Le festival Mezipatra ou l'homosexualité à l'écran
Le 7e festival de cinéma gay et lesbien Mezipatra (Entre les étages) est entré dans sa deuxième étape. Il est organisé successivement dans les deux plus grandes villes tchèques, Brno et Prague. Sa première partie, celle de Brno, étant terminée, le festival s'est installé au cinéma Svetozor, au centre de Prague et dans d'autres salles de la capitale.
Les objectifs du festival sont ambitieux. Ses organisateurs cherchent à éveiller l'intérêt du public et des médias non seulement pour les films de fiction et documentaires sur les thèmes liés à l'homosexualité et à la vie des homosexuels, mais aussi sur la problématique de bisexualité et transsexualité. Leur ambition est de lancer un débat public sur les rapports entre les minorités sexuelles et l'Union européenne qui continue à s'élargir, et de contribuer à la création d'un espace culturel commun en Europe. Le festival se propose également de donner une impulsion à la société majoritaire pour qu'elle cherche à connaître la vie des membres de minorités sexuelles et de contribuer à surmonter les préjugés et l'incompréhension. D'abord une simple série de projections des films sur une problématique minoritaire, le festival continue à s'officialiser. Cette année, il est placé sous le patronage de l'ancien Président Vaclav Havel et du maire de Prague, Pavel Bém. Le directeur du festival Ales Rumpel fait un petit bilan de sa première partie :
« La première partie du festival, celle de Brno, a été, je pense, réussie. Elle a attiré quelque 3 500 spectateurs, ce qui est une augmentation d'un septième par rapport à l'année dernière. Le public a été aussi très satisfait du programme. Nous espérons qu'à Prague les spectateurs seront également plus nombreux que l'année dernière où leur nombre, dans les deux villes, a atteint près 8 500. Cette année, je suppose que nous aurons entre 9500 et 10 000 spectateurs. »
La situation du festival change donc d'année en année et ses organisateurs disposent de plus en plus de films sur la problématique homosexuelle. Ales Rumpel :
« On tourne beaucoup de films de ce genre. Le thème n'est plus tabou, et il n'est pas difficile de le porter à l'écran. Cependant, pour donner un exemple, il a fallu dix ans à la réalisatrice Valérie Minetto pour réunir les moyens nécessaires pour pouvoir tourner le film français « Oublier Cheyenne » que nous présentons ce mercredi, parce que c'est un film très politique. Quand le thème de l'homosexualité est lié à une critique de la société actuelle, il est difficile de faire un film sur ce sujet. Les films sur les thèmes d'actualité, les films qui apportent des idées et des thèmes nouveaux sont peu nombreux, et il est toujours difficile de les obtenir pour le festival. »Le cinéma tchèque aborde cette problématique avec timidité et prudence. Selon Ales Rumpel, on peut dire que les films tchèques ne reflètent pas beaucoup les problèmes des minorités sexuelles.
« Pourtant, nous avons dans cette édition du festival plusieurs films tchèques notamment des documentaires : le film de la Télévision publique tchèque « Finalement c'est moi » sur le problème de la transsexualité, mais aussi par exemple le film de Olga Sommerova et Olga Spatova « L'amour hier, aujourd'hui et demain » consacré aussi partiellement à l'amour homosexuel, et puis plusieurs films basés sur l'art vidéo très expérimental. En tout cas, les films sur cette problématique sont assez rares dans le cinéma tchèque et c'est pourquoi nous cherchons à présenter au festival toute la production tchèque de ce genre. »Le festival « Mezipatra » se poursuivra à Prague, jusqu'au 12 novembre.