Sommet de Bruxelles: Pavel Telicka, ancien commissaire européen, au micro de Radio Prague
Le Sommet qui réunit, depuis ce jeudi à Bruxelles, les dirigeants de 25 pays de l'UE pour tenter de trouver un compromis sur le prochain budget fait la une des médias tchèques. Quelques heures avant le début de négociations qui s'annoncent très difficiles, l'ancien commissaire européen, Pavel Telicka, livrait ses impressions à Radio Prague.
Nous lui avons d'abord demandé ce qu'il pensait de l'attitude du Premier ministre tchèque avant le début des négociations, qui semblait ne pas être hostile à la proposition britannique, même si celle-ci prévoit une baisse des fonds accordés au pays :
« Je crois, ou j'espère que cette attitude reflétait seulement un certain sens des responsabilités ou un choix tactique, afin de ne pas attirer l'attention, ne pas irriter les partenaires, ne pas s'enfermer dans une position extrême pour ne pas se marginaliser lors des négociations. Je pense que c'est une attitude qui permet de mieux discuter le moment venu sur les points litigieux, et j'y suis favorable, si c'est vraiment le cas. Mais, il faudrait poser la question au Premier ministre pour le savoir. Ce que je peux dire, c'est que si son attitude reflète une certaine complaisance ou un réel accord avec la proposition britannique de départ, alors c'est mauvais, mais j'espère que ce n'est pas le cas. »
Pour Pavel Telicka, qui fut non seulement le commissaire européen de la République tchèque, mais aussi son ambassadeur à Bruxelles au moment de son adhésion, il est important de ne pas se discréditer avant le début des négociations :
« Vous pouvez opter pour une méthode qui consiste à se précipiter dans la salle de presse et déclarer aux médias qu'en aucun cas vous n'êtes prêt à accepter la proposition que vous venez de recevoir, que ce serait une capitulation, etc... Cela permet de montrer ses muscles et de gagner des points sur le terrain politique national. Je ne pense pas que ce soit la meilleure méthode, d'abord parce qu'il est évident que vous allez devoir faire des concessions pour trouver un compromis, et vous devrez après rendre des comptes dans votre pays. Ensuite, si la République tchèque se comportait de la sorte, alors elle se mettrait dans la position du trublion, du perturbateur de service, et perdrait en conséquence de son poids politique pour les négociations. »
Alors la position tchèque avant le début du sommet n'est-elle pas une position "à la Chveïk" (le héros des livres de Hasek, pour qui, finalement, toute nouvelle proposition est peut-être une bonne nouvelle)? Pas tant que ça, selon Pavel Telicka :
« Si vous prenez les négociations à Copenhague ou pour l'élargissement, la plupart du temps ce n'était pas les Tchèques qui envoyaient tout balader. Après, les autres disaient, par exemple, qu'il était très difficile de négocier avec les Polonais. Presque à chaque fois, c'est nous qui sommes restés parmi les derniers à la table de négociations. Chercher des alliés et des compromis me paraît être la bonne solution. Ce que j'espère, c'est que le chef de la diplomatie, Cyril Svoboda, est pendant ce sommet en contact téléphonique régulier avec nos partenaires, qu'il présente nos positions et cherche du soutien comme nous l'avons fait dans le passé. Selon moi, taper du poing sur la table, camper sur ses positions ou menacer de bloquer les négociations, ça c'est plutôt une attitude à la Chveïk... »