La courte vie ultra-créative de Jaroslav Ježek
Cette nouvelle rubrique musicale est consacrée au compositeur tchèque Jaroslav Ježek, figure de l’avant-garde artistique de l’entre-deux-guerres en Tchécoslovaquie et compagnon de route du célèbre duo de comédiens Jiří Voskovec et Jan Werich.
Né le 25 septembre 1916 dans le quartier populaire de Žižkov à Prague, le jeune Jaroslav est de santé fragile, atteint d’un glaucome à l’œil droit, et partiellement à l’œil gauche, il est partiellement sourd depuis l’âge de trois ans après avoir été malade de la scarlatine. Cela ne l’empêche pourtant pas de se prendre de passion pour la musique, étudiant la composition au Conservatoire de Prague dans le milieu des années 1920 (un conservatoire qui porte aujourd’hui son nom), puis à l’école de composition notamment avec Josef Suk.
La toute jeune Tchécoslovaquie, née sur les cendres de l’empire austro-hongrois, est un bouillon créatif dans l’entre-deux-guerres, absorbant les grands courants artistiques internationaux en les faisant siens. En 1934, Jaroslav Ježek adhère au mouvement surréaliste.
Avant cela, il a rencontré les célèbres dramaturges et comédiens tchèques Jiří Voskovec et Jan Werich : Ježek devient alors le principal compositeur et chef d’orchestre de leur célèbre Théâtre libéré, une institution pragoise d’avant-garde, novatrice et politiquement engagée. A partir de 1928, et pendant une dizaine d’années, c’est lui qui a la haute main sur les musiques de scène, chansons et danses pour les pièces de théâtre comiques et satiriques du célèbre duo V+W.
Surtout connu comme un compositeur populaire de jazz, Jaroslav Ježek a toutefois eu auparavant une période plus classique, même si l’influence du jazz s’y fait déjà sentir. Sa première période est essentiellement composée de musique de chambre, influencée par Igor Stravinsky ou le Groupe des Six.
Sa collaboration avec Voskovec et Werich l’imposera comme un créateur à l’expression propre, spécifique et moderne, donnant ses lettres de noblesse au jazz populaire tchécoslovaque, dont la réputation court jusqu'à aujourd'hui.
L’invasion nazie de la Tchécoslovaquie force les trois artistes à fuir le pays pour New York. C’est là que meurt Jaroslav Ježek le 1er janvier 1942 à l’âge de 35 ans seulement.