La nouvelle Bibliothèque nationale divise l'opinion publique
Comme on pouvait s'y attendre, le choix du projet du studio britannique Future Systems, de l'architecte Jan Kaplicky, pour le nouveau bâtiment de la Bibliothèque nationale n'a pas laissé indifférent l'opinion publique et a suscité de vives et multiples réactions. Si certains considèrent le projet ambitieux et adapté à son temps, d'autres, en revanche, qui l'estiment par trop dominant, redoutent que le nouvel édifice altère le panorama historique qu'offre le Château de Prague.
« La poulpe », « l'escargot de mer », « l'amibe » ou encore « la méduse » : tels sont quelques-uns des surnoms dont a déjà hérité la bibliothèque futuriste qui, si tout va bien, devrait ouvrir ses portes en 2011. Comme s'en réjouissait l'auteur du projet, Jan Kaplicky, un Tchèque établi en Grande-Bretagne, les Pragois n'ont pas manqué d'imagination pour qualifier un édifice mauve et champagne en forme de pyramide aux angles arrondis. Ces mêmes Pragois n'ont pas tardé non plus à se diviser en deux camps, entre les partisans et les opposants d'un projet baptisé officiellement « L'oeil au-dessus de Prague ». D'un côté, il y a les enthousiastes, les plus nombreux, qui estiment que la capitale, en ce début du XXIe siècle, se doit d'oser en matière d'architecture et ne pas se contenter de rester la ville musée qu'elle est devenue. De l'autre, il y a les sceptiques qui, sans forcément critiquer l'ouvrage en lui-même, craignent que l'emplacement de la nouvelle bibliothèque ait été mal choisi. Celle-ci, d'une hauteur de trente mètres, sera, en effet, située sur l'esplanade de Letna qui surplombe le centre de Prague.
Or, si Jan Kaplicky promet une vue imprenable sur le Château de Prague et la place de la Vieille-ville depuis le café qui sera installé dans l'oeil géant de la façade, les protecteurs des monuments historiques redoutent, eux, qu'à l'inverse, l'édifice soit trop visible depuis le coeur historique de la ville et altère la vue d'ensemble qui contribue à la réputation de Prague.Depuis que le jury international a rendu public, début mars, son choix parmi les quelque 400 projets proposés, pas un jour ou presque ne s'est passé sans que les médias ne reviennent sur le bien-fondé, les points forts et faibles et les conséquences du projet sur l'environnement de la ville. Certains avancent que dans cette configuration, la bibliothèque aurait dû voir le jour à un autre endroit, plus éloigné du centre. Mais ses partisans citent d'autres grandes métropoles européennes, comme Paris avec sa pyramide de verre dans la cour du musée du Louvre, où des édifices ultramodernes côtoient les monuments historiques. Reste que Prague, qui possède un patrimoine architectural unique et intact, est parfois quelque peu réticente aux avancées trop rapides dans le temps. Il faudra donc sans doute attendre 2011, lorsque la bibliothèque accueillera ses premiers visiteurs, pour que les Pragois donnent un avis définitif.