Un an après la disparition de Jan Kaplický, le projet de la bibliothèque nationale abandonné
Le 14 janvier dernier, un an s’est écoulé depuis la disparition soudaine de l’architecte britannique d’origine tchèque controversé Jan Kaplický. Et c’est presque un an jour pour jour après son décès que le ministre de la Culture remet la question de la bibliothèque nationale sur le tapis, en annonçant que le projet de l’architecte est abandonné.
La polémique met alors Jan Kaplický sous le feu des projecteurs, et la République tchèque découvre par la même occasion un peu mieux cet architecte atypique, concepteur de bâtiments futuristes à travers le monde. Un Tchèque qui s’est fait un nom à l’étranger, après son émigration en Grande-Bretagne en 1968, comme le rappelait Zdeněk Lukeš, historien de l’architecture, après son décès :
« Il a fondé un studio, Future Systems. Pendant longtemps, il n’a reçu que de petites commandes parce que même pour l’Angleterre, son architecture était assez extravagante. Ce qu’on sait moins, c’est qu’il a beaucoup travaillé avec la NASA pour laquelle il a réalisé de nombreux projets. Plus tard, il a réussi à obtenir de plus grands projets pour lesquels il a reçu des prix prestigieux, comme le bâtiment du club de cricket à Londres, le grand magasin Selfridges à Birmingham qui a même servi d’illustration pour des timbres ! »
Ce 14 janvier 2009, lorqu’il s’effondre à l’âge de 71 ans dans une rue du VIe arrondissement de Prague, Jan Kaplický a pourtant toutes les raisons de se réjouir puique sa jeune épouse vient d’accoucher d’une petite fille. Pour son ami, le musicien Pavel Bobek, les deux ans de bataille autour de la contruction de la bibliothèque réfusée la ville auront toutefois marqué l’architecte :« C’est une vraie campagne contre lui qui a été menée pendant deux ans, contre cette personne formidable qui a gagné un appel d’offres d’architecture international. Ils n’ont pas reconnu sa victoire. Pourtant, d’une certaine façon, c’était un patriote. Il était enthousiaste à l’idée de faire quelque chose comme le théâtre national, pour le coup, la bibliothèque nationale. »
En tout cas, aujourd’hui, le projet si controversé semble bel et bien abandonné. Lundi, le ministre de la Culture, Vaclav Riedelbauch, l’a annoncé, arguant que le terrain sur Letná, la Bibliothèque nationale ne pouvait désormais plus l’obtenir, et qu’en tout état de cause, le prix à débourser serait trop élevé. Quid alors de la bibliothèque qui doit faire face à un problème de stockage des ouvrages ? Elle a décidé de revitaliser les locaux du Clementinum qui l’abritent, d’agrandir son dépôt avec une antennne à Hostivař et d’améliorer la logistique de tranfert des livres.
En attendant, des initiatives civiques continuent d’œuvrer en faveur du projet de Jan Kaplický. Et en avril prochain, la réalisatrice Olga Špátová et la veuve de l’architecte présenteront leur documentaire consacré à Jan Kaplický, Oko nad Prahou, L’œil au-dessus de Prague, qui retrace le parcours et la dernière croisade de l’architecte.