Les jeunes Tchèques à l’heure de la francophonie
Cette année encore, la remise des prix à l’issue de la 6ème édition du concours scolaire destiné aux élèves apprenant le français en première ou seconde langue étrangère a été l’un des moments forts des Journées de la francophonie en République tchèque. Comme le veut la tradition, la cérémonie s’est déroulée, jeudi, dans les locaux du palais Černín, siège du ministère des Affaires étrangères. A cette occasion, le prix du concours Gallica, une association rassemblant des départements universitaires enseignant le français, qui est alternativement attribué aux meilleures thèses universitaires et aux thèses du troisième cycle, a été également décerné. Sa lauréate, Alena Podhorná-Polická, maître de conférence à l’Université Masaryk de Brno, s’est confiée à Radio Prague.
„C’est un grand honneur pour moi d’obtenir ce prix, car ça valorise mes plus ou moins cinq ans de travail universitaire. J’ai effectué la thèse en co-tutelle franco-tchèque et j’étais boursier du gouvernement français. J’aimerais donc remercier l’Institut français de Prague et l’ambassade de France qui m’ont permis de mener mon projet à bien. Ma thèse portait sur les universalités dans l’argot des jeunes ; je voulais démontrer quels sont les facteurs psychiques et sociaux aussi bien que les facteurs formels, sémantiques qui contribuent à la création et la circulation de l’argot des jeunes à plusieurs niveaux d’extension, c'est-à-dire à partir des micro-argots des jeunes allant jusqu’à l’argot commun des jeunes qui est aujourd’hui favorisé par les médias. «
D’où vous est venue cette idée ?
« D’abord, à l’époque, quand j’ai commencé à faire ces études, j’étais immergé dans un terrain bien particulier, c’était à La Courneuve, dans la banlieue parisienne, et sur ce terrain, j’ai commencé à faire des enquêtes sur les toponymes et finalement je les ai surnommés argotoponymes, parce que bien sûr les jeunes accordaient une valeur identitaire très forte à la dénomination de leurs lieux, des tours, des bars, des espaces publics, qui n’avaient pas de dénomination commune… C’était déjà publié dans le cadre universitaire et la thèse va être publiée au cours de cette année dans la presse de l’Université Masaryk ».
Quelles sont vos activités professionnelles actuelles ?
« Je suis maître de conférence à l’Université Masaryk, l’institut des langues et littératures romanes, où j’enseigne la phonétique, la morphologie, la grammaire et où j’ai, aussi, des cours de l’argot des jeunes, c’est-à-dire la socio-linguistique, l’argotologie et également la méthodologie de l’enquête sur le terrain ».
Quel est d’ailleurs l’intérêt des jeunes pour le français, à Brno notamment ?
« Les jeunes sont en général très enthousiastes à faire les études du français, du bon français, d’apprendre cette culture, cette civilisation qui est incroyablement riche, ainsi que la francophonie. Ils ont des amis aux Antilles, au Canada et ailleurs. C’est donc en général par l’amitié que se crée cette motivation d’étudier le français. J’espère les motiver aussi à découvrir cette richesse de l’argot contemporain jeune en France ».
A l’époque, vous avez partagé votre vie entre la France et la Tchéquie. A l’avenir, comptez-vous restez dans le pays ?
« Oui, bien sûr, parce que j’ai deux petits enfants, un fils de quatre ans et une fille de deux ans, j’ai donc des obligations bien fortes pour rester ici, mais j’aimerais continuer les aller et retour en France et partager cette diversité linguistique et professionnelle ».