Les écrivains tchèques ont-ils une chance d'être lus en France?
C'est grâce à un séminaire intitulé "Du français, que traduire aujourd'hui?" qu'on a accueilli à l'Institut français de Prague Philippe-Jean Catinchi, critique littéraire au quotidien Le Monde. Après avoir donné une conférence sur le roman français contemporain, il a aussi répondu à quelques questions de Vaclav Richter. Voici un court extrait de cet entretien.
Les auteurs tchèques, eux aussi, ont l'ambition de se faire connaître en France. Avez-vous un conseil à leur donner pour qu'ils puissent s'imposer sur la scène littéraire française?
"C'est compliqué parce que je ne suis pas le mieux placé pour leur parler. Nous avons des formules chez nous, comme "Les Belles Etrangères" où deux fois par an, pendant quinze jours, on vit au rythme d'une littérature étrangère. Donc, cela peut être les Coréens, si mois plus tard les Hongrois, six mois plus tard les Islandais. Il y a donc cette vitrine-là qui peut être extrêmement utile et dont je pense que par le passé comme à l'avenir les Tchèques peuvent et doivent bénéficier. Sinon, c'est essentiellement parmi les maisons d'édition que cela se joue. Il y a certaines maisons d'édition qui sont très actives, je pense notamment aux "Actes Sud", je pense aux "Editions du Seuil", je pense à la collection "Du monde entier" chez Gallimard, qui ont en général un vrai engagement sur les lieux des littératures étrangères. Malheureusement, pour beaucoup de ces adresses (pas les éditeurs dont j'ai parlé mais d'autres), c'est essentiellement le monde anglo-saxon, le monde anglophone qui en bénéficie. C'est vrai que c'est plutôt du côté de "L'Age d'Homme", de "Noir sur blanc", du côté de "Viviane Hamy" que nous avons de belles surprises dans les littératures que nous appelons de l'Europe de l'Est ou de l'Europe orientale et auxquelles nous intégrons la littérature tchèque. Ce n'est pas toujours simple quand on est sur une autre culture, qui n'est pas la culture anglophone, quand bien même ce serait la culture anglophone d'Asie ou d'Océanie, de se faire une place.
Mais bon, je pense que le charisme de Vaclav Havel, qui a été pour nous une figure politique autant que culturelle, a quand même créé une curiosité plus nette pour votre pays. Il faut juste espérer que cela ne s'arrête pas à un problème de figure et qu'on aille davantage vers l'analyse d'une sensibilité et d'une forme de création qui pourraient être "exotiques" mais n'en restent pas moins universelles que la littérature française."
(Vous êtes invités à écouter l'intégrité de cet entretien, ce samedi, dans la rubrique Rencontres littéraires de Radio Prague.)