Pour l’équipe féminine tchèque de rugby à 7, objectif JO 2028 avec un nouvel entraîneur français

Lionel Perrin

L’équipe féminine de Tchéquie de rugby à sept possède un nouvel entraîneur, et c’est un Français. Coach et formateur expérimenté, Lionel Perrin (53 ans) prendra officiellement ses fonctions au début de l’année prochaine avec pour objectif d’aider la Reprezentace à se qualifier pour les prochains Jeux olympiques à Los Angeles en 2028. Avant cela, lors d’une conférence de presse à Prague, Roman Šuster, directeur sportif de l’Union tchèque de rugby, a expliqué pourquoi la candidature de Lionel Perrin avait été retenue, puis ce dernier, ravi de s’investir dans un nouveau projet dans un pays qu’il connaissait déjà, s’est longuement confié,  au micro de Radio Prague International, entre autres pour expliquer comment il entendait s’y prendre pour faire progresser ces ambitieuses filles tchèques.

Roman Šuster : « Nous avons choisi Lionel à la fois en raison de sa grande expérience et parce que, historiquement, nous entretenons un lien fort avec la Fédération française de rugby. C’est ce lien qui nous a permis de solliciter Lionel, ainsi que David Courteix qui était le dernier entraîneur et sélectionneur de l’équipe de France féminine de rugby à sept (de 2020 à 2024, avec notamment une médaille d’argent olympique aux Jeux de 2020). Tous les deux ont déjà travaillé ensemble et nous sommes ravis qu’ils puissent nous aider à développer à la fois notre équipe féminine et plus généralement le rugby à sept en Tchéquie. »

Roman Šuster | Photo: Guillaume Narguet,  Radio Prague Int.

« L’objectif, c’est effectivement le tournoi olympique en 2028. Au-delà de son expérience, Lionel nous apportera aussi son enthousiasme. C’est important, car nous avons trois ans et demi devant nous d’abord pour lancer ce nouveau projet puis pour travailler très dur de manière à pouvoir atteindre cet objectif très élevé. Se qualifier pour les JO serait une grande chance et une grande opportunité pour le rugby tchèque. Et pour y parvenir, nous avons pensé que la première chose à faire était d’engager un entraîneur très expérimenté qui amène une nouvelle énergie dans ce projet. »

Lionel Perrin : « Quel bon vent m’amène en Tchéquie ? C’est d’abord une opportunité qui se présente à un bon moment dans ma carrière. J’ai eu la chance tout au long de celle-ci de vivre de belles choses et de pouvoir encadrer diverses équipes de France à quinze comme à sept, chez les filles comme chez les garçons. Je cherchais donc un nouveau challenge et mon réseau dans le rugby à sept m’a permis d’entrer en contact avec Roman Šuster et la Fédération tchèque. Les discussions se sont bien passées et me voici donc ici à Prague, prêt à vivre cette nouvelle expérience ! »

On avait quitté cette sélection féminine tchèque de rugby à sept à Monaco en juin dernier lorsqu’elle avait échoué à se qualifier pour les JO de Paris. Quelle équipe avez-vous donc découverte ?

« Nous partons sur l’idée de travailler ensemble pendant quatre ans, jusqu’en 2028. Mon statut en France d’agent du ministère des Sports me permettra d’être détâché de manière à travailler sur cette mission en Tchéquie. Pour l’instant, nous n’avons qu’un stage et un tournoi international à Elche (Espagne) en commun (en novembre dernier), mais c’est une équipe qui a un énorme potentiel athétique et physique, qui est plutôt bien préparée dans ce domaine-là, et qui possède aussi de bonnes compétences dans l’animation offensive. Par contre, il y a quelques lacunes notamment sur la défense individuelle et collective, et ce sera là un axe de travail important parce que l’on sait que dans les tournois de rugby à sept, bien défendre est essentiel si l’on veut gagner des matchs. Le tournoi à Elche, contre des équipes au niveau plus élevé comme la Grande-Bretagne ou l’Espagne, nous a montré que nous avions certaines difficutés au niveau du rythme et des duels offensifs comme défensifs en un contre un. »

« Mais à mes yeux, aujourd’hui, il faut d’abord que les joueuses prennent conscience de leur potentiel et croient en leurs moyens. Il faut qu’elles soient convaincues de ce qu’elles sont capables de réaliser et c’est d’abord cela qui nous aidera à aborder les matchs plus sereinement. Le rugby à sept est un sport très exigeant physiquement et techniquement, mais aussi mentalement. Donc, il fait que nous soyons plus performants dans ce domaine si nous voulons mieux performer dans les tournois. »

Vous arrivez dans un pays, la Tchéquie, où le rugby n’est pas un sport majeur avec des moyens matériels, humains et financiers limités. L’idée est-elle donc de travailler prioritairement avec un groupe de joueuses restreint ou, au contraire, de faire progresser la base, car on parle là au total de quelque 150 joueuses licenciées ?

« Dans les échanges que nous avons eus avec la Fédération, non seulement j’ai été nommé entraîneur en chef de l’équipe nationale, mais ma mission consistera également à superviser tout le plan de succession avec les équipes U16 et U18. L’idée, à travers cela, est d’accompagner les entraîneurs dans les clubs pour les aider à développer leurs compétences. Il y aura donc deux axes de travail : l’entraînement et la formation. »

« Les portes de la sélection ne seront bien évidemment pas fermées et il y aura nécessairement un turn-over dans un groupe actuellement identifié de vingt-cinq à trente joueuses susceptibles d’évoluer en équipe nationale. Mon travail sera aussi de suivre les compétitions domestiques et les entraînements pour trouver de nouvelles joueuses à potentiel. L’idée est aussi de travailler avec des filles sur le moyen et le plus long terme, car certaines joueuses sont encore très jeunes et seront peut-être davantage prêtes pour les Jeux de 2032 que pour ceux de 2028. »

« Ce travail sur la durée est très important si l’on veut développer le potentiel existant, et ce, même si je suis bien conscient que je n’aurai pas ici la chance que j’avais en France en termes de quantité de joueurs et, donc, de qualité. »

La formation, c’est vraiment le cœur de votre métier...

« Oui, mais la formation est un entraînement permanent et l’entraînement est une formation permanente. Les deux sont imbriqués. C’est aussi ce que l’on m’a demandé d’aider à mettre en place : développer les compétences des entraîneurs et les aider à avoir une autre vision de l’entraînement. Nous sommes avec la Fédération française de rugby sur de nouvelles méthodologies d’entraînement qui sont payantes puisque l’équipe de France des U20 a été sacrée trois fois championne du monde de rugby à XV chez les garçons, l’équipe nationale senior joue plutôt bien aussi, nous avons été sacrés champions olympoiques à sept, et il en va de même chez les filles, que ce soit dans le jeu à quinze ou à sept. Donc, l’idée avec ces nouvelles méthodologies que j’ai déjà pu mettre en application, c’est aussi de les faire partager et de les développer avec d’autres équipes européennes. »

Comment compte-t-il travailler avec de jeunes joueuses certes passionnées, mais amateures ? Le fait qu’il soit français a-t-il favorisé sa candidature auprès de l’Union tchèque de rugby ? Les fédérations tchèque et française vont-elles coopérer davantage à travers ce projet ? Combien de temps passera-t-il en Tchéquie ? L’idée de travailler à Prague, ville qu’il connaissait déjà, a-t-elle pesé dans son choix ? Quel regard porte-t-il sur l’évolution du rugby tchèque ? Réponses à toutes ces questions dans la suite de l’entretien à écouter.