La libre circulation des travailleurs et d'autres dossiers européens au coeur du séjour officiel de Jiri Paroubek à Paris
A l'approche du sommet informel de l'UE fin octobre à Londres, le chef du gouvernement tchèque Jiri Paroubek multiplie ses rencontres avec l'élite politique européenne : après avoir discuté récemment avec Tony Blair et Gerhard Schröder, le Premier ministre s'est rendu en visite officielle en France, pour la première fois depuis son accession à la tête du gouvernement tchèque, en avril dernier. Son séjour a été marqué en premier lieu par un long entretien avec le président français Jacques Chirac.
Un accord sur le budget européen, que la France est prête, aux dires de Jacques Chirac, à faciliter, et la libre circulation des travailleurs tchèques au sein de l'UE ont dominé les conversations de Jiri Paroubek à Paris, à l'Elysée et, plus tard, à l'Assemblée nationale. Ce dernier s'est efforcé de dissiper les doutes de la France, qui reste sensible à la question de l'ouverture de son marché de l'emploi : à la différence des Polonais, par exemple, plus flexibles et plus mobiles, les Tchèques seraient nettement moins nombreux à affluer en Hexagone, a assuré Jiri Paroubek. Avec Jacques Chirac, il est d'ailleurs parvenu à un certain compromis :
« Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que les ministres du Travail de nos pays respectifs allaient tenter de trouver des solutions. Il est réaliste, je pense, que le marché français s'ouvre à certains groupes de la population tchèque, par exemple aux étudiants des universités ou aux diplômés des écoles supérieures françaises. En plus, ils pourraient, dans leur vie professionnelle, donner un coup de pouce aux relations culturelles et commerciales entre la République tchèque et la France, aider les investisseurs français à s'implanter chez nous, par exemple. » Les échanges commerciaux ont d'ailleurs été un autre dossier abordé par Jiri Paroubek à Paris. Il a discuté d'une part avec les représentants d'entreprises françaises déjà établies sur le marché tchèque, à savoir Société Générale, Saint-Gobain ou Veolia Water, d'autre part avec les futurs partenaires, comme le groupe Taittinger qui s'apprête à construire une dizaine d'hôtels dans toute la République tchèque.Retour au dossier « emploi », que le social-démocrate Jiri Paroubek a ouvert également avec le premier secrétaire du PS français, François Hollande. Les socialistes français, sont-ils prêts à plaider pour la solidarité entre les travailleurs de différents pays européens ? François Hollande:
« Un socialiste est forcément solidaire, ou alors ce n'est plus un socialiste. Solidaire dans son propre pays, avec ceux qui sont en difficulté, solidaire au niveau européen, avec ceux qui ont vocation à nous rejoindre, ou nous ont déjà rejoint, et solidaire à l'échelle internationale, à l'égard des pays du sud et des plus pauvres. En ce qui concerne les pays de l'Est qui nous ont rejoints, nous défendrons toujours ce principe. Mais en même temps, il faut aussi qu'il y ait des règles communes. Et c'est ce qui a sans doute manqué dans le débat du référendum sur le Traité constitutionnel. Les Français, comme les socialistes, sont favorables à l'union, à l'élargissement de l'Europe et notamment à des pays qui nous sont aussi proches que la République tchèque. En revanche, ils veulent que nous ayons des règles de vie communes, qui fassent que les travailleurs tchèques puissent avoir la liberté de circulation, et c'est normal, c'est important, mais il faut aussi que les ouvriers français ne soient pas victimes d'opérations de délocalisation. Alors tout cela suppose qu'entre nous, Européens, nous soyons capables d'avoir des règles communes. »La relance du projet européen sera au coeur d'un forum des sociaux-démocrates tchèques et des socialistes français, convoqué par le premier ministre Jiri Paroubek à Prague, pour le printemps prochain.