Soixante-trois ans depuis la tragédie de Lezaky
Une cérémonie du souvenir en présence du président de la République a eu lieu à Lezaky, village martyre rasé le 24 juin 1942, en réaction à l'attentat contre le protecteur du Reich, Heydrich.
Quinze jours après le massacre de Lidice, première victime de la vague de représailles, déclenchée pour punir l'attentat perpétré contre le protecteur, un deuxième village tchèque disparaît de la carte : Lezaky, en Bohême orientale. Le 24 juin 1942, ce village de tailleurs de pierre ne comptant que neuf maisons, est encerclé par les SS. Ses habitants sont transportés à Pardubice. Ici, dans la cour du château, 33 hommes et femmes de Lezaky sont exécutés. Onze enfants sont asphyxiés au camp d'extermination de Chelmno, en Pologne. Deux seulement échappent à la mort : les soeurs Jarmila et Marie Stulik. Retrouvées et rapatriées, après la guerre, elles sont les seuls habitants de Lezaky qui ont survécu à la tragédie. Neuf tombes de granit ornées de croix occupent l'emplacement des maisons brûlées et rasées. Pourquoi Lezaky ? Le village a accordé un abri à Jiri Potucek, membre du groupe « Silver A », l'un des trois parachutés sur le territoire du protectorat avec la mission de liquider le protecteur. Depuis janvier 1942, Potucek envoyait, chaque jour, avec son émetteur « Libuse » des dépêches en Angleterre. Le 27 mai, l'attentat contre le protecteur est perpétré. La loi martiale est décrétée dans le pays, mais l'émetteur caché d'abord dans une carrière, puis droit dans le moulin de Lezaky, continue à fournir des informations au gouvernement exilé à Londres. La situation change après qu'un membre d'un autre groupe parachuté, Karel Curda, dénonce à la Gestapo tout le réseau de résistants. La piste mène aussi à Lezaky. Le 24 juin 1942, le commissaire SS, Clages, accomplit l'ordre ordonnant d'effacer le village de la carte. « La cruauté nazie a eu, en réalité, un effet contraire, » a souligné lors de la cérémonie le président Vaclav Klaus. Pour l'éternité, elle a fait de Lezaky un symbole de la résistance.