Bière, automobile et aéronautique : les mamelles de l’export tchèque
Près de 20 ans après la Révolution de Velours et le retour de la République tchèque dans l’économie mondiale, où en est l’exportation ? Focus aujourd’hui sur les derniers contrats passés ou en passe d’être signés, avec le Vietnam et, plus généralement, sur les secteurs-clé de la réussite tchèque à l’internationale.
A l’occasion de la visite du premier ministre Mirek Topolanek au Vietnam, de nouveaux contrats sont en passe d’être signés entre des entreprises tchèques et vietnamiennes. En 2007, les échanges commerciaux entre les deux pays avaient connu un bond de plus de 50 % par rapport à l’année précédente, même si les importations des produits vietnamiens sont trois fois plus importantes que les exportations de produits tchèques au Vietnam ! Parmi les projets les plus importants, la construction d’une autoroute reliant „Ho Chi Minh City“ au Delta du Mékong ou encore celle d’une usine de charbon, en partenariat avec ČEZ, le producteur d’électricité leader en République tchèque.
A plus long terme, les objectifs tchèques se portent sans doute vers les gros mastodontes de l’Asie comme l’Inde ou la Chine, dont la pénétration est pour l’instant encore difficile. Concernant la Chine, les opportunités seront d’ailleurs peut-être différées suite à l’annonce du président Vaclav Klaus de ne pas se rendre aux JO de Pékin (officiellement pour des raisons de santé) et aux propos du premier ministre, qui laissait en suspend la participation tchèque à la cérémonie d’ouverture suite à la répression au Tibet.Les Tchèques exportent de plus en plus, et leur place dans le commerce international grandit. Le commerce extérieur tchèque a atteint l’année dernière le chiffre de 3,5 milliards d’euros selon le Bureau des Statistiques. Ce fut en 2005 que, pour la première fois, les exportations dépassaient les importations. Depuis, l’excédent n’a fait que s’affirmer et se chiffrait à 1 milliard et demi d’euros l’année dernière. Tradition oblige, ce sont les secteurs de la construction, de la mécanique et des transports qui sont les plus recherchés à l‘étranger.
Quelques exemples : Mesit holding est spécialisée dans la fabrication d’appareils pour l’aéronautique et les radiocommunications. Environ 25 % de sa clientèle se situe à l’international : Allemagne, Autriche, Israël, Slovaquie, France ou encore Suisse. L’entreprise participe chaque année aux salons professionnels à Paris et compte s’implanter de plus en plus en France. Privatisée après la Révolution de Velours, Mesit fut fondée en 1952 et fabriquait du matériel avionique sous le régime communiste.
Citons aussi AEV, fabricant morave de composants électroniques dans les secteurs automobiles et aéronautiques. En 2004, ses clients étrangers représentaient la moitié de son chiffre d’affaire, parmi ceux-ci Volkwagen. Dernier échantillon avec GTK, fabricant de convoyeur de bandes, des petites rails servant à transporter du matériel lourd de construction sur de petites distances. Egalement basée en Moravie, l’entreprise se consacre presque exclusivement à l’exportation, avec 60 % de ventes en France et dans les pays francophones.
Comme on le voit, les entreprises moraves sont aussi actives que celle de Prague et il n’y a pas ici la capitale d’une part et le reste du pays de l’autre. Par ailleurs, la plus-value tchèque, ce sont les secteurs cités, matériel automobile et aéronautique. Une véritable tradition qui remonte aux usines Skoda, de Plzen, au XIXème siècle. Plus généralement, la Bohême-Moravie a une longue tradition industrielle et mécanique. Ainsi, en 1847, on comptait dans les Pays tchèques 359 machines à vapeur. L’industrie des machines est alors, après le textile, la grande spécialité de Prague. A Smíchov, on produit des locomotives et des wagons. Enfin, c’est un tchèque, František Krizik, qui fut, en 1891, l’inventeur du tramway électrique.
Autre spécialité tchèque confirmée : la bière, qui est aussi l’un des plus gros secteurs d’exportation, avec 1,6 % d’augmentation en 2007. La compagnie Drinks Union, qui possède quatre brasseries et une distillerie, a vu ses ventes augmenter de 6 %, parmi lesquels 30 % à l’export. L’Allemagne est son plus gros client mais l’entreprise a également vendu des bières au Bénin, en Afrique et a commence à s’intéresser au marché vietnamien. Et Drinks Union vient d’être racheté par Heineken… Quant à la bien connue Staropramen, elle s’exporte actuellement dans pas moins de 30 pays pour une moyenne de 1 million d’hectolitres. Si la Budvar a exporté en 2007 la moitié de sa production, elle a été savourée dans 53 pays différents ! On ne sait pas si les toilettes ont été fournies avec…
Si le volume global des échanges commerciaux mondiaux de la République tchèque progresse assez peu, les exportations tchèques, quant à elle, augmentent régulièrement. Les pays de l’UE représentent plus de la moitié des clients et vers 2000, la France représentait près de 5 % du commerce extérieur tchèque.