Journées de la francophonie : « La défense de la pluralité des langues et des cultures »

A Prague et dans plusieurs autres villes tchèques, la 23ème édition des journées de la francophonie donne lieu pendant tout le mois de mars à des événements organisés autour de la langue française.

La République tchèque a dû justifier d’un attrait réel pour la langue française pour devenir membre observateur de l’Organisation Internationale de la Francophonie en 1999. Ce statut lui permet notamment d’assister à de nombreuses instances de l’organisation comme le sommet ou encore les conférences ministérielles, sans pouvoir intervenir dans les débats. C’est également en 1999 qu’a eu lieu la première édition des Journées de la francophonie. Cette année encore, depuis le mercredi 2 mars, la langue de Molière est mise à l’honneur. Éric Playout, attaché de coopération pour le français à l’Institut français de Prague nous parle des objectifs de l’évènement.

Eric Playout | Photo: Adéla Odrihocká

« Cela s’inscrit dans une démarche de célébration, avec l’objectif de se faire connaître cette francophonie internationale, cette dimension géographique multiple de la francophonie qui n’est pas assez souvent connue. Et puis aussi faire connaitre aux différents pays dans le monde qu’il y a une organisation internationale de la francophonie, qu’il y a une sensibilité commune, qu’il y a un attachement à des valeurs, ce sont les messages que nous essayons de faire passer. »

Les nombreux évènements organisés en rapport avec le développement du français témoignent de l’intérêt grandissant des Tchèques pour cette langue. Aujourd’hui, plus de 250 000 personnes parlent le français dans ce pays. Éric Playout :

« D’abord on peut parler des apprenants français dans le système éducatif. Ces apprenants sont au nombre de 26 000 et ils sont en diminution depuis une douzaine d’années. Depuis trois ans ça ne diminue plus, ça reprend même légèrement. Par ailleurs il y avait beaucoup plus de Tchèques qui ont appris le français il y a 20 ans que maintenant. Donc il y a des Tchèques adultes francophones qui le parlent très bien. C’est très difficile à mesurer, mais on s’aperçoit quand même qu’il y a des francophones de très grande qualité à des postes clé dans tous les secteurs de la vie politique, économique, sociale du pays. »

Photo: Tomáš Rasl,  Institut français de Prague

« Il faut savoir aussi qu’il existe un programme de mobilité qui a 100 ans ou des jeunes tchèques sont allés faire leurs études en France. C’est ce qu’on appelle les sections tchèques en France. Cela concerne une trentaine d’élèves chaque année, de jeunes lycéens tchèques qui font leurs études en France. Au bout de 100 ans ça commence à faire du monde ! Je dirais que la francophonie est encore multiple, elle est encore bien vivante en République tchèque et elle a encore de très beaux atouts. »

Durant tout le mois de mars les activités célébrant la langue française se succèderont. Lise Darnige, stagiaire à l’institut, qui a travaillé sur cette 23ème édition nous partage le programme :

« Les manifestations ont commencé dès le 2 mars. On commence par des évènements en ligne. Il y a des lectures de contes en ligne. La première lecture de conte c’est l’institut français qui la fera et ensuite ce seront les alliances françaises de toute la République tchèque qui vont prendre le relai. En ligne, on a aussi des dictées et d’autres jeux concours. Ensuite on a des évènements bien concrets qui ont lieu en présentiel et notamment des séances cinéma avec des films francophones mais pas uniquement des films français. Il y a des films belges, des films canadiens. La Roumanie aussi fera une soirée cinéma avec dégustations, le Maroc et la Tunisie également avec des films de leur pays. Tous ces films cherchent à montrer et à célébrer la diversité de la francophonie. »

« Il y aura aussi des conférences donc notamment une table ronde sur les enjeux du plurilinguisme dans l’Union européenne, le 22 mars. On reçoit Bertrand Piccard qui est le créateur de l’avion solaire, « Solar impulse », le 14 mars. Un historien suisse également qui nous parlera des relations helvético-tchèque au cours des siècles. »

Le mois de la francophonie dépasse le cadre de la capitale. Au total, huit villes tchèques se sont portées volontaires pour faire vivre la tradition.

« Il y aura des dictées également, avec d’abord un premier tour au niveau régional, fait par les alliances françaises, l’Institut français de Prague constitue une région. Et puis après y a une finale, la finale pour tout public et pour juniors, qui sera centralisée, ici, à l’institut français une fois que les alliances françaises nous auront donné leurs meilleurs candidats. »

Par ailleurs, les journées de la francophonie sont une fête mondiale, onze pays participent à ce rendez-vous international. Éric Playout :

« On travaille avec les ambassades, les autres ambassades de la francophonie, la Suisse par exemple a été très active sur cette édition, le Luxembourg, la Tunisie, la Belgique… Beaucoup de pays ont contribué. Le Canada doit le faire sous la forme de prix donnés au concours qu’organise le ministère tchèque de l’éducation. Un concours qui est la version tchèque de « Dis-moi dix mots » organisé en France par le ministère de la culture, dans le cadre de la francophonie. Chacun participe d’une manière ou d’une autre à la célébration de la francophonie.»

Éric Playout : « Les participants sont très nombreux, nous sommes onze pays francophones mais ça n’épuise pas l’ensemble des pays francophones. Il n’a pas été possible non plus de tous nous réunir. L’autre difficulté c’est évidemment la maitrise de la langue française puisque que dans le monde de la francophonie et en particulier dans l’Organisation Internationale de la Francophonie, le degré de francophonie est variable. Le statut est très différent selon les pays et ça pose quelque fois un problème de communication entre nous. Dans quelle langue va-t-on communiquer ? Cette année nous avons fait le choix de ne communiquer qu’en français. »

Un festival à l’attention des francophones de République tchèque mais pas seulement.

« On s’adresse au public francophone, quelle que soit sa nationalité mais d’abord au public tchèque francophone parce que on est en République tchèque. C’est ouvert à tout public et même des non francophones peuvent bien entendu venir parce qu’il  y a des films qui sont sous-titrés et parce que certains entretiens seront traduits. »

Pour plus d’informations : https://www.dnyfrankofonie.cz/fr/