Y a-t-il une expérience de la France en matière de financement de la santé publique à transmettre à la Tchéquie ?
Le financement de la santé publique - l'expérience étrangère - voilà le thème d'une conférence tenue la semaine écoulée au Sénat tchèque. Selon le conseiller régional en matière de financement de l'Organisation mondiale de la Santé Joseph Kutzin, le plus grand problème que connaît la République tchèque est le suivant : alors qu'une grande proportion du PIB est versé dans le secteur public, la somme destinée à la santé publique reste toujours en dessous de la moyenne de l'UE.
Un remède universel pour guérir les problèmes du financement de la santé publique n'existe pas. Il s'agit notamment de définir les priorités. C'est ce qui est ressorti des interventions présentant les modèles de financement aux Etats-Unis, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en France. Y a-t-il une expérience en matière de financement de la santé publique français que la Tchéquie pourrait partager ? Une question que j'ai posée à Valerie Paris, qui travaille actuellement à l'OCDE sur un projet concernant les politiques de prix et de remboursement des médicaments, et qui était ici en tant qu'experte du système de santé français :
« C'est une question très difficile parce que la France est confrontée elle aussi à des problèmes de viabilité du système de santé, les caisses d'assurances maladies ayant un très fort taux d'endettement qu'on espère résorber dans les années qui viennent. C'est pourquoi il n'est pas facile objectivement de répondre par une solution miracle, pour créer un système de santé viable. »
Mais quand même le système marche bien chez vous...
« Ca marche avec un financement des dépenses assez élevé, on est parmi les pays de l'OCDE qui dépensent le plus pour la santé, le système a de grandes qualités qui font qu'il est facilement accessible pour les patients, que la part des soins qui reste à leur charge est relativement limitée, en particulier, à cause du rôle particulier que jouent chez nous les assureurs complémentaires : plus de 90% de la population a une assurance complémentaire qui joue un rôle très important pour couvrir le ticket modérateur, c'est-à-dire la part laissée à charge de l'assuré par le régime de sécurité sociale classique. »
Ce qui n'existe pratiquement pas chez nous, l'assurance complémentaire, cela peut donc être une solution ?
« C'est difficile, ceci dit, l'assurance complémentaire pose d'autres problèmes qui sont en particulier que les personnes qui travaillent et qui ont des bons postes sont mieux couvertes par les couvertures complémentaires, à la fois, le pourcentage de la population couverte est plus important mais aussi la qualité de la couverture est plus importante c'est-à-dire, les assurances complémentaires vont couvrir le ticket modérateur, et puis aussi toutes les sortes de dépassement qui existent dans le système de soins français, c'est-à-dire par ex. certains biens comme les prothèses dentaires, les lunettes qui sont facturés à des prix bien supérieurs au niveau de remboursement de la sécurité sociale. Disons que le rôle des complémentaires peut être intéressant dans la mesure ou on arrive à bien définir un panier de soins qui doit être très bien couvert, y compris par l'assurance de base, de manière à ce que personne n'ait de problème pour accéder aux soins. »