faut-il protéger ou endurcir les enfants ? Cette question a fait l’objet d’une analyse publiée dans l’hebdomadaire Respekt. Celui-ci l’a illustrée avec quelques cas pertinents et un article dans lequel on pouvait lire :

Source: johnhain,  Pixabay,  Pixabay License

« Cette question, ce dilemme auquel les parents sont confrontés, n’est pas nouvelle. Aujourd’hui, elle est pourtant d’une grande actualité, compte tenu du nombre d’informations sur les problèmes psychiques des enfants qui se multiplient depuis plusieurs mois. Un récent sondage effectué par l’Institut national de la santé mentale auprès d’enfants en neuvième année de l’enseignement primaire (équivalent d’élèves de 3e au collège en France) confirme cette tendance. Il révèle que 40 % des adolescents en Tchéquie présentent des symptômes d’une dépression moyenne ou grave et que 30 % fon part de signes d’angoisse. »

Le sondage, comme le constate Respekt, n’étudie pas les causes de ces problèmes psychiques.  Cela dit, ses auteurs estiment qu’ils sont en partie liées au fait que les enfants, comparé à la génération de leurs parents, sont aujourd’hui plus sensibles et plus empathiques, beaucoup n’étant pas prêts à affronter les difficultés et les défis de la vie.

Jan Palach : un respect qui perdure

Comme chaque année, les médias ont rappelé l’immolation par le feu de l’étudiant Jan Palach en 1969. Le 19 janvier, 55 ans se sont écoulés depuis un acte profondément ancré dans l’histoire tchèque. Le magazine Reflex, par exemple, a noté :

Photo: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.

« Cet acte a fondamentalement ébranlé la société après l’écrasement du Printemps de Prague par les chars soviétiques, en août 1968, mais n’a pas réveillé ceux qui se sont prudemment accomodés des nouvelles conditions de vie dans un pays occupé. Le suicide par le feu était extrêmement inhabituel dans notre environnement culturel. En tant que moyen de pression politique, il a effrayé l’ensemble de la société tchèque. C’est Jan Hus, professeur et réformateur protestant, mort sur le bûcher en 1415, que nous avons depuis longtemps installé dans une vitrine historique comme une icône courageuse de la vérité. Et soudain, sur la place Venceslas, près du Musée national, la vérité s’est de nouveau embrasée. »

L’éditorialiste du journal Deník note encore à ce propos :

« Jan Palach mérite notre pitié et notre respect pour son noble objectif et pour le courage dont il a fait preuve en sacrifiant sa vie. Par ailleurs, une autre torche vivante, celle de l’étudiant Jan Zajíc, qui est presque négligée, mérite le même respect. Et ce même si, au bout du compte, force est de constater que leur sacrifice a été vain. Il n’a apporté que douleur et malheur. »

La production de fruits en Tchéquie en baisse

« La récolte de fruits en Tchéquie a baissé de près d’un quart l’année dernière. Elle a été la plus faible depuis 2017 », rapporte le site Echo24.cz, avant de préciser :

Photo illustrative: Miroslav Zimmer,  ČRo

« Seules la récolte de poires a été meilleure en 2023 qu’en 2022. Mais celle des pommes notamment a été la plus faible de ces douze dernières années. De même, l’année dernière n’a pas été bonne pour les fruits à noyau. Abricots, pêches, prunes ou cerises : autant fruits qui ont également connu des baisses importantes. Par ailleurs, la culture des abricots et des pêches touche à sa fin en Tchéquie. »

Le journal en ligne explique que cette évolution est due, outre les gelées du printemps, à la réduction continue de la superficie des vergers. Et d’ajouter :

« L’importance de la récolte tchèque de fruits n’a pas d’impact notable sur les prix dans les magasins, car la Tchéquie, pour ce qui est des fruits frais, n’est autosuffisante qu’à hauteur de 30 à 40 %. Voilà pourquoi ces prix suivent l’évolution du marché et des prix en Europe. »