L'histoire des prénoms portés par les Tchèques (1ère partie : la période antérieure au XIIIe siècle)
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Pour ce premier numéro de cette nouvelle année, nous allons entamer une série d'émissions consacrées à l'histoire et aux origines des prénoms portés par les Tchèques. Un sujet que nous avons certes déjà survolé précédemment, mais que nous allons approfondir pour découvrir quels prénoms sont apparus au fil des différentes périodes et péripéties de l'histoire des pays tchèques. Et pour commencer, nous allons consacrer notre attention pour cette fois à la période antérieure au XIIIe siècle pendant laquelle on trouve trace essentiellement de noms d'origine slave, mais où les premières influences extérieures commencent déjà à se faire ressentir. Plongeons-nous donc dans cette étude passionnante à mettre en rapport avec l'histoire du pays et aussi de la langue tchèque.
Les Slaves occupant le territoire de ce qui est appelé les pays tchèques, ce sont logiquement des noms d'origine slave qui étaient alors essentiellement utilisés. A l'origine, ce sont surtout les adultes auxquels était donné un nom, et plus particulièrement les souverains, dirigeants et nobles, tandis que les enfants restaient le plus souvent sans nom. Les noms étaient divisés et donnés selon la condition et la classe sociales, les noms composés étant ainsi réservés à la noblesse, par exemple à la famille princière.
Il s'agissait pour les hommes de noms comme Boleslav ou Václav qui, tous les deux, à partir du mot « sláva » - gloire, signifiaient « plus de gloire, glorieux », ou de Mečislav, composé des mots « meč » - épée, et « sláva » qui signifiait donc littéralement quelque chose comme « glorieux par l'épée », ou encore Budivoj, à partir du verbe « budit » - réveiller, et du mot « vojsko » - armée. Budivojétait donc celui qui réveillait l'armée ou plus précisément exhortait les troupes au combat. Chez les femmes, on trouvait trace de noms comme Ludmila, qui en vieux slave signifiait « lidu milá », soit « la bien-aimée du peuple » ou Drahomíra, c'est à dire « celle à qui la paix est chère » puisque là encore, il s'agit d'un composé à partir de l'adjectif « drahý » - cher, précieux, et du mot « mír », la paix. En revanche, les petites gens du peuple soumis portaient des noms simples comme Dobroš, que l'on pourrait traduire à partir de l'adjectif « dobrý » - bon, bien, comme « le bon gars », « l'homme bien », ou Chval, qui provient du verbe « chválit » - complimenter, et désignait donc une personne faisant l'objet de compliments, digne d'être complimentée, ou encore Odolen, à partir du verbe « odolat » qui signifie « résister, tenir bon » et désignait logiquement celui qui avait résisté à quelque chose. Précisons tout de même qu'il s'agit là de trois prénoms qui ne sont plus du tout donnés depuis de nombreuses années.Mais déjà à cette époque apparaissent progressivement des noms d'origine étrangère, principalement allemande. Une évolution qui est la conséquence logique du début des relations internationales entretenues par l'Etat tchèque et consolidées par les mariages des princes et des rois de la dynastie des Premyslides (qui aura régné en Bohême pendant plus de quatre siècles jusqu'en 1306) avec des princesses allemandes, mais aussi une évolution qui est la conséquence de la colonisation progressive des villes de Bohême par une population allemande à partir du XIIe siècle. C'est ainsi que l'on retrouve des noms comme Oldřich, Adalbert, Konrád, Ota, Jindřich ou Bedřich, tous d'origine allemande.
C'est la fin de ce « Tchèque du bout de la langue » et de la première étape de notre voyage dans le temps. Dès la semaine prochaine, nous nous intéresserons à l'apparition des premiers prénoms d'origine chrétienne dans les pays tchèques. D'ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !