« Les Merveilles de l’Evolution » : à la découverte des animaux au Musée national de Prague
Début septembre, le Musée national de Prague a dévoilé sa nouvelle exposition permanente intitulée « Les Merveilles de l’Evolution ». Elle propose aux visiteurs de découvrir l’évolution de la vie animale, de la Préhistoire à aujourd’hui. 1 500 modèles d’animaux, dont 400 totalement inédits, sont exposés dans six salles du bâtiment historique du musée qui domine la place Venceslas.
L’exposition « Les Merveilles de l’Evolution » rencontre déjà un franc succès, à en croire la foule de visiteurs amassés devant le Musée national dès le lendemain de son inauguration. La galerie de 2 000 mètres carrés retrace l’histoire animale depuis l’apparition des invertébrés jusqu’aux espèces que nous connaissons aujourd’hui. Le but est d’en apprendre davantage sur la manière dont les animaux se sont adaptés à leur environnement et interagissent avec les autres espèces.
L’exposition plonge les visiteurs tour à tour dans le monde des invertébrés qui représentent 97% des espèces vivantes sur Terre, puis dans le monde des oiseaux, des mammifères, des poissons, des amphibiens et enfin des reptiles. L’occasion de voir des animaux datant de plusieurs milliers d’années et d’autres spécimens insoupçonnés, à l’instar du crabe géant japonais pouvant mesurer jusqu’à trois mètres de long. Directeur du Musée d’histoire naturelle, Ivo Macek nous en dit plus :
« C’est un projet élaboré depuis cinq ans pour présenter une exposition zoologique avec différents groupes d’animaux. Nous ne voulions pas retracer l’histoire de l’évolution dans un sens purement scientifique, en partant du Big Bang et de la première plante par exemple. C’est pourquoi nous avons appelé l’exposition ‘Les Merveilles de l’Evolution’, car nous ne montrons qu’un fragment de l’évolution de la vie sur Terre. »
En 2016, Ivo Macek et ses collègues ont commencé à réfléchir à la manière dont ils pourraient exposer des animaux morts tout en donnant l’impression qu’ils sont vivants. Pour cela, le Musée national a fait appel aux meilleurs artistes et taxidermistes européens, tout en partant de dessins pour reconstituer l’environnement naturel des animaux et les faire interagir entre eux.
Cette méthode de travail est totalement nouvelle. D’ordinaire, en effet, ce sont les taxidermistes qui choisissent la manière de représenter les animaux, avant de les vendre aux musées. Exit aussi les étagères et les vitres derrière lesquelles les squelettes sont habituellement exposés, les visiteurs petits et grands peuvent ici admirer des reconstitutions d’arbres d’Amazonie ou de récifs coralliens. Ils peuvent également toucher la carapace de tortues géantes des Galápagos ou encore écouter le cri des rapaces.
Tous les sens des visiteurs sont donc sollicités et ces activités interactives contribuent à faire de cette exposition une des plus modernes en République tchèque. Un sentiment partagé par Ivo Macek :
« On m’a posé beaucoup de questions pour savoir dans quelle mesure cette exposition était particulièrement moderne. C’est principalement en raison des matériaux que nous avons utilisés. Nous n’avons pas mis les animaux dans des boîtes pour les regarder comme le font beaucoup de musées. Les animaux occupent toute la pièce, du sol au plafond. Nous avons demandé aux artistes de produire des illustrations pour imaginer comment rendre les animaux vivants. Cela a nécessité un travail important de préparation avec des taxidermistes. Les positions dans lesquelles nous avons installé les animaux sont réalistes, c’est aussi ce qui leur donne vie en quelque sorte. »
Un squelette de baleine arrivé à Prague depuis Toulouse
Certains objets présentés sont uniques en leur genre, comme par exemple le squelette d’un rorqual commun long de 17 mètres. La plupart des spécimens proviennent de zoos ou d’ateliers de taxidermistes à travers toute l’Europe.
La pandémie et la fermeture des frontières ont d’ailleurs compliqué le travail du musée, notamment pour acheminer tous les animaux. Un obstacle qui n’a pas découragé Ivo Macek, qui explique comment le squelette de la baleine est arrivé à Prague depuis Toulouse et la France :
« Les restrictions sanitaires ont causé différents problèmes. Acheminer tous les animaux en République tchèque a représenté une importante logistique. Certaines entreprises de transport nous ont aidés, mais cela nous a coûté très cher, car elles ne voulaient pas traverser toute l’Europe avec des animaux empaillés dans leurs camions. Le plus compliqué a été le transport du squelette de dix-sept mètres de long, car il vient effectivement de Toulouse. Il n’en existe que deux aujourd’hui dans le monde. Mes collègues qui ont construit ce modèle, car ce n’est pas un vrai animal, étaient inquiets à l’idée de venir en République tchèque. Mais nous devions assembler les différentes parties du squelette ici, et c’est pourquoi nous avons trouvé d’autres professionnels pour le faire. Le premier modèle n’était pas suffisamment réaliste, car c’est compliqué de représenter une baleine dans son environnement naturel au fond des océans. En 2006, des robots japonais ont réussi à prendre des vidéos de baleines, nous avons donc pu nous en inspirer. Le modèle de l’exposition est le plus grand et le plus réaliste au monde avec celui de Toulouse. »
La seconde partie de l’exposition ouvrira le mois prochain et présentera notamment des squelettes de dinosaures. Et pour ne rien vous cacher, on est déjà impatients de voir ça !