Les portes de 92% des pharmacies en République tchèque sont restées fermées, lundi, entre midi et 3 heures, en signe d'avertissement au ministre de la Santé publique. Sa décision de revoir à la baisse la surtaxe de vente sur les médicaments menacerait la qualité des soins et l'existence même d'un quart des pharmacies, surtout à la campagne.
Photo: CTK
Selon le président de l'Ordre des pharmaciens Lubomir Chudoba, les pharmaciens ne luttent pas seulement contre la décision du ministre David Rath de diminuer de 34% à 29% la surtaxe sur les médicaments. Pour eux, deux choses sont prioritaires : maintenir un réseau suffisant de pharmacies dans les petites villes et limiter les gaspillages de médicaments. L'importance de la première priorité est illustrée par le fait que presque 100% des pharmacies dans les régions se sont jointes à la protestation. A Prague, c'était plus de 90%. Effectivement, j'ai parcouru le centre ville, aux alentours de la place Venceslas, et je n'ai pas trouvé une seule pharmacie ouverte, sauf en cas d'urgence. L'inscription affichée à la porte indiquait aux patients que les pharmaciens luttaient également pour leur cause : « Aujourd'hui, le ministre diminue la surtaxe sur les médicaments, demain il fermera des pharmacies et après-demain les patients seront contraints de payer les médicaments. » J'ai demandé des explications dans une pharmacie tout près de la Radio tchèque :
Le ministre de la Santé David Rath, photo: CTK
« Notre protestation est un acte de désespoir, car nous ne savons plus que faire. Les décisions du ministère sont inacceptables pour nous et ont un caractère de liquidation pour certaines pharmacies. La façon dont le ministre présente la baisse de la surtaxe ne correspond pas à la vérité : la surtaxe réduite à 29% est une surtaxe qui est commune aux distributeurs et aux pharmaciens, alors ce qui reste aux pharmacies, c'est, en réalité quelques 17 - 18% de surtaxe brute avec laquelle il faut payer les salaires et toutes les charges et ce qui reste, c'est le bénéfice de la pharmacie avant l'imposition. Il n'est guère étonnant que des pharmacies à la campagne ferment. L'argument du ministre que de nouvelles pharmacies ne cessent d'être créées est faux : il faut voir quelles sont ces pharmacies et où elles apparaissent - dans des grands centres commerciaux et des hypermarchés. Ce ne sont pas des pharmacies qui s'occupent individuellement du patient et préparent, sur prescription, les différentes préparations pharmaceutiques. C'est un style anglo-saxon des drugstores assez étranger dans notre pays, tandis que les pharmacies traditionnelles sont en voie de disparition. »
Après la protestation des pharmaciens qualifiée de grève des millionnaires par le ministre David Rath, ce dernier a refusé de céder à de quelconques pressions:
« Si la vague de protestations des pharmaciens s'accentue et que des pharmacies ferment, il faudra faire en sorte que les soins soient assurés par l'intermédiaire des médecins qui distribueront les médicaments directement dans leurs cabinets. »
Les pharmaciens sont en effet prêts à durcir leur action et à fermer les pharmacies, à la fin du mois de février. Le chef de l'Ordre des Pharmaciens Lubomir Chudoba ne perd toutefois pas l'espoir qu'un compromis puisse enfin être trouvé.