Dana Kyndrová (1ère partie)
En ce mois de novembre, Radio Prague propose à nouveau une interview en deux parties avec la grande dame de la photographie classique tchèque Dana Kyndrová. Cette femme aux cheveux auburn et au physique intéressant, qui impressionne par sa présence et sa douceur, s’est aventurée par exemple en Estonie où elle a pris de belles photos au sein du cloître orthodoxe de Pjuchtica, en Ukraine subcarpatique ou en Russie où elle a photographié le déroulement d’un des plus important pèlerinage religieux long de 150 kilomètres. Elle n’a pas hésité à passer des journées entières et des nuits dans la rue parmi les sans-abri de Prague pour réaliser des photos exceptionnelles.
Dana Kyndrová a à son actif plus de soixante-dix expositions en République tchèque, mais également à l’étranger. Citons entre autres celles à la Side Gallery – Newcastle (Grande Bretagne), à la Galerie Faouëdic – Lorient (France), à la Maison de la culture Mont Royal – Montréal, à la Torre medioevale – Moggio Udinese (Italie), aux Centres tchèques à Londres, Paris, Stockholm et à Budapest, à la Galerie Mánes à Prague. Ses photos font partie de collections par exemple au Musée de l’Elysée à Lausanne (Suisse), à la Side Gallery de Newcastle, à la Bibliothèque Nationale de Paris et au Musée des Arts décoratifs à Prague. Dana Kyndrová réalise ses photos uniquement en noir et blanc, ce qui fait bien ressortir les sujets qu’elle choisit.
Elle a fait ses études à la faculté de Lettres de l’Université Charles à Prague où elle a étudié entre autres le français et le russe. Puis pendant plus d’une dizaine d’années elle a donné des cours à la chaire de Langues de l’Université technique et de l’Académie de musique, des arts dramatiques et du cinéma (AMU) à Prague. Depuis 1992 elle est photographe free-lance.
J’ai invité la photographe Dana Kyndrová à l’antenne.
Quand est-ce que vous avez pris en mains un appareil photo pour la première fois?
« J’avais dix-huit ans. »
Vous avez voulu étudier la photographie à l’Académie de musique, des arts dramatiques et du cinéma. Vous avez même suivi un cours préparatoire chez Ján Šmok, mais finalement vous y avez renoncé. Qu’est-ce qui s’est passé ?
« Au lycée j’avais deux copains qui voulaient poursuivre les études à l’Académie et comme j’étais amoureuse d’eux, je me suis dit que j’allais faire pareil, je me suis mise à photographier et j’ai commencé à suivre les cours avec eux. Mais à l’époque le système était surtout axé sur la photo artistique et moi je préfère la photo graphique documentaire. A l’époque, ce genre n’existait pas à l’Académie des arts, alors après trois mois je me suis dit que je ne voulais plus continuer à suivre ce type d’études. »
De toute évidence vous donnez la préférence à la photographie noir et blanc, pour quelle raison?
« Je pense que pour la photo humaniste c’est beaucoup plus intéressant parce que si les photos sont en couleurs il y a le danger qu’elles deviennent un peu superficielles, parce que vous vous concentrez sur la couleur et pas sur le sujet même. Alors je pense que pour les sujets qui concernent les problèmes humains, c’est beaucoup mieux. »
Quel type d’appareil photo utilisez-vous de préférence?
« J’utilise un vieux Canon et aussi un Leica. »
Qu’est-ce que vous pensez de la photographie numérique ? Tout le monde fait de la photo numérique, tout le monde aime ça.
« Pourquoi pas, moi aussi j’ai un petit truc comme ça, mais c’est seulement pour faire des documents pour mes copains, mais quand je veux travailler sur mes projets, je préfère un appareil analogique. »
Certains lieux en Russie et en Ukraine subcarpatique sont des régions assez attachées aux traditions et les gens y sont probablement relativement fermés. Avez-vous eu des problèmes pour les photographier?
« Non, pas tellement, parce que ce qui est très important, c’est la langue. Et moi je parle avec les gens. Il y a des moments difficiles, mais c’est partout, ce n’est pas seulement en Ukraine ou en Russie. C’est aussi une question psychologique, cela dépend de la situation, mais je peux dire que je n’ai pas eu de problèmes. »
Comment avez-vous fait pour entrer dans le fameux cloître de Pjuchtica en Estonie ? C’est tout de même un endroit assez fermé, il doit être déjà difficile d’y entrer et encore plus d’obtenir l’autorisation de photographier.
« Bien sûr, j’ai contacté le chef de l’Eglise orthodoxe tchèque et slovaque, Monsieur Kryštof, et ce dernier m’a aidée. Il a écrit une lettre de recommandation, puis je suis allée là-bas. J’ai reçu la bénédiction de Madame Varvara, qui était la mère supérieure à Pjuchtica et ainsi j’ai eu la permission de photographier, mais c’était tout de même difficile parce que certaines des sœurs n’étaient pas tellement d’accord. »
Voilà, chers auditeurs, c’était la première partie de l’interview avec la célèbre photographe Dana Kyndrová, rendez-vous dans un prochain numéro de cette rubrique pour la suite de cette rencontre.