Ingeborg Zadna

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Ingeborg Zadna, directrice artistique de l'Opéra d'Etat de Prague et Chevalier des Arts et des Lettres, née en 1964, a fait ses études à la faculté des lettres de l'Université Charles. Sa carrière a évolué assez rapidement. En 1996, Ingeborg Zadna est nommée directrice de production de l'Ensemble philharmonique de Prague et du Philharmonique de chambre de Prague. Trois ans plus tard, l'Opéra d'Etat de Prague la nomme responsable du Projet français. De 2000 à 2002, elle assume la fonction de commissaire exécutif au Bureau du commissaire général auprès du ministère de la Culture de la République tchèque. Peu après, elle est nommée directrice de production, des relations extérieures et du département de promotion dont l'objectif était de diriger l'opéra. Actuellement, Madame Zadna est directrice artistique de l'Opéra d'Etat de Prague.

C'est une excellente musicienne qui joue très bien du violoncelle et la viole de gambe. A 18 ans, elle était déjà membre de plusieurs ensembles vocaux et instrumentaux de musique ancienne, dont le plus important était Musica Antiqua Praha, mais elle était membre de Capella Regia Musicalis, Les Voix Humaines, Ad vocem et bien d'autres. Entre les différents concerts, elle se consacrait à la traduction. Son talent de musicienne est inné, mais pas vraiment héréditaire.

« Directement il n'y a pas de musiciens dans ma famille, sauf mon frère, qui est un très bon violoniste, mais le frère de ma grand-mère était chef d'orchestre. Il étudiait à Vienne avec maestro Karajan. Il semblerait que c'est probablement là qu'il faille chercher des traces. »

Vous avez dit que votre frère était violoniste. Il est violoniste à l'étranger à ce que je sache ?

« Oui, il vit en Allemagne, il est membre de l'orchestre de Francfort - Hessische Rundfunk Orchester. Il a émigré pendant ses études au conservatoire de Prague et il est resté en Allemagne où il a fait une très belle carrière comme violoniste. En même temps il est membre du quatuor Haba. »

A dix-huit ans vous étiez déjà membre de plusieurs ensembles vocaux et instrumentaux de musique dont le plus important était l'ensemble Musica Antiqua Praha, ensuite Les Voix Humaines, Capella Regia Musicalis...Vous avez sûrement eu des expériences intéressantes parce que vous avez beaucoup voyagé ?

« Nous avons beaucoup voyagé et enregistré. C'était une très belle époque parce qu'après la révolution de velours en République tchèque les pays occidentaux comme l'Allemagne, la France, la Grande Bretagne étaient très intéressés par les ensembles et la cultures des ex pays communistes. Alors on nous a beaucoup invité à participer à différents festivals de musique. Nous avons beaucoup joué en France, en Espagne, en Allemagne et l'ambiance des concerts était toujours très émouvante et très agréable. A l'époque, la maison d'édition Supraphon nous a donné champ libre et nous avons enregistré beaucoup de l'archive de Kromeriz, la musique inédite et oubliée des archives tchèques. Et à cette époque nous avons aussi enregistré un cycle de CD de la musique baroque tchèque.

En 1999 vous avez été nommée responsable du projet français. Qu'est-ce que c'était et quel était son objectif ?

C'était un projet d'un cycle d'opéra à l'Opéra d'Etat de Prague, un cycle de trois opéras français, mis en scène par un groupe de metteurs en scène français, c'est à dire le metteur en scène, le décorateur et le chef d'orchestre. Il s'agissait de Robert le Diable de Meyerbeer, Ariane et Barbe-Bleue de Dukas et le troisième opéra était une création de Laurent Petitgirard Elephant Man. Ces trois opéras avaient été réalisés à l'Opéra d'Etat de Prague au cours des trois saisons suivantes. Mon travail, c'était la préparation et la réalisation de ces trois opéras.

Quels sont les projets en vues de l'Opéra pour les prochaines saisons ?

Nous préparons un projet de coproduction avec le Festival à Macerata en Italie, mais il s'agit d'un titre français, c'est un opéra de Francis Poulenc Les Mamelles de Thirésias sous la baguette d'un chef d'orchestre français et sera réalisé par l'Opéra de Prague au cours de la saison 2006-2007. Nous avons invité à travailler un metteur en scène français, Monsieur Arnaud Bernard, qui va préparer une nouvelle production de la Traviata dès la mi-septembre 2006.

Vous êtes Chevalier des Arts et des Lettres. Le gouvernement français vous a décerné cet ordre en quelle année et comment cela s'est - il passé ?

C'était en 2003 suivant mon travail pour un grand projet tchéco-français, La saison tchèque en France 2002. J'ai commencé à travailler au Bureau du commissaire général en 2000, sur les travaux préparatoires d'un grand projet de plus de 800 projets de différents domaines de la culture, organisés sur tout le territoire français. Au cours de l'année 2002, nous avons organisé des concerts, des expositions, des projections de films, des séminaires littéraires. De là viennent mes expériences sur l'organisation et le financement de grands projets.

Vous allez souvent en France, c'est pour ça que vous parlez si bien le français?

J'ai commencé à parler le français déjà à l'âge de neuf ans, alors je parle français depuis déjà très longtemps. J'ai travaillé avec des Français, j'avais des amis français et j'ai étudié le français à l'Université Charles à Prague.

Madame Zadna, vous êtes maman de deux enfants, alors je ne sais pas si vous avez une fille ou un garçon ou deux filles. Mais est-ce que c'est difficile de s'occuper de la famille et de faire un travail aussi difficile qui vous prend beaucoup de temps ?

« J'ai deux garçons à la maison. Je suis seul avec deux enfants, une mère qui travaille beaucoup. Mais ça vous permet de trouver un équilibre entre la vie quotidienne et votre travail. Quand vous rentrez à la maison et vos enfants ainsi que vos soucis quotidiens vous attendent, vous pouvez oublier un peu votre travail et vous pouvez vivre une vie normale. »